Une fusion qui suscite beaucoup de questions

Publié le 07/02/2009 à 00:00

Une fusion qui suscite beaucoup de questions

Publié le 07/02/2009 à 00:00

Le mariage Pfizer-Wyeth portera-t-il fruit ? L'histoire récente nous donne une bonne raison d'être sceptique. Après avoir examiné les grandes transactions survenues dans l'industrie, Michael Rainey, du cabinet-conseil Accenture, en est venu à la désolante conclusion que "neuf transactions sur dix n'ont créé aucune valeur ou ont créé une valeur négative".

Interrogé récemment à propos des méga-fusions, David Brennan, patron de la britannique AstraZeneca, a déclaré d'un ton moqueur que s'il existait vraiment des moyens d'améliorer radicalement l'efficacité des entreprises, les bons gestionnaires y recourraient plutôt que de multiplier les fusions.

L'administration risque de freiner l'innovation

Et qu'en est-il des économies d'échelle en matière de recherche ? En fait, il semble n'y avoir aucun lien entre la taille et le succès. Si ça se trouve, l'ajout de structures administratives au-dessus de la tête des chercheurs ne fait qu'étouffer l'esprit entrepreneurial qui fait le succès des sociétés de biotechnologies dynamiques. Cela met en lumière une autre faille potentielle de la transaction. Bien que Pfizer s'apprête à mettre la main sur de nouveaux vaccins et biotechnologies, la bureaucratie propre à une grande société finira par ralentir l'innovation.

Cette transaction est un "demi-pas" en avant utile pour Pfizer, mais rien de plus, estime Charles Farkas, du cabinet-conseil Bain. Il croit que les actifs de Wyeth lui feront gagner du temps, mais que cela ne suffira pas à redonner du souffle à la recherche ou à remplacer son médicament-vedette, le Lipitor, dont le brevet tombera bientôt en désuétude.

D'aucuns estiment qu'en combinant les produits de Wyeth aux siens, Pfizer ne réduira que de quelques points de pourcentage la part de ses recettes menacée par la concurrence des produits génériques en 2013.

La dernière raison de s'inquiéter est liée aux caprices de la crise financière. Pour mener à bien cette transaction, Pfizer a obtenu un financement provisoire de 22,5 milliards de dollars américains (G$ US) auprès de cinq banques. Si sa cote de crédit chute brutalement, les banques ont le droit de révoquer ce prêt - et Wyeth pourrait empocher une indemnité de résiliation de 4,5 G$ US. Cela est improbable, compte tenu de la bonne santé financière de Pfizer et de sa solide cote de crédit, dit John Moore, de la société d'investissement 3i.

Un risque politique

Mais on ignore encore ce qui adviendra du plan de financement de la transaction si les politiciens décident de s'en mêler. Les banques américaines participant au financement ont largement bénéficié d'un plan de renflouement alimenté par l'argent des contribuables.

Que répondra M. Kindler s'il doit un jour témoigner devant les membres du Congrès, à Washington, et qu'on lui demande d'expliquer comment il peut utiliser les milliards empruntés à ces banques pour réaliser une transaction qui, comme il l'a bien rappelé cette semaine, se soldera par le licenciement rapide de milliers de travailleurs ?

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