RONA

Publié le 01/02/2009 à 00:00

RONA

Publié le 01/02/2009 à 00:00

Le défi de RONA consiste à maintenir la croissance des revenus et des bénéfices de l'entreprise malgré une baisse de la demande de produits de rénovation. En février 2008, le détaillant a amorcé un important programme d'amélioration de la productivité et de la profitabilité. Désigné par l'acronyme PEP, pour productivité, efficacité et profitabilité, il touche plusieurs secteurs de l'entreprise. On a amélioré la chaîne d'approvisionnement et réduit les niveaux des stocks. On a aussi investi dans les systèmes informatiques et dans la formation des employés. Le conseil a supervisé chacune des étapes de ce programme.

En décembre 2007, à l'aube de l'implantation du PEP, aucun des 13 administrateurs de RONA ne se doutait que la conjoncture économique changerait de façon aussi radicale. Heureusement, leur expérience les a poussés à prendre une série de mesures qui ont préparé l'entreprise à faire face à l'avenir... et au contexte actuel. " Nous nous sommes assurés que notre planification prévoit différents scénarios, dit Jean Gaulin, président du conseil de RONA. Nous avions des scénarios positifs, des scénarios réalistes et ce que nous appelons des "scénarios-chocs". Dans chaque cas, nous avons évalué leur impact sur le bilan financier de l'entreprise. Et nous avons agi en conséquence. "

Chaque année, les membres du conseil et la direction de l'entreprise se réunissent pendant une journée et demie. Chaque cadre fait alors une courte présentation. Toutefois, l'essentiel de cette rencontre est consacré à une discussion ouverte sur la stratégie d'affaires, souligne Jean Gaulin. " Nous nous questionnons tous ensemble, pour juger si la stratégie développée l'année précédente est encore valable ", dit-il. Au terme de cette réunion interrompue par un souper qui réunit les administrateurs et la direction, les participants aboutissent habituellement à un consensus. Les résultats de ces échanges sont ensuite couchés sur papier. Ce document sert de base à l'élaboration du plan stratégique et du budget des trois années suivantes.

Le conseil d'une entreprise publique remplit un double rôle souvent paradoxal, souligne Jean Gaulin. D'un côté, les administrateurs agissent à titre de conseillers. De l'autre, ils s'occupent de régie. " Le premier rôle est amical, le second l'est moins. Cependant, toute profession a besoin d'un régisseur. Par exemple, même un médecin doit se faire poser des questions de temps à autre ", illustre Jean Gaulin. Le conseil s'assure que les bonnes pratiques sont instaurées et que la réglementation et les lois qui gouvernent l'entreprise sont appliquées. Par ailleurs, face aux activités de l'entreprise, les administrateurs ont un recul que les membres de la direction n'ont pas ; ils peuvent donc les conseiller. " Nous pouvons aider le président à développer sa stratégie, mais nous n'avons pas la connaissance que le chef de la direction a de son industrie ", précise toutefois l'administrateur.

La gestion des risques devient une préoccupation importante des conseils. Chez RONA, depuis près de trois ans, un cadre formel a été établi pour s'assurer que les risques que court l'entreprise sont bien définis. Chaque année, le président et chef de la direction, Robert Dutton, fait une présentation au conseil à ce sujet. Avant cette présentation, on demande à chaque membre de la direction de cerner les risques liés à son secteur. Les cadres précisent aussi les mesures prévues si ces risques se concrétisent. " Au conseil, nous dressons une liste des risques jugés prioritaires. Puis, nous nous questionnons sur l'impact qu'ils auraient sur l'entreprise ", dit Jean Gaulin. Prudent, ce dernier préfère ne pas donner d'exemples qui touchent RONA directement. Il indique toutefois qu'il peut s'agir, entre autres, de risques de nature financière ou logistique. Par exemple, les emprunts bancaires sont-ils solides ? À quelles conditions les prêteurs pourraient-ils décider de se retirer ? Et sur le plan logistique, quel plan sera mis en oeuvre en cas de grève dans le secteur du transport des marchandises ?

Prévoir des solutions de rechange et gérer les risques que court l'entreprise ne signifie pas qu'on ne peut faire preuve d'audace. " Notre rôle principal consiste à nous assurer que nous avons un bon président et chef de la direction. Ensuite, nous devons l'aider à prendre des risques, car les entreprises qui évitent à tout prix d'en prendre obtiennent un rendement financier similaire à celui d'un bon du Trésor ", prévient le président du conseil.

RONA est cotée en Bourse depuis seulement six ans et a connu une progression impressionnante au cours de cette période. " On trouve des magasins RONA dans tout le Canada, ce qui est rare pour une entreprise publique québécoise ", souligne Jean Gaulin. D'autant plus que le détaillant est numéro un au pays dans son secteur. La composition du conseil reflète cette expansion géographique. Certains administrateurs sont des Ontariens, et les deux derniers administrateurs choisis viennent de l'Ouest canadien. Ce recrutement s'est fait de façon très rigoureuse. Doris Joan Daughney et Robert Sartor se sont joints au conseil au terme d'un processus de sélection qui a duré deux ans. Doris Joan Daughney possède une expérience combinée des secteurs financier et du commerce de détail. Tout comme Robert Sartor, chef de la direction de Groupe Forzani, propriétaire, entre autres, de la chaîne de magasins Sports Experts et Atmosphère. " Chaque fois que nous devons choisir de nouveaux administrateurs, le conseil se demande : "De quelles compétences avons-nous besoin pour aider le chef de la direction à bien gérer l'entreprise ?" " ajoute Jean Gaulin.

Jean Gaulin possède lui-même une vaste expérience du monde des affaires, tant au Canada qu'aux États-Unis. Jusqu'en 2001, il a été président d'Ultramar Diamond Shamrock, la maison mère américaine d'Ultramar. Cette entreprise a depuis fusionné avec Valero, qui est désormais la maison mère d'Ultramar. En plus de présider le conseil de RONA, Jean Gaulin siège à celui de la Banque Nationale, de Saputo et de Bombardier Produits Récréatifs.

Au cours des mois à venir, tous les talents des administrateurs de RONA seront mis à contribution. Ils devront aider la direction à répondre à la question suivante : comment continuer de croître, même si la demande risque d'être en baisse ? Une partie de la réponse viendra des mesures mises en place progressivement depuis un an dans le cadre du PEP. Pour poursuivre sa croissance, le géant de la rénovation mise particulièrement sur ses marchands affiliés. Des 680 magasins RONA au Canada, quelque 420 appartiennent à des propriétaires affiliés. En convainquant de nouveaux marchands indépendants d'adopter la bannière RONA, l'entreprise continue d'augmenter son chiffre d'affaires. Le contexte économique actuel pourrait leur donner un coup de pouce. " Dans un marché plus difficile, il est probable que d'autres marchands feront ce choix ", observe Jean Gaulin.

L'entreprise se donne aussi une marge de manoeuvre financière pour réaliser de nouvelles acquisitions. " Lorsque la reprise se produira, nous pourrons acquérir certaines entreprises que la crise aura affaiblies ", affirme l'administrateur. Ces acquisitions se feront en priorité au Canada, mais le marché des États-Unis demeure un objectif. " Nous observons ce marché depuis un certain temps déjà, reconnaît Jean Gaulin. Toutefois, nous sommes très disciplinés et nous allons attendre le bon moment. " Voilà un défi de taille pour cette entreprise qui était encore une coopérative il y a seulement six ans. Dans le secteur du commerce de détail aux États-Unis, la concurrence est vive. Mis à part les réussites de Couche-Tard et d'Aldo, l'aventure des détaillants québécois au sud de la frontière a souvent été pénible.

Sommaire des pratiques de gouvernance

Performance

(moyenne sur cinq ans)

Rendement du capital 14,45 %

Rendement des capitaux propres 18,03 %

Séparation des rôles de PDG et de président du conseil Oui

Administrateur principal Non

Indépendance du conseil 10/13*

Indépendance des comités

Vérification 5/5*

Ressources humaines 4/4*

Gouvernance 5/5*

Évaluation du rendement

Conseil Oui

Membres Oui

PDG Oui

Nombre de catégories d'actions 1

* Nombre d'administrateurs indépendants/administrateurs totaux

Les résultats financiers

RONA est le plus important distributeur et détaillant d'articles de quincaillerie, de rénovation et de jardinage au Canada. L'entreprise emploie plus de 27 000 personnes, dans un réseau de 680 magasins répartis dans toutes les régions du pays. RONA regroupe désormais ses activités dans trois secteurs : les magasins de détail de la société, les marchands indépendants affiliés qui utilisent la bannière RONA, et le secteur commercial et professionnel.

Pour son exercice financier de 2007, l'entreprise affichait un chiffre d'affaires de 4,8 milliards de dollars, une augmentation de 7,1 % par rapport à l'année précédente. Le bénéfice net se chiffrait à 185,1 millions de dollars, une légère baisse comparativement à l'année précédente.

4,8 G$

chiffre d'affaires de l'entreprise en 2007

+ 7,1 %

augmentation du chiffre d'affaires par rapport à 2006

RONA - LES MEMBRES DU CONSEIL

Jean Gaulin

Président du conseil de RONA et administrateur de sociétés

Louise Caya

Vice-présidente et secrétaire de Thomas Caya (quincaillerie affiliée), vice-présidente et contrôleure d'Industrie Fabco

Doris Joan Daughney

Administratrice de sociétés

Pierre Ducros

Administrateur de sociétés ; ancien président et cofondateur de DMR Conseil

Robert Dutton

Président et chef de la direction de RONA

Jocelyn Tremblay

Administrateur de sociétés et ancien président de la Société des alcools du Québec (SAQ)

Jean-Guy Hébert

Président de Maximat inc. (société de portefeuille) et d'Horizon Devcow (immobilier) ; marchand RONA L'entrepôt (Granby)

J. Spencer Lanthier

Administrateur de sociétés et ancien président de KPMG Canada

Alain Michel

Président du conseil de Groupe Cari-All (fabricant de chariots à provisions) et administrateur

James Pantelidis

Administrateur de sociétés et ancien premier vice-président de Petro-Canada

Robert Sartor

Chef de la direction de Groupe Forzani (Sports Experts et Atmosphère)

Louis A. Tanguay

Administrateur de sociétés et ancien président de Bell Canada International

Jean-Roch Vachon

Administrateur de sociétés et ancien président de Smitty's Super Valu (commerce de détail, États-Unis)

fabrice.tremblay@sympatico.ca

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