Patrick Morin: la petite entreprise qui se prend pour une grande

Publié le 28/11/2022 à 07:30

Patrick Morin: la petite entreprise qui se prend pour une grande

Publié le 28/11/2022 à 07:30

Par Emmanuel Martinez

Louis Turcotte, président, et Daniel Lampron, vice-président et chef de l'exploitation de l’entreprise Patrick Morin. (Photo: Courtoisie)

L’entreprise Patrick Morin souhaite doubler son nombre de centres de rénovations d’ici 10 ans, notamment en séduisant les affiliés de RONA.

D’adversaires dans leur ligue de garage de hockey à coéquipier à la direction du quincailler, Louis Turcotte et Daniel Lampron veulent ajouter une dizaine de magasins d’ici cinq ans et une vingtaine d’ici 2032 au Québec. C’est un projet d’envergure pour cette chaîne intégrée qui compte 1700 employés et 21 établissements, ainsi qu’un centre de distribution dans Lanaudière qui est en cours d’agrandissement afin de multiplier par deux sa superficie.

«On se prend pour une grande entreprise, mais on est une petite agile avec une ambition de croissance, explique le président Louis Turcotte en entrevue avec “Les Affaires” en compagnie de son vice-président et chef de l’exploitation. Je suis plus axé dans le développement, tandis que Daniel se focalise sur le fonctionnement de l’entreprise.»

Louis Turcotte a acquis ce détaillant des mains de la famille Morin l’an dernier, avec l’aide de Home Hardware qui est devenue un actionnaire minoritaire. «Normalement, une intégration prend trois ans, dit-il. On l’a fait en un an et demi. C’est un exploit.»

Celui qui exploitait déjà six quincailleries Home Hardware, qui restent contrôlées séparément par le Groupe Turcotte, précise que son objectif «était de ne rien changer» chez Patrick Morin, qu’il estimait bien gérée. Toutefois, des ajustements ont été effectués comme la mise en place d’étiquettes électroniques, ainsi que des améliorations en matière d’approvisionnement et de cybersécurité.

 

Les yeux sur RONA

Afin de grandir, Patrick Morin compte bien sûr bâtir de nouveaux magasins, comme ceux à Brossard (printemps prochain) et Blainville (fin 2023 ou 2024). Mais surtout, elle espère acheter des indépendants ou des affiliés de RONA. Ces derniers pourraient ne pas désirer poursuivre l’aventure avec cette bannière que Lowe’s a vendue pour 400 millions de dollars US à la firme d’investissement new-yorkaise Sycamore Partners au début novembre.

«On entend que certains marchands voudraient vendre, que d’autres ne voudraient pas suivre, remarque Louis Turcotte. Ce changement-là va amener un remaniement dans le marché.»

Il ajoute que des phénomènes structurels favorisent aussi des acquisitions.

«Il y a beaucoup de marchands qui n’ont pas de relève, dit-il. Ils ont 55-60 ans et la retraite approche. Parfois, un membre de leur famille aimerait poursuivre l’aventure, mais c’est ardu de racheter un commerce et un terrain qui ont pris beaucoup de valeur avec les années et qui valent des millions de dollars.»

Il estime qu’il est bien placé pour convaincre ces gens d’affaires puisqu’il évolue dans le domaine de la quincaillerie depuis une trentaine d’années et qu’il connaît bien les affiliés, lui qui a déjà possédé des magasins sous la bannière de RONA.

«C’est difficile d’acheter un marchand, souligne le président. Ce sont des propriétaires qui ont leur entreprise depuis longtemps et qui ont une notoriété dans leur milieu. Ils ne souhaitent pas tous vendre à une multinationale. Mais en mettant de l’avant qu’on est Québécois, qu’on veut acheter ici et qu’on se fie sur des fournisseurs d’ici, on pense qu’une offre intelligente et bien attachée serait acceptée.»

Avec la pénurie de main-d’œuvre, acheter un magasin existant qui a déjà du personnel constitue aussi un autre avantage.

 

La force de l’intégration

Patrick Morin vise des commerces d’environ 40 000 pieds carrés avec une bonne cour à bois. On est loin des très grandes surfaces de 120 000 pieds carrés. Elle se concentre sur des lieux qui ne sont pas trop loin de son centre de distribution de Lanaudière, donc de Québec à Gatineau, avec un accent pour la région montréalaise.

Située dans l’ancien complexe des 4 Glaces, la succursale de Brossard, qui ouvrira au printemps, servira de modèle pour les prochains établissements. Ce nouveau concept s’appuie sur un format de style boutique, où certains produits sont exposés.

«La pandémie a créé des changements. Les clients veulent observer les produits dans un ensemble, explique Louis Turcotte. C’est bien beau le magasinage en ligne, mais tu veux voir les choses pour vrai comme le bain, le lavabo, les luminaires, la tuile, etc., pour te donner une meilleure idée de l’agencement.»

Avec plus d’assortiments et une mise en marché renouvelée, le quincailler croit que les résultats seront au rendez-vous.

Les deux dirigeants soulignent que la structure intégrée de Patrick Morin, qui ne compte pas de franchisés et d’affiliés, favorise sa croissance. Le centre de distribution agrandie est considéré comme «un excellent outil de travail». Avec les problèmes d’approvisionnement qui ont été vécus depuis le début de la pandémie, il faut stocker davantage pour éviter les ruptures. L’entreprise, dont environ 85% des produits vendus viennent d’Amérique du Nord, estime donc qu’elle aura la flexibilité requise afin de bien servir ses succursales et de concurrencer de gros joueurs comme Home Depot et RONA.

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