Les plans de relance, une manne

Publié le 04/04/2009 à 00:00

Les plans de relance, une manne

Publié le 04/04/2009 à 00:00

Par François Normand

Les plans de relance mis en oeuvre un peu partout dans le monde n'enrayeront peut-être pas la récession de sitôt, mais ils ont déjà de quoi réjouir les entreprises : ils prévoient en effet l'injection de sommes faramineuses dans l'économie mondiale, ce qui créent des occasions d'affaires.

Actuellement, l'ensemble des plans de relance annoncés totalise près de 2 000 milliards de dollars américains, soit grosso modo 3 % du produit intérieur brut mondial. Ils comprennent bien entendu des programmes d'infrastructures, mais aussi diverses mesures pour aider les particuliers et les sociétés.

Pour les entreprises d'ici, les investissements massifs dans les infrastructures publiques sont très alléchants, malgré les mesures protectionnistes en place dans certains pays, comme les États-Unis. Par exemple, la Chine injectera des milliards de dollars pour développer et étendre son réseau ferroviaire. Avis aux firmes d'ingénierie, fabricants de trains et autres producteurs d'acier. Des entreprises chinoises mettront sans doute la main sur une partie de ces contrats, mais il y a certainement de la place pour les Bombardier Transport et SNC- Lavalin de ce monde. Le Japon, l'Espagne et l'Allemagne investissent aussi massivement dans leurs infrastructures.

Énergies vertes

Le secteur des énergies renouvelables profitera aussi de la manne gouvernementale. L'administration Obama entend favoriser son développement afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre des États-Unis et leur dépendance aux énergies fossiles.

D'autres pays suivent la même voie, comme la France, l'Allemagne et la Chine. Mais, toutes proportions gardées, c'est la Corée du Sud qui investira le plus dans les énergies vertes, selon une analyse de la banque britannique HSCB, dont fait état le Financial Times.

Les entreprises déjà implantées dans ces pays ont une longueur d'avance sur celles qui veulent simplement y expédier directement leurs biens ou leurs services. Cela dit, les gouvernements étrangers seront toujours ouverts à des produits de qualité à des prix concurrentiels.

Espagne

90 milliards d'euros (8,1 % du PIB)

création d'un fonds pour les entités locales, dont les municipalités, et d'un fonds pour l'emploi

soutien aux familles, hausse de l'aide sociale, report des paiements hypothécaires pour certains

réduction d'impôt et meilleur accès au crédit pour les PME

Chine

586 milliards de dollars américains (6,9 % du PIB)

infrastructures rurales, accélération du développement du réseau ferroviaire, renforcement du réseau de transport d'énergie.

augmentation de l'offre de logements à loyers modérés, création de caisses de retraite

réduction de taxes pour neuf industries (dont acier, télécommunications et automobile), aides pour développer les entreprises de haute technologie, hausse des subventions agricoles

États-Unis

787 milliards de dollars américains (5,5 % du PIB)

infrastructures, production d'énergie renouvelable, recherche scientifique, Internet haute vitesse dans les régions rurales, administrations scolaires

baisses d'impôts sur les faibles et moyens revenus, couverture médicale pour les chômeurs, hausse des prestations de chômage et de formation continue, renforcement temporaire du programme de coupons de nourriture

aide au secteur automobile (hormis le volet annoncé le 30 mars)

Mexique

54 milliards de dollars américains (4,7 % du PIB)

renouvellement des infrastructures

gel du prix de l'essence et réduction du prix du gaz naturel liquéfié, programmes de remplacement des vieux appareils électriques, construction et rénovation d'habitations pour les citoyens les plus pauvres, programmes pour les employés saisonniers

soutien aux entreprises contraintes à une fermeture temporaire, gel du prix de l'essence et réduction du prix du gaz naturel liquéfié

Argentine

13,2 milliards de dollars américains (3,9 % du PIB)

infrastructures

incitatifs à l'achat de biens durables comme une auto ou un réfrigérateur

bas tarifs douaniers pour les fermiers, les constructeurs automobiles et d'autres exportateurs

Japon

110 milliards de dollars américains (2,3 % du PIB)

soutien des gouvernements locaux pour investir dans les infrastructures, accélération de l'introduction des technologies d'économie d'énergie

soutien aux chômeurs, programmes d'assistance immobilière

hausse de subventions aux PME, subventions aux entreprises qui embauchent, soutien aux banques japonaises pour les aider à prêter davantage aux PME

Allemagne

82 milliards d'euros (1,6 % du PIB)

infrastructures (écoles et routes)

réduction de l'impôt sur le revenu, diminution de la contribution des employés à l'assurance santé, subvention à l'achat d'une voiture peu polluante

réduction de la contribution des entreprises à l'assurance santé

France

26 milliards d'euros (1,3 % du PIB)

infrastructure

amélioration du pouvoir d'achat (prime de 200 euros pour 4 millions de ménages)

investissement dans le logement social, exemption de la taxe sociale pour les PME de moins de 10 employés qui embaucheront en 2009

Russie

20 milliards de dollars américains (1,1 % du PIB)

n.d.

réduction d'impôts

réduction d'impôts

Royaume-Uni

25,6 milliards de livres sterling (0,9 % du PIB)

infrastructures

réduction de la taxe sur la valeur ajoutée

subventions aux entreprises qui embauchent des travailleurs au chômage depuis plus de 6 mois

Sources : International Institute for Labour Studies, d'après Bloomberg, CNBC et médias nationaux

francois.normand@transcontinental.ca

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