Facebook, Instagram, Youtube... ils gagnent leur vie sur les médias sociaux

Publié le 15/05/2016 à 09:00

Facebook, Instagram, Youtube... ils gagnent leur vie sur les médias sociaux

Publié le 15/05/2016 à 09:00

Des entreprises paient Julia Mateian en échange de visibilité sur ses réseaux.

Grâce à ses 65000 abonnés sur Instagram, Julia Mateian vit à temps plein de ses passions pour la mode et les médias sociaux. Influenceuse, instagrameuse et blogueuse : elle est payée pour médiatiser son quotidien.

Elle est la fille souriante et enjouée qu’on rêve d’approcher. Une amie toujours en vadrouille qui prend quand même le temps d’envoyer les photos de ses dernières trouvailles et de ses bonnes adresses. Une quasi-trentenaire épanouie dont chaque détail du quotidien semblent respirer le bonheur et la quiétude : un café à la surface de lait parfaitement dessinée, une manucure rose poudré, une enfilade de coussins bien alignés, une paire de souliers vernis.

Sa popularité vaut de l’or pour les marques qui payent plusieurs centaines de dollars pour apparaître sur l’une de ses photos Instagram ou dans un article de son blog, The 26th Look. « Jamais on ne m’impose un produit à mettre de l’avant, précise Julia, c’est toujours moi qui choisi ce que je veux montrer à mes followers. Les boutiques ou les hôtels m’invitent juste à les visiter et y faire valoir ce que j’aime. »

Vous avez dit « job de rêve » ?

Julia n’aurait jamais imaginé vivre de son blog quand elle l’a créé, il y a trois ans, à des fins d’observations pour sa maitrise en marketing à HEC Montréal. The 26th Look devait simplement lui permettre de comprendre l’influence des blogueuses, pratique alors émergente, sur les ventes des marques de luxe. En s’immisçant dans cet univers, elle a pris goût à la rédaction d’articles et aux séances photos lui permettant de partager sa passion pour la mode. Rapidement, des milliers d’internautes ont afflué sur ses réseaux. Cinq mois plus tard, l’enseigne Dynamite lui a proposé son premier contrat commandité : porter des créations de la marque contre visibilité. Un an après, elle a ouvert une boutique en ligne où elle vend les pièces qu’elle porte sur ses photos. Aujourd’hui, elle et son compagnon photographe parcourent le monde, choyés par des marques ou compagnies hôtelières, à la recherche des plus beaux clichés à livrer à sa communauté. Hier encore sur la plage d’un hôtel tendance au Mexique, ils décolleront demain matin pour une présentation Canada Goose à Toronto.

Cette vie en apparence oisive fait rêver des milliers de jeunes internautes persuadés qu’il suffit d’alimenter un blog ou une chaine Youtube pour s’enrichir. En réalité, Julia Mateian travaille fort pour honorer les contrats qui la font vivre. « Ma semaine au Mexique ? J’ai dû relaxer deux heures, pas plus ! La vérité c’est qu’on travaille des heures pour publier une photo qui ait l’air spontanée. Il faut préparer les looks, trouver le décor parfait, prendre la bonne photo, la peaufiner, s’assurer qu’elle soit assortie au reste de mes publications sur Instagram et que les marques l’approuvent. » Elle évoque avec ironie les séances photos d’hiver où elle feint un air décontracté mais court se réchauffer à l’intérieur entre chaque prise, les soupers commandés en plein après-midi pour pouvoir les photographier à la lumière du soleil et l’impossibilité de déconnecter au risque de voir sa communauté décroitre.

« Le plus important pour devenir influenceur, c’est d’avoir une communauté forte, explique Aurélie Sauthier, fondatrice de l’agence de marketing d’influence Made In. C’est ça qui intéresse les marques et qui détermine leurs tarifs. Les bons influenceurs sont généreux avec leurs abonnés car ils savent que c’est grâce à eux qu’ils réussissent, ils répondent à leurs messages et organisent des évènements pour les rencontrer, par exemple. »

Depuis 2012, l’agence Made In propose aux marques de les mettre en relation avec des influenceurs pour promouvoir leurs produits. Elle a réalisé plus de 500 campagnes pour des clients comme L’Oréal, Koodo, Danone, Air Transat, Aldo, Lancôme ou Coca Cola. Son chiffre d’affaires dépasse le million de dollars et elle embauche désormais 8 salariés dans ses locaux situés dans le Mile End. « Il y a quatre ans, les marques pensaient qu’un blogueur travaillait forcément gratuitement, ou en échange d’un produit offert. Aujourd’hui cette pratique commence à se démocratiser, les influenceurs sont de plus en plus sollicités et leur rémunération augmente, il n’est plus surprenant que certains en vivent à temps plein », ajoute-t-elle.

Le prix des contenus commandités dépend de la popularité de l’influenceur et de la plateforme sur laquelle il travaille. Une vidéo Youtube se négocie entre 500 et 25000 dollars, une photo Instagram entre 100 et 1500 dollars. Il dépend aussi du placement convenu du produit, si l’article en parle exclusivement ou si il apparaît parmi d’autres dans un sujet thématique, « mes favoris du moment » ou « ma sélection spéciale voyage dans le sud », par exemple.

Ni mannequins ni rock stars, les nouveaux influenceurs séduisent par leur « normalité ». Aurélie Sauthier note que les plus populaires sont tous restés très authentiques. Leurs fans veulent pouvoir s’identifier à eux et les suivre jusque dans les activités les plus banales de leur quotidien sur Snapchat ou Périscope. Ironiquement, de plus en plus de mannequins célèbres s’inscrivent sur les réseaux sociaux pour médiatiser, eux-aussi, leur « normalité » et les coulisses de leur vie pailletée.

« Puisque le seul critère d’embauche est d’être soi-même, tout le monde peut essayer de devenir influenceur ! » observe la directrice de Made In. Star de Youtube à seulement 16 ans, Nicholas Turgeon en a fait l’expérience. Il publie des vidéos d’humour depuis environ deux ans, mais ce passe-temps récréatif a pris une tournure inattendue au mois de mars, après que l’une de ses publications hebdomadaires ne devienne virale. Plus d’un million de personnes l’ont visionné et 75 000 internautes se sont abonnés à sa chaine It’s Just Nick. « Je rêve de devenir acteur et mes vidéos Youtube me donnent désormais plus de visibilité que n’importe quel casting, constate le jeune cégépien. Mais en attendant, l’école passe avant tout ! Je pense que j’irai à l’université, pour obtenir un vrai diplôme, au cas où. »

Fanny Yockell, de la chaine Fanshion Beauty, reste elle aussi très lucide quand à la fragilité du cyber-succès. « Youtube représente actuellement plus de la moitié de mon salaire, confie-t-elle, mais comme il n’y a aucune stabilité dans ces revenus, je n’ose pas quitter mon emploi. » Prudente, cette youtubeuse mode et beauté aux 63000 abonnés a choisi de conserver son mode de vie d’auparavant. À Rimouski, elle rencontre régulièrement ses fans à l’épicerie ou au coin d’une rue.

Impossible pour Julia, Nicolas et Fanny d’imaginer ce que sera leur vie dans 10 ans. « C’est un univers tellement plein d’opportunités, sans compter celles qui n’existent pas encore, dit Julia Mateian. Dans quelques années je me vois bien avec un enfant. Et puisque mon métier est d’être authentique, je bloguerai aussi sur la maternité ! »

 

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