Vague de dénonciations: des organisations promptes à couper les ponts

Publié le 13/07/2020 à 09:29

Vague de dénonciations: des organisations promptes à couper les ponts

Publié le 13/07/2020 à 09:29

Par La Presse Canadienne

(Photo: 123RF)

S’il n’est pas rare que des organisations prennent leurs distances avec un collaborateur empêtré dans un scandale, la présente vague de dénonciations semble se démarquer par la vitesse à laquelle des têtes ont roulé.

Les allégations de violences sexuelles et d’autres comportements déplacés qui continuent de déferler sur le web visent entre autres des personnalités publiques qui ont rapidement été larguées par leurs partenaires.

L’animatrice Maripier Morin a notamment perdu ses collaborations avec la lunetterie BonLook et la ligne de lingerie Blush, en plus de voir Bell Média retirer les séries la mettant en vedette sur les plateformes Vrak, Z et Crave.

Le chanteur Yann Perreau a été abandonné par la maison de disques Bonsound et l’agence Hôtel Particulier, tandis que Maybe Watson s’est vu montrer la porte par Alaclair Ensemble, le groupe de rap québécois dont il était l’un des membres fondateurs. Le label Dare To Care a coupé les ponts avec le chanteur Bernard Adamus, avant d’être à son tour expulsé par l’ADISQ en raison de faits reprochés à son président Éli Bissonnette.

Le géant des jeux vidéo Ubisoft a pour sa part annoncé le départ de trois cadres supérieurs, dont le dirigeant de ses studios canadiens, Yannis Mallat.

« D’habitude, on a des phases de déni qui sont beaucoup plus longues », note Camille Alloing, professeur au département de communication sociale et publique de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM).

Cette fois, les appels à laisser la justice faire son travail ou encore à dissocier l’œuvre de la personne auraient occupé moins d’espace — et les vedettes sur la sellette n’ont pas opposé de grande résistance. Certaines se sont même empressées de reconnaître leurs torts.

« Avec le rythme auquel va aujourd’hui la circulation de l’information, je pense que les organisations préfèrent réagir beaucoup plus vite », avance M. Alloing.

À l’ère des réseaux sociaux, les dénonciations ne sont plus à la merci des médias traditionnels pour être diffusées à large échelle et des photos ou des captures d’écran de conversations viennent parfois les appuyer, relève-t-il.

Les témoignages ont ainsi plus de poids, sans que cette pression soit nécessairement exercée de manière délibérée, souligne le chercheur en relations publiques.

Images en jeu

Selon Camille Alloing, les organisations qui coupent les liens avec des collaborateurs ne sont pas toujours motivées par la crainte de ternir leur image ou de se retrouver elles−mêmes impliquées dans des sagas juridiques : leurs équipes sont parfois sincèrement choquées par les faits reprochés, allant à l’encontre de leurs valeurs profondes.

D’autres réactions sont bien sûr plus calculées. Un cas d’école : les entreprises qui suspendent leurs partenariats plutôt que d’y mettre un terme définitif.

« Ça montre qu’il y a actuellement des salariés ou des agences qui sont en train de mesurer clairement les effets sur le public en termes de mémorisation, d’image, de réputation, etc., de ce qui est en train de se passer afin de prendre une décision qui n’est pas impulsive, qui est purement stratégique, réfléchie », expose M. Alloing.

Et certaines organisations ont plus de latitude que d’autres.

« Les liens entre les activités économiques et la réputation d’une organisation sont très, très variables, souligne M. Alloing. Soit elle est connue pour ses valeurs, pour l’image qu’elle renvoie, et là il vaut mieux agir vite parce que cette réputation est un peu le levier à la fois économique et stratégique de l’organisation ; soit elle est surtout connue pour ses produits et ses services et ce qui va toucher sa réputation est peut−être un peu plus accessoire et elle a plus de temps de réflexion. »

Tout dépend aussi de la position de la personne faisant l’objet de dénonciations. Il est bien plus simple de rompre avec un partenaire publicitaire qu’avec un membre haut placé de l’organisation, note le professeur.

Mais la tolérance envers les personnes en position de pouvoir s’amenuise.

« Aujourd’hui, des paroles, des gestes — sans qu’il y ait eu forcément d’actions à caractère pénal, disons — sont considérés de plus en plus comme étant une faute, comme étant l’acte de trop. »

 

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