Lac-Mégantic : fini, les convois pétroliers à un seul conducteur

Publié le 23/07/2013 à 14:48, mis à jour le 11/10/2013 à 14:36

Lac-Mégantic : fini, les convois pétroliers à un seul conducteur

Publié le 23/07/2013 à 14:48, mis à jour le 11/10/2013 à 14:36

Lac-Mégantic

Les pompiers observent l'incendie ayant suivi l'explosion du train de la MMA à Lac-Mégantic. Photo: Transports Canada.

Transports Canada émet une injonction ministérielle pour renforcer la sécurité ferroviaire après la catastrophe de Lac-Mégantic, le 6 juillet dernier. Il interdira notamment aux compagnies de chemin de fer de tirer des wagons de matières dangereuses sans avoir au moins deux «personnes compétentes» à bord et de les laisser sans surveillance sur la voie principale.

En conférence téléphonique avec les journalistes pour expliquer les nouvelles mesures, le sous-ministre adjoint à la sûreté et la sécurité ferroviaire à Transports Canada a tenté de minimiser le rôle du gouvernement fédéral dans la tragédie, qui a fait 47 morts. «Je ne spéculerai pas sur les causes de la catastrophe, a répondu Gerard McDonald à un journaliste. L’industrie n’est pas dérèglementée, et le taux d’accident ferroviaire est à un creux.»

Transports Canada a néanmoins ignoré les demandes du pdg du Canadien National. Claude Mongeau voudrait qu’Ottawa n’impose aucune nouvelle mesure de sécurité avant la fin de l’enquête sur la catastrophe.

Sans reconnaître de faiblesses dans sa réglementation et ses inspections, le ministère annonce six nouvelles mesures concernant la façon dont les trains de matières dangereuses sont conduits, pour donner suite à des recommandations du Bureau de la sécurité des transports. Dorénavant, les compagnies ferroviaires devront:

• s'assurer qu'aucune locomotive attelée à au moins un wagon citerne chargé de marchandises dangereuses n'est conduite sur la voie principale ou les voies d'évitement avec moins de deux personnes compétentes à bord;

• s'assurer qu'aucune locomotive attelée à au moins un wagon citerne chargé de marchandises dangereuses n'est laissée sans surveillance sur une voie principale;

• s'assurer que, dans les cinq jours suivant l'entrée en vigueur de cette injonction, toutes les locomotives de commande non surveillées se trouvant sur une voie principale et les voies d'évitement sont protégées des entrées non autorisées dans la cabine;

• s'assurer que les commandes directionnelles, communément appelées «inverseurs», sont retirées de toutes les locomotives non surveillées se trouvant sur une voie principale ou les voies d'évitement, les empêchant ainsi de se déplacer vers l'avant ou vers l'arrière;

• s'assurer que les instructions spéciales sur les freins à main élaborées par leur compagnie sont appliquées à toutes les locomotives attelées à au moins un wagon laissé sans surveillance pendant plus d'une heure sur une voie principale ou les voies d'évitement.

«Même si les causes de l’accident de Lac-Mégantic sont à l’heure actuelle inconnue, Transports Canada se doit de donner suite aux avis que le Bureau de sécurité dans les transports lui a fait parvenir», dit le sous-ministre adjoint Gerard Mcdonald.

Le gouvernement n’a cependant annoncé aucune mesure concernant les fameux wagons de type 111 utilisés pour le transport du pétrole, ni sur le passage de wagons de pétrole au cœur des villes.

Les journalistes ne pouvaient pas poser de sous-questions et le personnel du ministère a limité la durée de la conférence téléphonique, qui a pris fin abruptement, sans possibilité de questionner le sous-ministre au sujet de l’enquête en cours sur la tragédie de Lac-Mégantic.

Au moment de publier l’article, Transports Canada n’avait pas pu dire à LesAffaires.com si le ministère envisage de nouvelles mesures concernant le transport de matière dangereuses dans les wagons de type 111, jugés non sécuritaires par le Bureau de la sécurité des transports et les autorités américaines.

Après une requête antérieure, Transports Canada a cependant confié à LesAffaires.com qu’«aucune autorisation n’est nécessaire» pour faire rouler des trains de marchandises avec un seul conducteur, comme le fait la Montreal, Maine & Atlantic.

«Les compagnies de chemin de fer doivent effectuer un examen de leur système de gestion de la sécurité, vérifier qu’elles utilisent la technologie adéquate, communiquer avec les municipalités pour s’assurer que les passages à niveau obstrués peuvent être dégagés, être en mesure d’intervenir en cas d’urgence, etc., a expliqué la porte-parole Maryse Durette dans un courriel. Si ces paramètres ne sont pas respectés, la compagnie de chemin de fer ne peut exploiter ses trains ainsi.»

De toute évidence, ces systèmes de contrôle ont échoué le 6 juillet dernier, quand un train de pétrole sans conducteur de la MMA s’est mis en branle sur la voie principale, dévalé la pente entre Nantes et Lac-Mégantic, avant de dérailler et d’exploser en plein centre de la petite ville. La catastrophe a fait 47 morts, dévasté le centre de la communauté et causé une catastrophe environnementale sans précédent au Québec.

L'accident est survenu malgré une inspection du tronçon concerné par Transports Canada le 15 mai 2013.

Le ministère indique également que la compagnie de chemin de fer Quebec North Shore and Labrador Railway (QNS&L), une filiale de Rio Tinto, exploite elle aussi des trains à un seul conducteur, entre Labrador City et Sept-Îles. «D’autres compagnies de chemin de fer examinent cette possibilité.»

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