Valeurs mobilières Desjardins: pas si occultes, les comptes aux Bahamas

Offert par Les Affaires


Édition du 15 Mars 2014

Valeurs mobilières Desjardins: pas si occultes, les comptes aux Bahamas

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Édition du 15 Mars 2014

«Quand on a été remerciés, on ne cachait pas qu'on avait ces activités-là» - Marc Dalpé

En 2011, Valeurs mobilières Desjardins (VMD) a congédié Marc Dalpé, Jean-Marc Milette et sept de leurs collègues pour des transactions non autorisées aux Bahamas. Aujourd'hui, ils poursuivent leur ancien employeur pour congédiement abusif. En janvier, les deux conseillers en placement déposaient des documents explosifs à la Cour supérieure. Les Affaires y a eu accès. Ils dépeignent des patrons qui connaissaient et toléraient la situation, des états de comptes qui circulaient dans le serveur de courriels interne et une banquière de Nassau qui venait parfois soigner sa clientèle fortunée directement à Montréal.

Lisez notre dossier sur Desjardins et les comptes aux Bahamas:

Seize ans de transactions aux Bahamas

Les conseillers et leurs clients rattrapés par le fisc

Dossier de Finance et Investissement sur les conseillers congédiés chez VMD

«Quand on a été remerciés, on ne cachait pas qu'on avait ces activités-là, assure Marc Dalpé, en téléconférence avec son partenaire Jean-Marc Milette et Les Affaires, chez son employeur actuel, Richardson GMP. Ce n'est pas vrai que Desjardins n'a jamais su ces affaires-là, qu'il n'y avait pas moyen de savoir...»

Ces informations n'ont pas été prouvées en cour. Mais les nouvelles pièces au dossier de Marc Dalpé et Jean-Marc Milette sont riches en détails compromettants, tant pour eux-mêmes que leur ancien employeur. Le dossier contient notamment une centaine de pages de courriels échangés entre les conseillers et leurs clients détenant des comptes non déclarés au Crédit agricole suisse (Bahamas). Une ordonnance de non-publication protège leur identité.

Desjardins a tenté de faire rejeter la poursuite de Marc Dalpé et Jean-Marc Milette. Le juge a refusé, et le mouvement coopératif a fait appel de la décision, le 4 février. Une semaine plus tard, la Cour d'appel rejetait la demande de VMD, et le procès allait de l'avant en Cour supérieure. Les deux conseillers demandent 6,2 M$ en salaires non versés et en dommages-intérêts punitifs.

Une banquière contact à Nassau

Parmi les courriels déposés en cour, un échange d'octobre 2009 laisse deviner une certaine méfiance chez Marc Dalpé et son client, un manufacturier de Saint-Bruno. En faisant référence à la banquière Felicia Mott, du Crédit agricole suisse (Bahamas), l'entrepreneur écrit qu'il «n'ose pas lui écrire directement». Il demande à son conseiller de lui «faire un forward» de son message et de lui demander de l'appeler «avant qu'elle soit à Montréal la prochaine fois». «Dis-lui aussi que j'aimerais qu'elle m'apporte une carte de crédit SVP», conclut-il.

Marc Dalpé répond que c'est une «bonne idée de ne pas utiliser le email» et lui communique le numéro direct de Felicia Mott à Nassau «pour références futures». Joint par Les Affaires, l'entrepreneur a refusé de nous parler et a raccroché.

Quant à la banquière Felicia Mott, elle travaille aujourd'hui pour la Société générale Private Banking, une filiale de l'institution financière française du même nom. Elle est mentionnée à trois reprises dans les courriels joints au dossier de Marc Dalpé et Jean-Marc Milette.

«J'ai envoyé une instruction à Felicia afin de ramasser un chèque de 17 500 $ US», mentionne par exemple un client à Marc Dalpé en novembre 2008.

Jointe par Les Affaires, la banquière assure cependant que ces clients «n'avaient rien à voir» avec elle. Elle affirme également qu'«il n'y pas de preuves» que les conseillers et leurs clients utilisaient des comptes du Crédit agricole suisse (Bahamas).

Là-dessus pourtant, Marc Dalpé, Jean-Marc Milette et VMD s'accordent : les clients détenaient bien des comptes dans cette institution financière. «Felicia Mott venait chez VMD ! Tout le monde la connaissait !» s'exclame Jean-Marc Milette.

Parmi les conseillers congédiés, quatre ont cependant reconnu leur faute: avoir participé à des transactions non déclarées, et détenu un compte non déclaré, aux Bahamas. Il s'agit de Marc Dalpé, Jean-Marc Milette, Guylaine Raby et Daniel Dubois.

Joint à Nassau, le Crédit agricole suisse (Bahamas) n'a pas voulu commenter, mais n'a pas nié avoir mis des comptes à la disposition des clients de VMD.

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