Les sables bitumineux se tournent vers la NASA pour réduire leurs émissions

Publié le 12/01/2023 à 17:54

Les sables bitumineux se tournent vers la NASA pour réduire leurs émissions

Publié le 12/01/2023 à 17:54

Par La Presse Canadienne

Tout comme l’imagerie optique peut être utilisée pour rechercher de faibles traces de vie passée potentielle à base de carbone sur Mars, elle peut également détecter des quantités précises de solvants à base de carbone dans le flux de production de pétrole, a expliqué Ariel Torre, cofondateur et chef de la direction d’Impossible Sensing Energy. (Photo: La Presse Canadienne)

Calgary — La technologie utilisée pour rechercher des signes de vie ancienne sur Mars pourrait jouer un rôle clé dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre des sables bitumineux canadiens.

C’est du moins ce que semblent croire les membres de l’Alliance nouvelles voies, un consortium industriel des six plus grandes sociétés de sables bitumineux du pays. Le groupe a annoncé jeudi qu’Impossible Sensing Energy, une société établie à Calgary affiliée à la société américaine d’exploration spatiale Impossible Sensing, avait remporté un concours mondial parrainé par l’industrie visant à participer à l’accélération de l’utilisation, à grande échelle, de technologies permettant de réduire la vapeur dans les activités des sables bitumineux.

La société a gagné le concours grâce à sa proposition consistant à utiliser une technologie d’imagerie optique adaptée de son système Sherloc, actuellement installé sur l’astromobile Perseverance, pour une application dans les sables bitumineux.

Tout comme l’imagerie optique peut être utilisée pour rechercher de faibles traces de vie passée potentielle à base de carbone sur Mars, elle peut également détecter des quantités précises de solvants à base de carbone dans le flux de production de pétrole, a expliqué Ariel Torre, cofondateur et chef de la direction d’Impossible Sensing Energy.

Il a ajouté que l’exploration spatiale n’était pas sans rappeler les sables bitumineux, dans la mesure où les deux opèrent dans des environnements extrêmement isolés et dans des conditions climatiques difficiles. Toute technologie utilisée doit être extrêmement sensible, mais aussi capable de fonctionner essentiellement par elle-même, sans opérateur.

«Plusieurs des contraintes de la NASA sont extrêmement similaires aux contraintes du pétrole et du gaz naturel», a observé M. Torre.

Les entreprises de sables bitumineux utilisent actuellement d’énormes quantités de gaz naturel pour produire de la vapeur pour l’extraction in situ (profondément sous la surface) des sables bitumineux. La vapeur rend le bitume visqueux suffisamment fluide pour lui permettre de s’écouler vers la surface.

Wes Jickling, vice-président du développement technologique pour la COSIA, la branche de l’innovation de l’Alliance nouvelles voies, a noté que l’industrie savait depuis longtemps que les solvants, tels que le propane et le butane, pouvaient jouer un rôle similaire à celui de la vapeur dans la production de bitume. Si les solvants pouvaient être utilisés pour remplacer la vapeur dans la production des sables bitumineux, la quantité de gaz naturel consommée par l’industrie diminuerait considérablement.

«Nous envisageons une réduction de 20% des émissions de gaz à effet de serre, et jusqu’à 90% de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans certains cas, en utilisant ces solvants. Le potentiel est donc énorme», a souligné M. Jickling.

Un autre avantage potentiel se trouve dans la possibilité de récupérer les solvants injectés avec ou à la place de la vapeur dans les réservoirs de sables bitumineux, et de les réutiliser.

Une idée coûteuse

Cependant, un rapport publié l’an dernier par l’Institut Pembina, un groupe de réflexion sur l’énergie verte, a estimé que l’utilisation de solvants dans les sables bitumineux était «prometteuse sur papier», mais qu’elle était aussi associée à des limites techniques et à certains coûts.

«Le principe économique sur l’utilisation de solvants avec de la vapeur peut être difficile [à justifier] dans les cycles de faiblesse des prix du brut, alors que les coûts de déploiement et de récupération des solvants sont supérieurs aux revenus de la production supplémentaire», a souligné le rapport.

C’est pourquoi l’Alliance nouvelles voies a parrainé le concours mondial, a expliqué M. Jickling — pour essayer de trouver une technologie capable de mesurer avec précision, en temps réel, la quantité de solvants récupérés dans la production de sables bitumineux. Mesurer et identifier efficacement et à moindre coût les solvants à recycler, sans avoir à déployer de personnel ou à arrêter la production, pourrait changer la donne.

L’objectif ultime est qu’Impossible Sensing Energy installe sa technologie dans le cadre d’un projet pilote sur le site de sables bitumineux d’une société membre de l’Alliance.

«Tout ce travail a commencé à cause d’une question difficile à laquelle nous avions besoin de réponses, a affirmé M. Jickling. C’est l’une des grandes questions scientifiques que nous devons résoudre pour que [l’utilisation de solvants] soit largement répandue dans l’industrie.»

L’utilisation de solvants n’est qu’une des technologies que les six entreprises membres de l’Alliance nouvelles voies explorent dans le cadre de leur engagement à réduire leurs émissions collectives de gaz à effet de serre provenant de la production de 22 millions de tonnes d’ici 2030 et à atteindre la carboneutralité d’ici 2050.

L’élément clé du groupe est un projet de réseau de captage et de stockage du carbone dans le nord de l’Alberta, qui pourrait voir ses membres investir 16,5 milliards $ avant 2030. L’Alliance prévoit également des dépenses supplémentaires de 7,6 milliards $ pour d’autres initiatives telles que l’efficacité énergétique, l’électrification des moteurs et plus encore.

Les groupes environnementaux ont précédemment critiqué l’Alliance nouvelles voies pour ne pas aller assez vite avec certaines de ses propositions de projets, en particulier lorsque les prix du pétrole ont atteint des sommets records l’année dernière.

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