Innergex a décliné de participer à une acquisition historique d’Hydro-Québec

Publié le 08/11/2022 à 12:05, mis à jour le 08/11/2022 à 14:38

Innergex a décliné de participer à une acquisition historique d’Hydro-Québec

Publié le 08/11/2022 à 12:05, mis à jour le 08/11/2022 à 14:38

Par La Presse Canadienne

Hydro-Québec a annoncé, en octobre dernier, l’acquisition de la société Great River Hydro, propriétaire de 13 centrales hydroélectriques du nord-est des États-Unis. (Photo: La Presse Canadienne)

Innergex a songé à s’associer à Hydro-Québec pour réaliser la plus grande acquisition de l’histoire de la société d’État, mais la bouchée était trop grosse pour l’entreprise de Longueuil qui a décidé de passer son tour. 

Hydro-Québec a annoncé, en octobre dernier, l’acquisition de la société Great River Hydro, qui est propriétaire de 13 centrales hydroélectriques du nord-est des États-Unis, pour 2 milliards $ US.

Innergex a eu des discussions avec la société d’État pour une potentielle participation à la transaction, a révélé son président et chef de la direction, Michel Letellier, lors d’une conférence téléphonique visant à discuter des résultats financiers de l’entreprise. 

Le financement d’une partie de l’acquisition aurait représenté un investissement «pas mal gros» pour Innergex à un moment où les conditions de financement sont plus difficiles, a-t-il expliqué. «Nous avons travaillé avec Hydro-Québec dans les premiers jours des négociations, mais nous avons décidé, d’un commun accord, que cet actif était trop gros pour nous.»

Le grand patron du producteur d’énergie québécois a aussi dit que le contrat d’exportation à long terme d’Hydro-Québec conclu avec l’État de New York rendait difficile la recherche d’un accord sur l’établissement de la valeur de l’électricité produite à Great River Hydro.

Même si Innergex a choisi de ne pas participer à la transaction, M. Letellier estime qu’il s’agit d’une bonne transaction. «Nous sommes très heureux pour eux. Je crois qu’ils ont payé un bon prix, un prix élevé, mais je pense qu’ils considèrent cet actif comme un investissement à long terme.»

Chez Hydro-Québec, on confirme qu’il y a eu des discussions entre la société d’État et Innergex, qui avaient annoncé la conclusion d’une «alliance stratégique» au début de l’année 2020. «L’entente [l’acquisition de Great River] présentait davantage de valeur pour Hydro-Québec que pour Innergex, explique une porte-parole d’Hydro-Québec, Caroline Des Rosiers. Innergex a donc choisi de ne pas participer à cette acquisition. L’Alliance stratégique est toujours à l’affût d’autres opportunités qui seraient avantageuses pour les deux parties impliquées.»

La société d’État n’a pas échangé avec d’autres partenaires potentiels dans le cadre de la transaction, répond Mme Des Rosiers. 

Hydro-Québec et Innergex avaient conclu une première acquisition conjointe en octobre de l’an dernier. Les deux partenaires avaient acheté le complexe Curtis Palmer, qui contenait deux centrales hydro-électriques dans l’État de New York, pour un montant de 310 millions $ US. 

Pour financer la transaction, Innergex avait émis pour l’équivalent de 175 millions $ en titres et avait réalisé un placement privé de 43,5 millions $ auprès d’Hydro-Québec. Les conditions du marché étaient différentes l’an dernier. La valeur de l’action d’Innergex était près de 35% plus élevée et les taux d’intérêt étaient plus bas. 

 

Un grand potentiel au Québec

Il reste encore beaucoup d’occasions d’affaires qui pourraient aboutir entre Hydro-Québec et Innergex, croit toutefois M. Letellier.

Hydro-Québec anticipe que la demande québécoise d’électricité augmentera de 25 térawattheures (TWh), soit 14%, de 2022 à 2032, selon une mise à jour de son plan d’approvisionnement 2022-2032 publiée au début du mois de novembre. 

«Si vous illustrez ça en énergie éolienne, à un taux d’utilisation de 40%, vous auriez besoin de nouvelles installations de 7000 mégawatts pour combler cette demande, donne en exemple M. Letellier. Je pense que le Québec sera un marché très attrayant pour nous.»

L’entreprise se prépare en vue de profiter de cette manne, ajoute le grand patron d’Innergex. «Nous avons des discussions avec des propriétaires de terrains et d’autres parties prenantes afin d’étendre nos activités au Québec.»

Les actionnaires devront toutefois patienter avant que l’électricité de ces éventuels projets soit vendue. Il faut prévoir environ deux ans pour l’obtention des permis et un autre deux ans pour la construction. 

«C’est difficile au Québec de passer au travers de toutes les étapes pour l’obtention des permis. (…) Dans certaines régions, c’est difficile de construire l’hiver. Mettre un projet en service avant 2026 serait un défi. Il y en aura, mais je pense qu’on en verra plus en 2027-2028.»

 

De bons prix pour l’électricité

Malgré une production sous la moyenne, Innergex a dévoilé, la veille, des résultats supérieurs aux attentes grâce à des prix de vente plus élevés au troisième trimestre.

La production au cours de la période de trois mois terminée à la fin septembre s’est établie à 91% de la production moyenne à long terme (PMLT). La réduction de la production des centrales hydroélectriques en Colombie-Britannique en raison du temps sec et les vents moins favorables en France expliquent en partie cette réduction, précise Brent Stadler, de Desjardins Marché des capitaux. 

L’analyste souligne que le bénéfice ajusté proportionnel avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) à 215 millions $ dépassait «largement» sa prévision de 189 millions $ et la prévision moyenne de ses collègues à 197 millions $. «Les prix plus élevés pour l’hydro-électricité et l’éolien expliquent, en grande partie, l’écart. Ça fait plus que compenser la plus faible production.»

Au sujet de l’inflation, M. Letellier a dit que l’augmentation des prix de l’énergie compensait en grande partie l’augmentation des coûts de production, liée notamment à la main-d’œuvre et aux pièces. 

La société a dévoilé un bénéfice net de 21 millions $ au troisième trimestre, comparativement à une perte nette de 23,5 millions $ à la même période l’an dernier.

L’action gagnait 81 cents, ou 5,43%, à 15,73 $ à la Bourse de Toronto en avant-midi. 

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