À la recherche de nouveaux débouchés


Édition du 23 Septembre 2017

À la recherche de nouveaux débouchés


Édition du 23 Septembre 2017

Tirer une matière isolante de la fibre des résineux pourrait constituer un excellent débouché pour l’industrie du bois.

«Tout l'effort de recherche chez FPInnovations vise à sortir l'industrie de l'économie du "deux par quatre"», lance Pierre Lapointe, président et chef de la direction de FPInnovations, qui dispose d'un budget annuel de 75 millions de dollars et d'un bassin de 500 chercheurs planchant uniquement sur les avancées dans les technologies du bois.

L'entreprise est une des pièces maîtresses d'un vaste réseau de centres de recherche consacrés au bois. S'y ajoutent sept centres collégiaux de transfert technologique (CCTT) destinés aux recherches sur le bois et une demi-douzaine de groupes de recherche disséminés dans les universités, notamment à l'Université Laval et dans les antennes régionales de l'Université du Québec.

L'arbre, puits de carbone

Les possibilités pour ouvrir de nouveaux débouchés à l'industrie du bois sont finalement assez nombreuses. Ainsi, il serait possible d'en faire des adhésifs. «Pour ce faire, on extrait des phénols des tannins contenus dans l'écorce, notamment dans celle des épinettes, explique Alain Cloutier, professeur à l'Université Laval et directeur du Centre de recherche sur les matériaux renouvelables. C'est un gain majeur parce que, dans l'industrie du bois, l'écorce doit souvent être enfouie ou brûlée.»

Un autre développement vise à tirer une matière isolante de la fibre des résineux. «Ça ressemble à de la laine minérale, mais c'est à base de fibre de bois», note le chercheur. Le nouveau produit affiche un facteur d'isolation équivalent à celui de la laine minérale. Toutefois, il présente au départ une vulnérabilité à l'humidité et à la condensation, faiblesse qu'on peut contrer en faisant subir au bois un traitement à la chaleur pour qu'il absorbe moins l'eau. «On n'y est pas tout à fait encore, mais on n'est pas loin de la commercialisation», affirme M. Cloutier.

Une voie particulièrement prometteuse consiste à perfectionner les bois plastiques, des mélanges de plastique et de fibre de bois qui s'apparentent aux composites de carbone. «On peut mouler un tel matériau, fait ressortir Alain Cloutier, notamment pour en faire des panneaux de porte d'automobile ou des pare-chocs.»

Chez FPInnovations, une grande partie des avancées touchent la traditionnelle pâte à papier, mais utilisée à d'autres fins. Rappelons que l'organisme est issu de l'ancien Paprican, centre de recherche détenu par l'ensemble des grandes entreprises de pâtes et papiers.

On se trouve ici au coeur même de l'industrie du bois du Québec, qui a été dominée de tout temps par les papetières et dont l'avenir est en détresse à cause du déclin du papier. «On a perdu la moitié des papetières au cours des 15 dernières années, et l'emploi a baissé énormément depuis la crise de 2008 : on n'a plus que 60 000 travailleurs», rappelle Patrick Dallain, directeur général du SEREX, CCTT consacré à la transformation des produits forestiers.

«C'est la filière de l'avenir, dit Pierre Lapointe : utiliser certaines caractéristiques des pâtes de bois pour en tirer d'autres produits que le papier.» Une de ces caractéristiques tient à la fibre même du bois, qu'on oriente vers une toute nouvelle application, le textile, comme on le fait déjà avec les fibres du bambou. La cellulose, autre composante de la pâte, peut quant à elle être utilisée pour nombre d'applications inédites, notamment dans le secteur des caoutchoucs synthétiques, une initiative d'une des usines de Résolu, à Thunder Bay.

Sous le radar américain

Certains centres de recherche planchent sur les avancées dans les secteurs du meuble et de l'ébénisterie, créneaux importants de l'industrie du bois qu'on a tendance à oublier. Ils ont pourtant l'avantage de passer sous le radar des droits compensatoires américains. Il s'agit de domaines aussi différents que le meuble de maison, le mobilier de bureau ou la menuiserie architecturale.

Dans un CCTT comme Inovem, on ne planche pas tant sur la matière première de l'arbre que sur le perfectionnement des techniques appliquées au bois comme matériau d'ébénisterie. Par exemple, ce centre travaille à de nouveaux procédés de finition, des vernis par exemple, dans lesquels les solvants à base de pétrole sont remplacés par l'eau. «Leur qualité est souvent supérieure à celle des anciens vernis», explique Yves Dessureault, directeur d'Inovem.

Pour l'instant, le litre de vernis à base d'eau est plus cher que son équivalent à base de solvants, mais le gain s'avère sensible sur l'ensemble du processus de fabrication quand on tient compte des coûts supplémentaires liés aux solvants. Par exemple, fait ressortir M. Dessureault, «on doit procéder à de nombreux changements de l'air quand on emploie les solvants».

Si ce secteur échappe aux droits compensatoires américains, il n'est pas sans connaître ses difficultés. Par exemple, le meuble de maison a souffert de l'invasion des produits chinois bon marché, un choc qui est maintenant surmonté. Comme le dit Yves Dessureault, «les survivants ont développé de grandes forces, en particulier une compréhension approfondie des marchés et une capacité d'offre personnalisée».

Évidemment, les avancées techniques énumérées ici «ouvrent de nouveaux marchés», dit Pierre Lapointe. Jusqu'ici, l'industrie était confinée aux produits traditionnels ainsi qu'au partenaire naturel, les États-Unis, partenaire décidément «bougon», relève M. Dessureault. En effet, explique-t-il, le bois d'oeuvre et les pâtes et papiers étaient des produits de base fabriqués aussi bien en Scandinavie qu'en Russie, par exemple. La proximité de ces pays de leurs marchés naturels interdisait à nos producteurs de s'y aventurer.

Les nouvelles applications déverrouillent cette situation. Désormais, notre industrie du bois aura accès à la planète.

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