Un pari salissant


Édition du 01 Février 2014

Un pari salissant


Édition du 01 Février 2014

En achetant le site pour 1 $ en 2009, l'Américain Tim Martinez voulait d'abord relancer la production de l'usine d'Aleris. Son projet a cependant avorté. [Photo :Olivier Croteau}

Québec mène une enquête pénale sur le propriétaire des anciens terrains d'Aleris Canada, l'Américain Tim Martinez, et son démolisseur, Recyclage Arctic Béluga, de Shawinigan. Le gouvernement veut se faire rembourser le nettoyage de 2 000 litres de liquides contaminés aux BPC répandus sur le site, la sécurisation des déchets dangereux et le redémarrage du système de récupération des hydrocarbures. Le site de Trois-Rivières est sous le contrôle de Québec, avec barbelés, vigiles et chiens de garde. Notre journaliste a tout de même pu pénétrer sur le site pour constater les dommages.

Consultez notre carte interactive et notre enquête sur les terrains contaminés.

Au centre du terrain, un bâtiment condamné par trois blocs de béton. C'est là qu'étaient notamment entreposés des milliers de litres de BPC, de vieux transformateurs et des débris contaminés, ainsi que des ampoules au mercure. Le tout à la portée des vandales, selon une ordonnance du ministère du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP), qui a lui-même pris les travaux en mains en 2013.

Des amas de ferraille provenant d'équipements électriques jonchent le sol. Les Affaires a aussi pu constater la présence de plusieurs transformateurs au centre d'un cerne noir d'huile dans le gravier.

La destruction partielle des grands hangars laisse voir les entrailles de l'ancienne usine de laminage. Toutes les fenêtres des bâtiments ont volé en éclats au gré des multiples intrusions sur le site. Les voleurs de cuivre s'en sont donné à coeur joie.

Mauvais calculs

En achetant ce site pour 1 $, l'homme d'affaires Tim Martinez dit avoir «pris un risque calculé». Mais il a perdu son pari. En 2010, il voulait carrément redémarrer l'usine pour l'exploiter avec son autre installation du Wisconsin. Le projet a cependant avorté après un conflit avec ses anciens partenaires.

En 2009, le démolisseur Recyclage Arctic Béluga a commencé les travaux de démolition. Mais le MDDEFP les a interrompus en février 2012 après avoir constaté des manquements à la Loi sur la qualité de l'environnement, explique le Ministère.

Un écoulement

En déplaçant un vieux transformateur dans l'ancienne usine, Béluga a notamment provoqué l'écoulement de 2 000 litres de liquides contaminés aux BPC. Les pompes qui doivent éliminer le pétrole infiltré dans la nappe phréatique ont cessé de fonctionner, et des intrus ont facilement pu pénétrer sur le site et le vandaliser, malgré la présence de matières dangereuses.

Aujourd'hui, Tim Martinez et sa Corporation de développement TR poursuivent Béluga, notamment pour un incendie que l'entreprise a provoqué sur le site et la fuite de BPC. «Si je gagne, ma couverture d'assurance sera bien suffisante pour rembourser le nettoyage de la fuite» au MDDEFP, assure-t-il en entrevue téléphonique avec Les Affaires.

Tim Martinez dit faire les frais de l'incurie de son démolisseur et être la «victime innocente de la pollution de grosses entreprises comme Alcoa».

Au Ministère, on ne l'entend pas ainsi. «La Corporation de développement TR avait la responsabilité de prendre toutes les mesures nécessaires pour diminuer la contamination, dit Stéphanie Lemieux, porte-parole du MDDEFP pour la Mauricie. Elle a acheté la propriété en connaissance de cause.»

L'enquête menée par Québec pourrait mener au dépôt d'accusations au Directeur des poursuites criminelles et pénales, souligne-t-elle.

René Fugère, vice-président exécutif de Béluga, a refusé de s'entretenir avec Les Affaires, invoquant la présence du dossier devant les tribunaux.

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