Travail d'appoint: ce qu'il faut savoir pour éviter les maux de tête avec l'impôt

Publié le 07/02/2023 à 15:08

Travail d'appoint: ce qu'il faut savoir pour éviter les maux de tête avec l'impôt

Publié le 07/02/2023 à 15:08

Par La Presse Canadienne

(Photo: La Presse Canadienne)

Fletcher Gailey-Snell aime dessiner des tyrannosaures rex et des tricératops, des requins marteaux et des bélugas.

Il n’aime pas particulièrement penser aux impôts.

C’est pourquoi le dessinateur d’Ottawa et sa femme Ashley Faragher ont embauché un professionnel pour les aider à comprendre les implications fiscales de leur petite entreprise, Fletch Robbins, qui vend les illustrations de dinosaures et d’animaux de Fletcher Gailey-Snell sous forme de t-shirts, de cartes et d’imprimés.

«C’est notre petit boulot à côté. Et nous n’avons pas nécessairement le temps de préparer nos déclarations de revenus correctement», admet Fletcher Gailey-Snell, qui occupe un emploi à temps plein en plus de son projet de passion artistique.

«Nous ne sommes que deux pour diriger cette chose. Donc, tout ce que nous pouvons déléguer nous aide à nous concentrer sur les choses qui sont importantes pour nous.»

Fletcher Gailey-Snell est manifestement occupé, et il n’est pas seul. Selon un sondage Maru mené en janvier pour le compte d’ImpôtRapide Canada, 23% des Canadiens ont indiqué avoir un emploi parallèle en plus de leur emploi principal.

Parmi ceux-ci, 85% ont expliqué que la hausse du coût de la vie était un facteur dans leur décision de prendre un emploi secondaire, selon l’enquête.

Il est donc juste de supposer qu’avec une inflation qui atteignait de nouveaux sommets en 2022, de nombreux Canadiens étaient probablement nouveaux dans le jeu du «travail d’appoint», et tout aussi incertains des implications fiscales que Fletcher Gailey-Snell l’était lorsqu’il a lancé son entreprise.

En fait, Emily Verrecchia, experte en fiscalité chez ImpôtRapide Canada, affirme que les questions liées au travail indépendant et aux petits boulots étaient parmi les plus fréquemment posées par les clients l’année dernière.

«Personnellement, c’est quelque chose que je vois beaucoup», note-t-elle.

«Je pense que le meilleur conseil que je puisse donner à quiconque fait cela pour la première fois est de s’organiser. Si on peut rester au courant de tout ce qui se passe autour de son entreprise, même s’il ne s’agit que de prendre des notes sur les choses pour lesquelles on dépense de l’argent, cela peut vraiment aider lorsque vient la saison des impôts.»

Bien que le travail d’appoint puisse varier, du tutorat à l’écriture indépendante, en passant par la décoration de gâteaux, Emily Verrecchia croit qu’il est important de garder une trace des revenus et des dépenses, car il est obligatoire d’inclure son travail d’appoint dans sa déclaration de revenus.

«Il y a peut-être des gens qui pensent “oh, ce n’est qu’un passe-temps”, mais dès qu’on commence à facturer son service, il y a un échange et une réalisation de revenus. On doit donc le déclarer.»

Si une activité secondaire implique de travailler en tant qu’entrepreneur pour une grande société de technologie, par exemple, être chauffeur pour Uber, il faut obtenir une déclaration de l’entreprise détaillant les revenus. Cependant, il incombe toujours au particulier de déclarer le contenu de ce relevé à l’Agence du revenu du Canada.

Pour ceux qui sont vraiment des travailleurs indépendants, il existe un certain nombre d’applications gratuites disponibles qui peuvent aider à suivre les revenus et les dépenses.

Plusieurs dépenses peuvent être déduites des revenus lorsqu’on est un travailleur autonome, notamment tout ce qui est fournitures, espace de bureau à domicile et même développement professionnel.

«Mais certaines déductions ne s’appliquent qu’à certaines industries, donc je recommande fortement à ceux qui ne sont pas sûrs de parler à un expert», affirme Emily Verrecchia.

 

Différents critères aux déductions

Yannick Lemay, porte-parole de H&R Block, explique que si certaines personnes ont besoin d’aide pour ne pas rater les déductions auxquelles elles ont droit, d’autres pourraient aussi croire qu’elles ont le droit d’en déduire plus qu’elles ne le peuvent réellement.

«Par exemple, pour pouvoir déduire l’utilisation commerciale de sa maison, il faut que ce soit le principal lieu d’activités et qu’on y travaille plus de 50% du temps», précise Yannick Lemay.

«Donc, ceux qui travaillent au domicile de leurs clients (…) pour des massages mobiles, par exemple (…) alors ils ne travaillent pas chez eux plus de 50% du temps, même s’ils font leur comptabilité sur leur table de cuisine.»

Un autre écueil courant, souligne Yannick Lemay, est que les travailleurs autonomes, puisqu’ils n’ont pas de retenues d’impôt régulières sur leur chèque de paie, doivent commencer à payer leurs impôts sur le revenu en plusieurs versements.

«La première année, l’ARC n’enverra pas de lettre parce qu’elle ne sait pas encore qu’on lui doit des impôts, explique Yannick Lemay. C’est donc la responsabilité du travailleur de payer ces acomptes provisionnels au cours de l’année, sinon on peut se retrouver à payer des intérêts sur ces sommes.

Prendre le temps de consulter un professionnel peut également aider à accéder à des prestations auxquelles certains travailleurs ne savent même pas qu’ils ont droit. L’Allocation canadienne pour les travailleurs, par exemple, est un crédit d’impôt remboursable offert aux travailleurs canadiens, y compris les travailleurs autonomes, gagnant un revenu de 30 000 $ ou plus.

Pour sa part, Fletcher Gailey-Snell recommande vivement d’obtenir des conseils professionnels, même si le travail d’appoint ne fait que commencer ou si on ne gagne pas encore beaucoup de revenus.

“Je me souviens de la première fois que nous avons embauché notre fiscaliste pour nous aider, nous avons été surpris du peu d’argent qu’il en coûtait pour embaucher un spécialiste, et nous avons été étonnés de voir combien d’argent ils ont pu nous aider à récupérer des choses auxquelles nous n’aurions tout simplement jamais même pensé”, observe-t-il.

“Ce sont toutes des choses que nous pouvons légitimement réclamer à l’entreprise, nous n’y avons tout simplement jamais pensé, car ce n’est pas notre domaine.”

 

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