Ottawa dévoile sa stratégie pour faire face aux conditions climatiques extrêmes

Publié le 24/11/2022 à 18:13

Ottawa dévoile sa stratégie pour faire face aux conditions climatiques extrêmes

Publié le 24/11/2022 à 18:13

Par La Presse Canadienne

La tempête post-tropicale «Fiona» a causé des dommages considérables au réseau électrique, aux fermes et à l’industrie de la pêche. (Photo: La Presse Canadienne)

St. Peters Bay — Le gouvernement fédéral a dévoilé jeudi une «stratégie nationale d’adaptation au climat», qui prévoit 1,6 milliard de dollars (G$) de nouvelles dépenses pour aider les communautés à faire face aux situations climatiques extrêmes, comme les canicules, les incendies de forêt, les inondations et les tempêtes.

Le ministre de la Protection civile, Bill Blair, en a fait l’annonce jeudi matin à l’Île-du-Prince-Édouard, où la tempête post-tropicale Fiona a causé des dommages considérables au réseau électrique, aux fermes et à l’industrie de la pêche lorsqu’elle a balayé la région le 24 septembre dernier.

Le financement fédéral s’ajoute principalement aux programmes existants et ne couvrira pas les coûts des grands projets d’infrastructure, comme celui d’ériger des digues pour protéger le lien terrestre entre la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick — un projet à frais partagés qu’Ottawa et les provinces n’ont pas encore approuvé.

La Stratégie nationale d’adaptation du Canada annoncée jeudi ajoute 489 millions de dollars (M$) sur 10 ans au Fonds d’atténuation et d’adaptation en matière de catastrophes. Ce fonds fédéral fournit déjà du financement pour des projets plus petits qui traitent des problèmes tels que le risque pour les côtes de la hausse du niveau de la mer et l’effondrement des infrastructures en raison du dégel du pergélisol.

La stratégie nationale prévoit aussi 284M$ sur cinq ans pour le renforcement de la gestion des incendies de forêt, grâce à des mesures telles que la création de coupe-feu plus larges entre les forêts et les localités.

De plus, Ottawa dépensera 164M$ sur cinq ans pour la cartographie des risques d’inondations et travaillera avec les provinces et les territoires pour étendre un système qui identifie les zones à haut risque d’inondation.

Ottawa prévoit également 60M$ sur cinq ans pour accélérer l’utilisation de normes qui tiennent compte du climat pour des infrastructures résilientes, et des investissements de 95M$ sur cinq ans pour fournir des trousses d’outils climatiques, dont certaines en ligne, aux citoyens et aux gouvernements locaux.

Le plan comprend aussi 30M$ sur cinq ans pour étendre les programmes de Santé Canada qui aident les gens à se protéger contre la chaleur accablante, et 13M$ sur cinq ans pour étendre d’autres programmes de santé liés aux impacts des changements climatiques.

Dans une politique sur le changement climatique, le terme «atténuation» fait référence aux mesures visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, ces GES qui emprisonnent la chaleur dans l’atmosphère et conduisent au réchauffement climatique. Le terme «adaptation» fait référence aux mesures qui sont adaptées en aval, pour s’adapter à la réalité d’une planète qui connaît déjà un réchauffement.

Les évaluations scientifiques montrent qu’en 2016, la température moyenne au Canada atlantique avait déjà augmenté de 0,7°C depuis 1948. La température moyenne au Québec avait gagné entre 1 et 3°C, selon la région, et pourrait se réchauffer de 3,5°C supplémentaires d’ici 2050.

Les océanographes ont précisé que les eaux plus chaudes ont ajouté à l’intensité de la tempête post-tropicale Fiona lorsqu’elle a frappé les Maritimes.

Avant de dévoiler la nouvelle stratégie nationale, M. Blair et plusieurs autres ministres libéraux et députés ont visité jeudi matin des secteurs de l’Île-du-Prince-Édouard qui avaient été dévastés par la tempête post-tropicale Fiona il y a deux mois.

Au cours d’une visite du port de Red Head, M. Blair a entendu un capitaine expliquer comment l’onde de tempête a démoli le quai. Les pêcheurs ont fait part de leur incertitude quant au moment où ils pourraient retourner au travail.

«Ce que nous constatons ces dernières années (…) c’est une augmentation de la fréquence et de la gravité des événements liés au climat, et cela exige que nous agissions, pas seulement d’un ordre de gouvernement, mais de nous tous, de chaque Canadien», a souligné M. Blair lors de la conférence de presse.

La tempête Fiona a causé environ 660M$ de «dommages assurés». D’ici 2030, selon le gouvernement fédéral, les conditions météorologiques extrêmes pourraient causer 15G$ de dommages par année au Canada.

Le gouvernement consultera pendant 90 jours les provinces et les territoires sur cette stratégie nationale et sur les cibles, dont certaines relèvent des champs de compétence provinciale.

Les besoins financiers pourraient être moindres

Le Bureau d’assurance du Canada et la Fédération canadienne des municipalités ont estimé que les trois paliers de gouvernement devront dépenser environ 5,3G$ par année pour faire face à l’adaptation climatique.

Cependant, selon des experts, ce chiffre pourrait être inférieur si les Canadiens s’adaptent au climat auquel nous sommes confrontés désormais, au lieu de continuer à vivre dans un pays construit pour le climat du passé. Le plan d’adaptation publié par le ministre Blair fixe des objectifs pour amorcer ce changement, bien que sa réalisation dépende de la coopération des provinces, des territoires et des communautés autochtones.

Par exemple, la stratégie indique que d’ici trois ans, l’objectif est que 80% des autorités sanitaires du pays mettent en place des mesures pour protéger les citoyens contre la chaleur accablante et que, d’ici 2040, des systèmes soient en place pour éliminer ces types de décès. M. Blair a rappelé que la Colombie-Britannique a enregistré environ 619 décès lors de la vague de chaleur de l’été 2021.

Le plan prévoit également la mise en place d’un ensemble clair de codes et de normes pour les projets d’infrastructure — des autoroutes aux systèmes de drainage des eaux — d’ici 2030. Le plan d’adaptation suggère également que la préservation des systèmes naturels peut aider le Canada à réduire les effets du réchauffement climatique, et il fixe un objectif de conservation d’un quart des terres et des eaux du pays d’ici 2025.

Louise Comeau, directrice des solutions climatiques au Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick, s’est dite ravie que le plan fixe des objectifs ambitieux, notamment que six Canadiens sur dix deviennent «conscients des risques de catastrophe auxquels leur résidence est exposée en raison des changements climatiques» d’ici deux ans.

Cependant, plus de détails doivent être fournis sur la façon dont ces objectifs seront atteints, selon elle, et les provinces et les territoires devraient être tenus d’accepter d’atteindre des objectifs prédéfinis avant de recevoir l’argent fédéral.

«Les 1,6G$ n’iront pas très loin […] alors ils feraient mieux d’être efficaces avec l’argent», a-t-elle conclu.

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