Nuages noirs sur les pensions

Publié le 10/01/2009 à 00:00

Nuages noirs sur les pensions

Publié le 10/01/2009 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Selon un relevé récent du Groupe conseil Aon, 94 % des régimes de retraite à prestations déterminées d'entreprises canadiennes affichent actuellement un déficit de solvabilité, et la moitié de ces régimes affichait un pourcentage de solvabilité inférieur à 74 %.

Il importe de ne pas confondre la solvabilité d'un régime de retraite et sa capitalisation. La solvabilité représente le surplus ou le déficit d'un régime de retaite à une date donnée dans l'hypothèse où on y aurait mis fin. Il s'agit donc de la différence entre la valeur des placements à cette date et le coût des rentes garanties aux participants par l'employeur. C'est en quelque sorte un instantané.

Quant à la capitalisation d'un régime, elle mesure l'actif d'un régime (y compris ses rendements futurs) pendant toute sa durée et le coût des rentes promises aux participants jusqu'à leur décès. Ainsi, un régime sera capitalisé à 105 % si son actif est supérieur de 5 % au coût des prestations qu'il versera. Ce calcul est fait sur la base de plusieurs hypothèses actuarielles dont : le rendement prévu sur les placements, l'âge, le sexe et l'espérance de vie des participants et le coût des prestations, y compris l'indexation des rentes s'il y a lieu.

Dans la situation actuelle des marchés financiers, les rendements des caisses de retraite seront doublement touchés cette année :

1. Les pertes que les caisses de retraite auront subies sur leurs placements en 2008 accroîtront les déficits de solvabilité et mettront une pression accrue sur les employeurs, qui sont tenus, par la réglementation en vigueur, de rembourser ces déficits. Avec raison, le gouvernement du Québec, à l'instar de ceux d'autres provinces, a promis de légiférer pour porter de 5 à 10 ans la période de remboursement de ces déficits. D'autres mesures techniques ont aussi été annoncées pour atténuer l'impact de ces déficits sur les résultats des sociétés;

2. Le deuxième facteur nuisant à la santé apparente des régimes à prestations déterminées est le faible taux d'intérêt qui est utilisé pour calculer le rendement futur de l'actif d'une caisse de retraite. Ce taux, qui est prescrit par l'Institut canadien des actuaires, est basé sur le rendement des obligations du gouvernement canadien. Or, ce rendement est bas depuis plusieurs années et devrait le rester pour un avenir prévisible, en raison de la faiblesse de l'inflation et de la forte demande pour les obligations gouvernementales; cela signifie qu'un nombre encore plus grand de régimes à prestations déterminées risquent de continuer d'afficher non seulement un déficit de solvabilité pendant un bon nombre d'années, mais aussi un déficit de capitalisation.

C'est notamment le cas lorsque le coût des rentes à verser dans l'avenir est supérieur aux rendements futurs d'un régime.

La pression que subiront les employeurs réduira encore la popularité des régimes à prestations déterminées. Non seulement leur nombre est en forte baisse (il y en avait 833 au Québec en 2005, comparativement à 2 163 en 1981), mais plusieurs employeurs les remplacent par des régimes à cotisation déterminée, en vertu desquels la rente de retraite dépendra du rendement éventuel sur les placements, dont la gestion incombe alors généralement aux participants.

Cette tendance signifie que, si on exclut les salariés du secteur public, qui bénéficient de régimes à prestations déterminées, une proportion croissante de salariés se retrouveront avec des régimes dont la rente de retraite attendue dépendra des rendements qu'ils auront obtenus par la gestion de leurs propres placements. Cela fragilise leur sécurité financière à la retraite.

Les régimes à prestations déterminées demeurent pourtant les plus pertinents pour les salariés, bien que les entreprises aient de plus en plus de difficulté à les maintenir en raison de leurs effets sur leurs résultats financiers.

D'où le besoin d'être imaginatif dans la recherche de solutions susceptibles de préserver ces régimes. Une innovation remarquable a été apportée le 1er janvier 2005 au régime de retraite de l'Université du Québec : on a supprimé l'indexation automatique au coût de la vie des rentes dans le calcul du passif actuariel et l'a assujettie à un seuil miminum du rendement de la caisse. Une formule semblable a été adoptée par Teachers' en 2008.

Pourquoi les régimes privés ne la considéreraient-ils pas ?

DOSSIER SPÉCIAL CAISSE DE DÉPÔT

 

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