L'interdiction de vol au-dessus de la Russie fait monter le prix des billets

Publié le 24/04/2023 à 09:59

L'interdiction de vol au-dessus de la Russie fait monter le prix des billets

Publié le 24/04/2023 à 09:59

Par La Presse Canadienne

Un vol aller de Vancouver à Hong Kong a crû de 41% de janvier 2019 à janvier 2023, selon la firme de données aériennes Cirium. (Photo: La Presse Canadienne)

Le prix des billets d’avion a augmenté depuis le début de l’invasion russe en Ukraine.

L’une des raisons: les Russes ont interdit l’espace aérien de leur pays aux compagnies canadiennes, américaines, britanniques et européennes en représailles des mesures semblables prises contre les compagnies russes. 

Les compagnies aériennes européennes sont les plus touchées. Elles ont dû apporter des modifications à leurs itinéraires, s’imposant de longs détours, pour les vols vers l’Asie et certaines parties du Moyen-Orient. 

Les transporteurs canadiens ne sont pas épargnés non plus. Les vols en direction de l’est asiatique et du sud de l’Asie doivent éviter l’espace aérien russe. Il n’y a aucun signe d’une détente à l’horizon. Ces détours signifient que les trajets sont plus longs, font augmenter les coûts en carburant et en main−d’œuvre. L’augmentation de ces coûts se répercute sur les passagers qui doivent payer plus pour payer leur billet.

«C’est assurément négatif pour les compagnies canadiennes et américaines. C’est assurément un problème», reconnaît Helane Becker, une spécialiste du transport aérien chez la firme TD Cowen. 

Auparavant, les avions ne traversaient pas directement l’océan Pacifique. Ils raccourcissaient les distances en traçant un arc autour de l’Arctique et de la Russie orientale.

«Le trajet optimal d’un vol entre le Canada et l’Asie du Sud−est passe par l’espace aérien russe», dit l’ancien chef des opérations d’Air Canada, Duncan Dee.

Éviter l’espace aérien russe accroît de 10% la distance. Cela s’applique notamment pour les liaisons entre Vancouver et Hong Kong ou entre Toronto et Delhi, souligne Robert Kokonis, président de la firme AirTrav. D’autres vols sans escale, notamment de Vancouver à Bangkok ou Séoul, ont aussi nécessité des ajustements. 

Le carburant supplémentaire dépensé se reflète sur la facture. Ainsi, le prix pour le carburant des avions s’est élevé à 2,68$ le gallon en mars, un bond de 41% par rapport à il y a quatre ans.

«Cela s’ajoute au prix du billet d’avion payé par le consommateur», dit Mme Becker.

Un vol aller de Vancouver à Hong Kong a crû de 41% de janvier 2019 à janvier 2023, selon la firme de données aériennes Cirium. Celui d’un vol de Toronto à Delhi a augmenté de 47% au cours de la même période.

Si on inclut l’ensemble des compagnies aériennes, y compris celles qui peuvent encore survoler la Russie, comme China Airlines ou Air India, le prix du vol de Vancouver à Hong Kong a chuté de 22 % de janvier 2019 à janvier 2023. Les vols de Toronto à Delhi n’ont augmenté que du quart.

«La situation place chez Air Canada (AC) et les autres compagnies interdites les placent dans une position désavantageuse», souligne Ross Aimer, le pdg de la firme Aero Consulting Expert, lui-même un ancien pilote de ligne.

«Chaque minute qu’on ajoute à un vol augmente les coûts. Si on peut passer par le Pôle Nord, on peut sauver de une à deux heures. Mais maintenant, on doit passer par une route plus au sud. Les compagnies occidentales qui ne peuvent plus survoler le territoire russe sont désavantagées d’un point de vue financier. Une grande partie de la partie septentrionale du globe couvre la Russie.»

Si l’Asie n’est pas le principal marché d’Air Canada, le continent représente quand même une partie importante des revenues de la compagnie aérienne. Les vols vers les pays du Pacifique comptent pour plus de 14% des 17,23 milliards de revenus en 2019. De plus, comme le tourisme entre la Chine et l’Amérique du Nord a repris de la vigueur depuis la fin des restrictions dues à la COVID-19. les compagnies aériennes de l’Ouest doivent se contenter de marges réduites en raison de la plus forte concurrence.

«Plusieurs trajets d’Air Canada vers l’Asie, l’Inde et le Moyen−Orient ont dû être détournés à cause de l’interdiction de l’espace aérien russe», mentionne un porte-parole de la compagnie, Peter Fitzpatrick. Certaines liaisons, comme Vancouver−Delhi, ont été suspendues. 

«Des trajets plus longs apportent une augmentation des coûts et de la consommation de carburant. Ils réduisent la capacité en passagers et en marchandise. Des trajets ne sont plus rentables d’un point de vue économique.» 

Air Canada souhaite que les gouvernements «s’assurent d’une égalité des chances permettant une concurrence juste et des occasions équitables pour tous les transporteurs». La compagnie n’a pas précisé comment ce principe peut se traduire en politique.

La plus importante compagnie aérienne du pays peut se consoler grâce à une entente de partenariats d’exploitation à code multiple avec Air China qui permet aux deux parties de se partager des profits. Ce genre d’accord permet à un transporteur aérien d’exploiter un vol dont les places sont également commercialisées par un autre transporteur.

«Les partenariats à code multiple sont évidemment avantageux, mais pas au point que l’on cède la liaison à un partenaire. On peut réaliser un léger profit, mais pas autant que si on réalisait soi-même ce vol», souligne M. Aimer.

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