Placements Banque Nationale, Natcan et une société de portefeuille actionnaire de Natcan sont poursuivies par sept anciens cadres et gestionnaires de Natcan pour un montant non dévoilé. Les sept plaignants allèguent que l'institution financière a injustement racheté leur participation dans la filiale de la banque avant de céder cette dernière à Fiera Sceptre.

La Nationale a vendu Natcan au gestionnaire fondé par Jean-Guy Desjardins le 27 février dernier pour près de 310 M$ et une participation de 35 % dans la nouvelle entité issue de la transaction, Fiera Capital. Natcan comptait 45 gestionnaires et 25 G$ en actif sous gestion au moment de la transaction.

Michael Quigley, vice-président principal, responsable de la distribution et Marc-André Gaudreau, vice-président principal et co-chef des titres à revenu fixe font partie du groupe qui poursuit la banque montréalaise.

Les sept plaignants, tous d'anciens vice-présidents de Natcan, détenaient 13,75 % de Natcan par l'entremise d'une société de portefeuille, la société à numéro 9130-1564 Québec inc. La Banque Nationale possédait le reste, soit 86,25 %.

Selon la requête déposée en Cour supérieure, les sept plaignants auraient emprunté des sommes importantes pour acquérir cette participation dans Natcan.

Ils allèguent en outre que leur apport a été essentiel au développement de l'entreprise.

En 2011, la Nationale entame les négociations en vue de vendre ses activités de gestion de portefeuille à Fiera Sceptre. Le 14 février 2012, les administrateurs de la société de portefeuille qui détient les actions de Natcan cèdent ces titres à la Banque Nationale.

Or, selon ce que prétendent les plaignants, cette décision n'a jamais été prise par le conseil d'administration. Ils allèguent plutôt que Placement Banque Nationale aurait forcé la main des administrateurs de 9130-1564 pour qu'ils cèdent leur participation.

Si cette résolution avait été soumise au vote, Michael Quigley, qui siège au conseil d'administration de la société de portefeuille, aurait voté contre, d'après la poursuite.

Le lendemain de cette cession, le groupe apprend la vente de ses actions à un prix jugé inférieur à sa valeur réelle.

Douze jours plus tard, le 27 février, Fiera annonce qu'elle achète Natcan au prix de 310 M$. « Ce prix, une fois payé, aura l'effet de multiplier la valeur comptable des actions de 9130-1564 Québec inc. [la société de portefeuille] qui étaient détenues par les demandeurs par un facteur de 20 », lit-on dans les documents judiciaires.

L'acquisition des parts détenues par 9130-1564 est complétée le 15 mars 2012. Les sept anciens cadres de Natcan déposent leur poursuite le 27 mars dernier.

La poursuite, qui ne précise pas les montants réclamés, stipule que la Nationale aurait acquis les actions du groupe des sept « de manière oppressive et abusive (...) avant la clôture de la transaction, leur privant ainsi de la croissance de valeur de Natcan ».

Les demandeurs exigent que leurs actions soient rachetées à la valeur de la transaction entre la Nationale et Fiera Sceptre.

Une audience est prévue pour le 30 avril prochain. Claude Breton, porte-parole de la Banque Nationale, n'a pas voulu émettre de commentaires.

Les codemandeurs dans cette poursuite sont Christian Cyr, vice-président principal, actions de petite capitalisation, Mark Jackson, vice-président principal, actions canadiennes, Roger Rouleau, vice-président, obligations corporatives, Gilles Chouinard, vice-président principal et co-chef des titres à revenu fixe et Pierre Sweeney, vice-président principal, actions canadiennes et gestion de portefeuille pour la clientèle privée.

Certains des codemandeurs ont obtenu un poste dans Fiera Capital, l'entité issue du regroupement des activités de Fiera Sceptre et Natcan, alors que d'autres ont été remerciés dans la rationalisation qui découle de cette transaction.