Crise du logement: les régions aussi sont affectées

Publié le 01/07/2021 à 13:30

Crise du logement: les régions aussi sont affectées

Publié le 01/07/2021 à 13:30

Par La Presse Canadienne

« Des appartements abordables? Il n’y en a plus, ou bien ils sont très, très rares et de mauvaise qualité », a avancé le maire de Saint-Donat Joé Deslauriers en entrevue.(Photo: 123RF)

Ce n’est pas une mince tâche en 2021 de trouver un appartement à Saint-Donat, dans Lanaudière, et encore moins un logement abordable.

Un certain exode urbain a entraîné une hausse de la demande de logements dans cette municipalité située à 130 kilomètres au nord de Montréal, causant une pénurie pour les jeunes travailleurs de l’industrie touristique de la région.

« Des appartements abordables? Il n’y en a plus, ou bien ils sont très, très rares et de mauvaise qualité », a avancé le maire Joé Deslauriers en entrevue.

La plupart des baux expirent le 1er juillet au Québec, provoquant une course effrénée pour des logements à ce temps-ci de l’année. De plus en plus, même les petites villes et les régions rurales subissent une forme de crise du logement.

Des données publiées par la Société canadienne d’hypothèques et de logement en mai ont révélé que le taux d’inoccupation pour les appartements dans les villes de moins de 10 000 personnes se situait à 1,5 % au Québec.

Des représentants de municipalités expliquent que la pandémie de COVID-19 n’a pas créé ce problème, mais a exacerbé des problèmes déjà existants. Parmi ceux-ci, on retrouve le manque d’immeubles à logements dans les petites villes, la flambée de l’immobilier, la popularité des sites web de location comme Airbnb et la difficulté d’attirer des promoteurs.

 

La situation critique des Îles-de-la-Madeleine

Aucune région n’est autant affectée par ces enjeux que les Îles-de-la-Madeleine, où le taux d’inoccupation pour plusieurs types de logements se situe à 0 %, selon le député péquiste Joël Arseneau.

Les prix des maisons sur l’archipel ont monté de 60 % dans la dernière année, a-t-il dit, ajoutant que la plupart des acheteurs sont des résidents saisonniers ou des gens qui veulent louer les maisons pour en tirer profit.

M. Arseneau a aidé à mettre en place une équipe de crise plus tôt cette année après avoir reçu une quarantaine d’appels de gens qui se seraient retrouvés « à la rue » ou qui auraient été forcés de vivre dans une tente pendant l’été. Les autorités locales travailleraient encore avec la Croix-Rouge pour aider quelques familles.

Le député a indiqué qu’il collaborait avec des représentants municipaux pour que plus de logements soient construits. Une loi adoptée par l’Assemblée législative l’an dernier a donné le droit à la municipalité de subventionner les taxes foncières aux promoteurs qui construiraient du logement locatif. Un autre programme qui permettrait de subventionner des coûts de constructions serait bientôt proposé.

L’idée de limiter les locations à court terme pourrait éventuellement être mise de l’avant, mais il s’agit d’une proposition délicate étant donné que plusieurs résidents dépendent de la lucrative industrie du tourisme des Îles-de-la-Madeleine.

Même si certains promoteurs ont signalé leur intérêt, la construction dans cette région est difficile en raison de son isolement, des coûts élevés, des surfaces limitées et de la pénurie de main-d’oeuvre, selon M. Arseneau. « Nous avons besoin d’au moins 100 maisons, mais dans la prochaine année, serons-nous capables d’en construire 20, 40 ou 50? », demande-t-il.

« Il serait ambitieux de dire que nous pourrions complètement éliminer le déficit. »

 

De «défis particuliers»

La situation est aussi grave dans le Bas-Saint-Laurent, où le taux d’inoccupation dans les appartements à trois chambres à Rimouski a chuté à 0,2 %. Cela ne laisse « presque aucun appartement pour les familles », selon le porte-parole du Comité Logement Rimouski-Neigette, Alexandre Cadieux.

Le bas taux d’inoccupation de la région permettrait aux propriétaires d’adopter une approche discriminatoire, alors que certains refusent de louer à de nouveaux immigrants ou à des familles de plusieurs enfants.

Professeure associée en développement communautaire à l’Université du Cap-Breton, Catherine Leviten-Reid avance que les communautés rurales font face à des défis particuliers. Celles-ci manquent souvent de refuge pour les personnes en situation d’itinérance ou de groupes de défense du droit au logement.

De plus, le manque de données concernant l’itinérance et le logement rural rend la tâche plus difficile pour les politiciens et les groupes communautaires, a-t-elle affirmé en entrevue.

« Si votre population est de moins de 10 000 personnes, alors les données sur le marché immobilier de votre ville ne sont recueillies qu’à chaque cinq ans, indique Mme Leviten-Reid. Comme vous pouvez l’imaginer, c’est un vrai problème. »

Même si les enjeux de cette pénurie de logements sont complexes, des solutions existent pour y répondre, selon elle. Limiter les locations à court terme en serait une, mais construire des logements à long terme « abordables en permanence » devrait être priorisé.

 

Les coopératives d'habituation dans la mire

De retour à Saint-Donat, le maire Deslauriers affirme qu’il a considéré plusieurs options pour améliorer l’offre de logement, dont l’idée des coopératives d’habitation à but non lucratif. Il espère aussi que le gouvernement québécois développera plus de logements sociaux et réduira la paperasserie pour les promoteurs qui veulent construire des logements abordables.

Selon M. Deslauriers, la reprise de Saint-Donat après la pandémie de COVID-19 en dépend.

Des centaines d’emplois sont disponibles dans la ville, mais il admet que la plupart sont à faibles salaires. Plusieurs entreprises sont contraintes de réduire leurs heures d’ouverture parce qu’elles ne peuvent pas attirer de main-d’œuvre.

« Pour pouvoir travailler, les gens doivent pouvoir se loger », avance-t-il.

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