C'est la crise qui dictera les plans de la nouvelle ministre des Finances

Publié le 24/08/2020 à 08:56

C'est la crise qui dictera les plans de la nouvelle ministre des Finances

Publié le 24/08/2020 à 08:56

Par La Presse Canadienne

Chrystia Freeland, la ministre des Finances du Canada (Photo: Getty Images)

Perrin Beatty revenait chez lui quand son téléphone a sonné: c’était la nouvelle ministre fédérale des Finances, Chrystia Freeland, à peine 24 heures après sa nomination.

Pour le président de la Chambre de commerce du Canada, cet appel indique comment Mme Freeland abordera sa nouvelle mission. Elle tendra la main à plusieurs intervenants, écoutera leurs idées avant de prendre une décision.

« Elle travaille dur. Elle est accessible et pragmatique », souligne M. Beatty.

Mme Freeland succède à celui qui a été ministre des Finances depuis le retour au pouvoir des libéraux en 2015, Bill Morneau. Ce dernier a remis lundi sa démission.

Toutefois, ses premières heures ne semblent indiquer aucun changement de cap important au sein du ministère.

Lorsqu’elle s’est entretenue avec des journalistes au lendemain de sa nomination, Mme Freeland a parlé de politiques vertes et d’une croissance économique équitable et inclusive.

Elliot Hughes, un ancien conseiller de Bill Morneau, croit que le gouvernement libéral compte mettre les bouchées doubles dans son approche actuelle.

La stratégie correspond à ce que Mme Freeland avait exposé dans son livre publié en 2012, « Ploutocrats: The Rise of the New Global Super−Rich and the Fall of Everyone Else ». Elle y faisait valoir que les gouvernements devront se méfier des mégariches qui veulent utiliser leur poids politique et financier pour obtenir une plus grande part du gâteau, plutôt que de préparer un plus grand gâteau.

Le livre a été traduit en allemand, mais pas en français.

Selon M. Hugues, le milieu des affaires pourrait être surpris de voir à quel point elle souhaite aider le secteur privé, malgré ses écrits antérieurs.

« Ce n’est pas parce qu’elle a remis en question les ploutocrates qu’elle est nécessairement contre le monde des affaires », dit-il.

Selon le président du Congrès du travail du Canada, Hassan Yussuf, Mme Freeland veillera à ce que les nouvelles dépenses ne laissent pas pour compte les femmes — qui ont été touchées de façon disproportionnée par les pertes d’emplois et la chute de revenus — à l’occasion de la reprise économique.

Ainsi, le gouvernement pourrait investir plus dans les programmes de garderie, notent des observateurs. Une telle stratégie serait profitable pour les libéraux, les partis d’opposition et les provinces avec lesquels Mme Freeland a beaucoup travaillé lors des négociations sur le libre-échange.

M. Yussuff et d’autres intervenants soulignent que la ministre avait alors bien utilisé les nuances de la politique américaine comme levier. Elle avait bien fait ses devoirs en tentant d’obtenir les idées des entreprises, des syndicats, des premiers ministres provinciaux et territoriaux, ainsi que de l’ensemble de la députation.

« Si les négociations pour le libre-échange nord-américain ont été dures, la reprise économique après la pandémie de COVID-19 sera un défi encore plus difficile », avance M. Hughes.

Les prévisions économiques laissent croire que même d’ici la fin de 2021, le chômage devrait demeurer élevé. Selon le gouvernement, quatre millions de personnes utiliseront une série de mesures de soutien annoncées jeudi qui coûteront 37 milliards $.

Les dépenses fédérales ont bondi au cours de la pandémie. Le gouvernement prévoit un déficit budgétaire de 343,2 milliards $ et une dette de 1,2 billion $, deux sommets.

Dans une lettre ouverte, le président du Conseil canadien des affaires, Goldy Hyder, a demandé à Mme Freeland « d’établir des objectifs budgétaires clairs [pour juger] les demandes incessantes de nouvelles dépenses ».

Ces demandes pourraient provenir de partis d’opposition en échange de leur soutien avant un vote de confiance, de ministères ou même de membres du caucus libéral.

Selon la directrice des politiques économiques provinciales et fiscales à la Banque Scotia, Rebekah Young, le déficit et la dette constitueront probablement une contrainte pour tout nouveau plan de dépenses que pourrait élaborer Mme Freeland, car ils peuvent ralentir la croissance à long terme.

« Si elle compte dépenser beaucoup plus, elle risque d’effrayer un peu les marchés qui pourraient penser que le gouvernement ne porte pas son attention sur les conditions économiques, mais davantage sur l’aspect politique des dépenses », avance Mme Young.

Mme Freeland n’a pas pu dire jeudi à quoi ressemblera son premier budget, mais elle a ajouté que le gouvernement continuerait de faire ce qui serait nécessaire pour soutenir les Canadiens.

L’une des prochaines étapes est la refonte du filet de sécurité sociale qui sera plus détaillée dans un discours du Trône à la fin du mois prochain. Un budget — qui sera placé sous la loupe des travailleurs et des entreprises tant au pays qu’à l’étranger — pourrait être présenté peu de temps après

« Son succès est essentiel pour le pays et cela signifie qu’elle a besoin du soutien absolu du premier ministre et des membres du conseil des ministres, souligne M. Beatty. Ils doivent comprendre que le monde entier les regarde. »

 

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