Les malheurs des uns, le bonheur des autres

Publié le 29/04/2010 à 16:58

Les malheurs des uns, le bonheur des autres

Publié le 29/04/2010 à 16:58

Par Jean-Paul Gagné

Blogue. Tant la poursuite que lui a intentée la Securities and Exchange Commission (SEC), les courriels compromettants rendus publics par le Congrès et les dépositions que ses dirigeants viennent de faire au Congrès, tout démontre l’immoralité des dirigeants de Goldman Sachs dans la distribution de produits financiers dérivés des fameux « supprimes » américains, ces prêts hypothécaires à haut risque consentis à des emprunteurs qui n’avaient pas les moyens de leurs ambitions.

Goldman a vendu des paquets de titres de dette obligataire (CDO) basées sur des créances hypothécaires de mauvaise qualité et qui devaient faire défaut, alors qu’elle-même et un fonds spéculatif (Paulson & Co.) prenaient des positions de marché en acquérant des CDS (pour credit default swaps) qui leur permettaient de profiter de la débâcle attendue. Goldman avait créé les dérivés de crédit utilisés par Paulson.

L’œuvre de Dieu

Lloyd Blankfein, président de Goldman, qui a déjà déclaré « faire l’œuvre de Dieu », soutient que les acheteurs de CDOs (des institutions financières) devaient savoir de qu’elles faisaient et que Goldman n’avait pas à leur dire qu’elle achetait elle-même de l’assurance sur l’effondrement de ces titres.

Autrement dit, Goldman se définit comme un « trader »(négociant), et non un « conseiller financier ». Autrement dit, s’il y en a qui comprennent mal ce rôle, c’est leur problème.

Puisqu’il n’y a pas de règlementation sur les dérivés de crédit et, donc qu’elle n’avait pas d’obligation de divulgation, Goldman a probablement agi dans la légalité, ce qui ne peut pas dire que les transactions qu’on lui reproche étaient morales ou éthiques. Tout indique que non, ce qui aidera l’administration Obama à faire avancer son projet de réforme du système financier.

Après les subprimes, les dettes européennes

Les fonds spéculatifs (leurs 25 dirigeants les mieux payés ont réalisé des revenus personnels de 25 milliards de dollars en 2009, soit une moyenne d’un milliard) sont en réalité des joueurs de casino.

Leur recette pour faire de l’argent est de miser sur des anomalies (ou des vulnérabilités) détectées dans les marchés financiers. Et comme ils sont rendus énormes, qu’ils ne sont pas réglementés et que leurs dirigeants ne semblent avoir aucune morale, il ne leur importe pas qu’ils mettent en danger des sociétés et même des pays. Ce sont des dommages collatéraux dont ils ne se voient pas responsables.

Dans cette logique, il serait étonnant qu’ils n’aient pas contribué à la faillite technique de plusieurs institutions financières lors de la crise financière en vendant à découvert les actions de ces institutions.

Aujourd’hui, ils ne feraient pas leur job s’ils ne s’attaquaient pas aux pays européens, qui croulent sous des montagnes de cette.

Leur stratégie est simple : vendre à découvert les obligations de ces pays et les racheter lorsque leur prix auront baissé. En réalité, ils ne vendent à découvert les titres eux-mêmes puisque cela demanderait trop d’argent pour les racheter par la suite. Ils utilisent plutôt des produits dérivés, dont les fluctuations sont beaucoup plus grandes et qui peuvent produire des rendements importants en peu de temps.

La Grèce

Et quand on sait que Goldman Sachs a aidé la Grèce à fausser sa véritable situation financière (notamment avec des swaps de devises) pour entrer dans la zone euro, n’est-ce pas cocasse que les grands spéculateurs (dont font partie Goldman) font aujourd’hui une fortune en vendant à découvert des titres de dette de ce même pays. Autrement dit, ils font de l’argent quand ça va bien et quand ça va mal en utilisant des stratégies contraires.

Et tant qu à y être pourquoi ne pas vendre à découvert l’euro lui-même puisque la dette de la Grèce est libellée en euro ?

Et tout cela fait boule de neige puisque ces rapaces sont à la fois nombreux et immoraux, sans compter que leur appétit est sans limite et que le marché leur est grand ouvert.

En fait, on pourrait les comparer à des pyromanes qui peuvent acheter à volonté de l’assurance sur les propriétés qu’ils incendient sans qu’ils aient à s’inquiéter puisque personne ne réglemente leur travail sordide.

Le Dieu argent

Au fond, qu’importe s’ils trichent. Ne font-ils pas beaucoup d’argent et n’ont-ils à cause de cela beaucoup d’influence ? Ne supportent-ils de bonnes causes ?

À titre d’exemple, Goldman aurait consacré un milliard de dollars en 2009 à différentes œuvres, dont 500 millions pour créer un fonds de financement destiné aux PME.

C’est peut-être à quoi faisait référence Lloyd Blankfein lorsqu’il a dit « faire l’œuvre de Dieu », espérant peut-être ainsi se faire pardonner ses péchés et gagner son ciel.

Surréaliste ? Mais non, on est même au cœur de l’évangile selon Goldman Sachs !

 

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