Le retour des Nordiques à Québec: la tâche sera encore plus difficile en 2016

Publié le 29/12/2015 à 11:50

Le retour des Nordiques à Québec: la tâche sera encore plus difficile en 2016

Publié le 29/12/2015 à 11:50

Par Marc Gosselin

Québecor et la Ville de Québec ont accompli des pas de géants en 2015 afin de ramener une formation de la Ligue nationale de hockey (LNH) dans la Capitale-Nationale - le dépôt du dossier de candidature pour l'expansion en juillet et l'ouverture du Centre Vidéotron en septembre -, mais des nuages viennent assombrir les chances de réussites estiment deux experts interrogés par Les Affaires.

L'économiste en chef du Conference Board du Canada et vice-président principal, Glen Hodgson, est passionné de sport professionnel et de hockey. En compagnie de son ex-collègue Mario Lefebvre, il avait publié en 2014 Power Play: The Business Economics of Pro Sports. Selon l'auteur, quatre conditions sont essentielles à la réussite d'une franchise professionnelle dans une ville canadienne ou américaine :

1. La taille du marché ;

2. Le niveau de revenu par habitant ;

3. La présence suffisante de grandes entreprises et de sièges sociaux ;

4. L'égalité des conditions d'une franchise à l'autre au sein d'une même ligue (taux de change, présence ou non d'un plafond salarial).

Selon M. Hodgson, les conditions à Québec sont les mêmes qu'en 2014 à une exception : le taux de change du dollar canadien par rapport à la devise américaine. « C'est devenu le facteur le plus complexe. Par exemple, les 500 millions de dollars américains exigés par la LNH dans le processus actuel d'expansion équivalent maintenant à près de 700 millions de dollars canadiens », dit M. Hodgson.

D'ailleurs, l'économiste est loin d'être convaincu que l'expansion est la meilleure solution pour Québec. Pour 500 M$ US, Québec obtient l'équivalent de la huitième équipe la plus valorisée au classement du magazine Forbes, dit-il. «À côté de cela, les Coyotes de Phoenix valent seulement 200 M$ US. Autrement dit, la LNH veut 2,5 fois la valeur d'une franchise comme celle de Phoenix.»

Même si le dollar canadien a reculé de plus de 15% depuis le début de 2015 par rapport au billet vert et que le prix du pétrole a chuté de 66 % en 15 mois, Glen Hodgson estime qu'il est encore possible de ramener avec succès une équipe de la LNH à Québec. Cependant, elle devra compter sur un propriétaire qui aura de bons moyens et sur une équipe de direction qui gérera de manière prudente le plafond salarial. «Québec devra s'inspirer des Sénateurs d'Ottawa, qui n'a pas construit ses équipes sur le marché des agents libres, mais plutôt par l'intermédiaire du repêchage. Dans le cas d'une expansion, les partisans devront faire preuve de patience, car le talent ne sera pas au rendez-vous au repêchage de l'expansion.»

Un cadeau empoisonné

Le professeur titulaire et expert en marketing du sport de l’ESG UQAM, André Richelieu, est très sceptique sur les probabilités de réussite d'une franchise de la LNH à Québec. «D’un point de vue économique, une expansion n’aurait pas de sens à Québec, ce serait un cadeau empoisonné. Avec un tel investissement, il est impensable d’envisager avoir une équipe compétitive avant plusieurs années.»

La voie la plus logique serait l'achat et le transfert d'une franchise, indique l'expert. «Il y a un monde de différence entre l’acquisition des Jets de Winnipeg et leur transfert, en 2011, et l’expansion à laquelle la LNH veut procéder en 2017 ou 2018. Avec la somme de 190 M$ US, les Jets ont eu une équipe, tandis qu’avec 500 M$ US, Québec n’a rien, elle a seulement le droit de joindre le circuit Bettman. Québecor devra débourser de 100 à 150 M$ US supplémentaires pour mettre son équipe sur pied et lancer les activités de la franchise des Nordiques.»

Cependant, André Richelieu estime que de tels déménagements d'équipes donneraient l'image d'un circuit professionnel en difficultés. Un tel scénario très mauvais pour l'image de la LNH qui représenterait un aveu d'échec pour Gary Bettman, notamment en ce qui concerne l'expansion dans le sud des États-Unis, explique M. Richelieu.

«À la fin du processus, c’est Gary Bettman qui va décider. C’est son héritage. Le commissaire de la LNH ne veut pas d’échec. Un deuxième échec à Québec lui ferait perdre la face. Il est en poste depuis 20 ans et il ne sera pas là éternellement. Il veut partir dans le succès. Ce sera une de ses dernières grandes décisions. Ça va marquer sa gestion de la LNH et l’héritage qu’il va laisser. C’est une dimension qu’on occulte souvent, mais elle occupe une place d’importance», souligne le professeur titulaire de l'ESG UQAM.

Rappelons que les gouverneurs des équipes de la LNH ont mis sur la glace le processus d'expansion lors de leur rencontre de décembre. Outre Québec, seul un groupe de Las Vegas avait déposé en juillet dernier son dossier de candidature. Autrement dit, on ne se bouscule pas aux bureaux de la LNH à New York.

À défaut d'encourager leurs Nordiques, les partisans de Québec devront se contenter de matchs hors-concours de la LNH en septembre 2016. En attendant le retour tant espéré des Nordiques, la patience s'imposera.

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