"Il faut être deux pour négocier"

Publié le 03/10/2011 à 00:00, mis à jour le 03/10/2011 à 16:33

"Il faut être deux pour négocier"

Publié le 03/10/2011 à 00:00, mis à jour le 03/10/2011 à 16:33

Par lesaffaires.com

« Il faut être deux pour négocier »
Réponse à Gaétan Frigon

Par J. Serge Sasseville
Vice-président, Affaires corporatives et institutionnelles
Quebecor Media

Monsieur Frigon,

Dans une récente chronique vous déploriez les attitudes de Bell et de Vidéotron dans le différend qui les anime concernant la distribution de TVA Sports et RDS 2. Votre chronique omettait toutefois certains faits importants, en plus de faire des affirmations inexactes et c’est pourquoi je tenais à vous apporter, ainsi qu’à vos lecteurs, les précisions suivantes :

Précision #1: Vidéotron ne refuse pas de distribuer RDS2.

Il est tout à fait faux d’affirmer que nous refusons de distribuer cette chaîne. Les négociations en ce sens se poursuivent et notre objectif est de pouvoir offrir cette chaîne à nos clients dès son lancement, prévu sous peu. En tout état de cause, si nous ne pouvions nous entendre sur le tarif exigé par Bell/CTV, nous proposerons le service à la carte qui permettra à nos clients qui le désirent de s'abonner à RDS 2. Il convient par ailleurs de souligner que, tout ancien monopole qu’il puisse être, Vidéotron fut le premier distributeur canadien à offrir, il y a de cela plus d’une dizaine d’années, des forfaits sur mesure qui permettent à ses clients de choisir eux-mêmes les chaînes auxquelles ils s’abonnent. Le CRTC soulignait d'ailleurs récemment, dans sa décision sur l'intégration verticale, la grande flexibilité des forfaits offerts par Vidéotron à ses clients, allant même jusqu’à la proposer comme un modèle à suivre.

Précision #2 : Vidéotron ne boycotte pas les chaînes de ses concurrents.

Vidéotron offre à tous ses clients, à l’intérieur de ses forfaits sur mesure, les 28 chaînes spécialisées de Bell, versant à celle-ci des redevances annuelles de plusieurs dizaines de millions de dollars. Vidéotron a en outre, depuis toujours, distribué le signal de RDS, avec un taux de pénétration de plus de 85 % de ses abonnés résidentiels. En contrepartie, RDS reçoit la redevance par abonné la plus importante parmi toutes les chaînes spécialisées, laquelle est deux fois plus élevée que celle versée à la chaîne spécialisée recevant la deuxième plus importante redevance de Vidéotron. Par ailleurs, lorsque que Bell a lancé RIS en 2004, Vidéotron a intégré cette chaîne à ses forfaits les plus populaires et à son offre libre-choix, si bien que plus de 40 % des clients résidentiels de Vidéotron sont maintenant abonnés à cette chaîne. Ces faits réels et indiscutables prouvent hors de tout doute la bonne foi de Quebecor Media de même que notre respect envers les besoins exprimés par notre clientèle.

Précision #3 : Bell refuse systématiquement de distribuer les nouvelles chaînes de Groupe TVA.

Pour sa part, Bell a carrément refusé de distribuer les trois dernières chaînes spécialisées lancées par Groupe TVA, soit Mlle qui s’adresse à un public féminin, Yoopa qui s’adresse aux enfants d’âge préscolaire et à leurs parents et Sun News, une chaîne anglophone de nouvelles et d’opinion. Maintenant, c’est au tour de TVA Sports de subir le même sort. Entre temps, Bell acceptait de distribuer des chaînes américaines comme Disney Channel, commercialisée par Astral, plutôt que nos chaînes canadiennes qui créent des emplois ici et ajoutent de la richesse dans le paysage audio-visuel canadien.

Manifestement, l’enjeu va bien au-delà de la négociation concernant TVA Sports et RDS 2. C’est le reflet d’une problématique plus profonde, soit l’obstruction systématique et unilatérale de Bell à tout ce qui provient de Quebecor Media et de ses compagnies affiliées.

Précision #4 : Le seul monopole est celui de Bell dans le sport télévisé

En traitant de monopoles, vous avez omis de mentionner que le seul véritable monopole dans le domaine de la télédiffusion est celui que Bell exerçait jusqu’à récemment dans le domaine sportif et qu’elle tente par tous les moyens de protéger. Il est clair que la venue de TVA Sports ne fait pas l’affaire de Bell. Certains prétendent même que le plan de RDS 2 était de devancer TVA Sports et ainsi bloquer le marché à la concurrence en s’appropriant l’ensemble des propriétés sportives disponibles dans le marché. Ainsi, le téléspectateur aurait eu le choix d’écouter du sport chez Bell, encore chez Bell et toujours chez Bell. On repassera pour la concurrence. Pour notre part, nous croyons que la compétition améliore le produit en ondes et sert l’intérêt de nos clients.

***

Nous sommes fiers de pouvoir affirmer que Vidéotron est le distributeur qui offre le plus grand nombre de chaînes francophones aux téléspectateurs québécois. Nous entendons continuer dans cette voie parce que nous mettons les consommateurs au centre de nos décisions d’affaires. Ceux-ci nous le rendent d’ailleurs bien en faisant de Vidéotron la société de télécommunication la plus admirée des Québécois depuis maintenant six ans.

Par souci d’équité, nous voulons simplement que TVA Sports soit offerte par Bell à ses clients à des conditions acceptables, c’est à dire aux mêmes conditions que celles offertes par Groupe TVA à sa compagnie sœur Vidéotron et autres distributeurs comme Shaw Direct, tout comme Groupe TVA avait offert Sun News à Bell, plus tôt cette année, aux mêmes conditions que celles offertes à Vidéotron et Shaw Direct.

Malheureusement, il faut être deux pour négocier et, comme Bell refuse systématiquement de distribuer les nouvelles chaînes spécialisées de Quebecor Media, l’impasse perdure, au grand dam des téléspectateurs québécois. Ceux-ci comprendront donc enfin ce que le PDG de Bell, George Cope, voulait dire, à la suite de l'acquisition de CTV, en affirmant qu'il considérait ces nouveaux actifs comme des avantages concurrentiels qu'il entendait exploiter dans le cadre de contenus exclusifs.

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