Citigroup, Nortel de la finance

Publié le 21/01/2010 à 16:56

Citigroup, Nortel de la finance

Publié le 21/01/2010 à 16:56

Par Jean-Paul Gagné

Blogue. Citigroup, le plus grand conglomérat financier au monde, a déclaré une perte de 7,6 milliards de dollars (G$ US) à son dernier trimestre de 2009. Pour l’année, la perte a été de 1,6 G$.

Citigroup a été formée par la fusion en 1998 de Citicorp, société mère de Citibank, et de Travelers Group, un consortium surtout présent dans l’assurance, la gestion d’actif, le financement corporatif et le courtage (Smith Barney).

Cette fusion devait produire des économies d’échelle et créer la société financière de l’avenir : une énorme multinationale de la finance faisant des activités dans tous les domaines et présente partout sur la planète (140 pays, 16 000 bureaux, 330 000 employés).

La fusion a produit des résultats financiers à court terme à la suite des dizaines de milliers de mises à pied qui ont résulté de l’intégration de certaines entités. Une fois cette phase terminée, Citigroup est devenue un monstre impossible à gérer : à cause de sa complexité, de éparpillement et de son incapacité à créer des synergies. Toutes les entités sont restées des silos.

De près de 60 $ à 1 $.

De près de 60 $ dans le haut du marché à l’été 2007, juste avant le début de la crise financière, à 0,97 $ au printemps 2009, l’action s’échange actuellement autour de 3,30 $, ce qui donne à Citigroup une capitalisation boursière de 75 G$. Entre les deux extrêmes mentionnés plus haut, la capitalisation boursière a fluctué de 1 300 G$ à 22 G$, une dégringolade qui rappelle celle de Nortel, dont l’action est passée de 120 à 1 $ à la suite de l’effondrement de la bulle techno.

Faillite technique

Alors que Nortel a fait une faillite technique et qu’elle a été sauvée grâce à des arrangements avec des créanciers, Citigroup aurait elle aussi fait faillite, n’eût été des 45 G$ prêtés par le gouvernement américain et des injections de liquidités par la Réserve fédérale.

Autres ressemblance, les deux sociétés ont été dirigées par des têtes enflées qui ne savaient pas ce qu’était la gestion des risques.

Il y a toutefois une grosse différence entre les deux. Nortel a trafiqué ses états financiers et des dirigeants sont poursuivis à cause de cela, alors que ce ne fut pas le cas pour Citigroup.

Sauve qui peut

Alors que Nortel tombe en lambeaux, Citigroup lutte pour sa survie. À l’instar de Nortel, Citigroup a vendu pour 350 G$ d’actifs et mis à pied plus de 100 000 employés. Comme toujours, ce sont ces derniers qui paient pour la mauvaise gestion des hauts dirigeants, qui se sont tout de même partagé autour de 5 G$ en bonis l’an dernier. Certains hauts dirigeants sont partis avec des allocations de départ de plusieurs dizaines de millions de dollars après avoir mis leur société en faillite technique.

Cette année, les bonis dépasseraient encore les 5 G$, mais tout le monde serait plafonné à 100 000 $, soit le maximum permis par le gouvernement pour les compagnies qui ont bénéficié de l’aide de l’État, et qui n’ont pas encore remboursé la totalité des prêts reçus du gouvernement. Washington détient encore plus de 25 % du capital de la banque new-yorkaise.

Pour sa part, Vikram Pandit, chef de la direction, vent montrer l’exemple. Il sera payé 1 $ par année aussi longtemps que Citigroup n’aura pas retrouvé sa rentabilité.

La solution

La vraie solution aux problèmes de Citigroup est le retour au bon sens, soit la poursuite du démantèlement de cet empire trop complexe pour être gérable avec efficacité.

Barack Obama vient de proposer de sortir des banques commerciales les activités de transactions faites pour elle-même « Proprietary Trading » de façon à ne laisser dans la banque principale que les activités d’intermédiation financière (cueillette de l’épargne, prêts, courtage, financement corporatif). C’est ce que suggère depuis des mois Paul Volcker, ex-président de la Réserve fédérale et conseiller financier de la Maison blanche. Il faudra maintenant voir ce que le Congrès américain fera de cette proposition, que des lobbyistes s’activent déjà à combattre.

Les marchés financiers n’ont pas aimé la proposition, ce qui a entraîné une chute marquée des actions de sociétés financières à la Bourse de New York.

Après le débat sur la santé, voilà un autre défi majeur pour le président Obama.

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