Au moins 127 personnes ont été tuées et des centaines d'autres blessées mardi à Bagdad, ensanglantée par une série d'attentats coordonnés. C'est la pire vague de violences dans la capitale irakienne depuis plus d'un mois selon les autorités.
Au total, cinq attentats ont secoué Bagdad, parmi lesquels deux attentats-suicide à la voiture piégée et l'explosion d'un véhicule près de bâtiments gouvernementaux. Des attaques qui montrent que les insurgés gardent la capacité de frapper des cibles sensibles au coeur de la capitale.
C'est la troisième fois depuis août que des édifices publics sont visés par des explosions faisant plus d'une centaine de morts. Le 25 octobre dernier, un double attentat suicide près de bureaux gouvernementaux avait tué au moins 155 personnes. En août des kamikazes avaient visé les ministères des Finances et des Affaires étrangères, faisant plus d'une centaine de morts. Les autorités irakiennes avaient alors imputé ces attaques à une alliance entre Al-Qaïda en Irak et les fidèles du parti Baas de Saddam Hussein désormais interdits.
"Les mêmes mains qui ont perpétré les attentats d'août et octobre ont perpétré les attentats d'aujourd'hui contre des civils innocents", a encore accusé le général Qassim al-Moussawi, porte-parole de l'armée irakienne.
Mardi, les attentats visaient clairement les autorités irakiennes. Trois explosions se sont succédées en l'espace de quelques minutes. Un complexe proche du ministère du Travail a été visé, de même que le siège de la cour d'appel non loin de la Zone verte, le secteur sous haute protection de la capitale, et le nouveau site du ministère irakien des Finances, dont les anciens bureaux ont été détruits dans une explosion en août.
Selon la police et des sources hospitalières, 112 personnes ont été tuées et au moins 390 autres blessées lors de ces trois attentats.
D'après la police irakienne, au moins deux des attentats ont été perpétrés par des kamikazes, dont l'un au volant d'une ambulance bourrée d'explosifs. L'autre a foncé sur une barrière près de la cour d'appel et fait exploser le véhicule au moment où les gardes ouvraient le feu.
Environ une heure plus tard, un kamikaze frappait une patrouille de police dans le quartier majoritairement sunnite de Dora, dans le sud de Bagdad, tuant au moins trois policiers et 12 civils, et blessant cinq autres personnes.
Dans l'est de la capitale, une bombe a explosé près de l'université de Technologie, manquant une patrouille de police mais tuant un passant et en blessant quatre autres selon la police de Bagdad.
Ces attaques surviennent alors que la situation était relativement calme dans la capitale irakienne depuis le double attentat de fin octobre. Cette série d'attentats est venue renforcer les craintes sur les défaillances de la sécurité irakienne au moment où les forces américaines préparer leur retrait. Le Parlement irakien a tenu une séance d'urgence, nombre de parlementaires exigeant des réponses aux apparentes lacunes du système de sécurité.
Une montée de l'insurrection risque de porter atteinte à la crédibilité du gouvernement irakien avant les élections nationales, dont la date a été fixée mardi au 6 mars prochain, soit un retard de plus de sept semaines sur l'échéance initialement prévue.
