Montréal, l'île aux trésors

Publié le 19/06/2010 à 00:00

Montréal, l'île aux trésors

Publié le 19/06/2010 à 00:00

Montréal, c'est un milieu diversifié qui ne cesse d'étonner. C'est aussi une île, ce qui lui confère une identité unique au monde. À ma connaissance, aucune grande ville n'est située uniquement sur une île, même pas New York. Les eaux du Saint-Laurent et de l'Outaouais (par la rivière des Mille-Iles) encerclent ses 363 km2 (sans compter les villes défusionnées). C'est trois fois et demie la superficie de Paris !

À l'époque, Maisonneuve pensait bien faire en installant sa petite colonie sur la plus grande île de l'archipel d'Hochelaga, où elle serait plus facile à défendre... Aujourd'hui, ce sont plutôt les banlieusards et les camions qui se heurtent à cette défense naturelle en pestant contre les ponts régulièrement engorgés.

Remarquez, Montréal réussit fort bien à se paralyser toute seule. De l'échangeur Turcot à la rue Notre-Dame, des chantiers pourtant essentiels ne parviennent toujours pas à décoller. Et je ne vous parle pas du CHUM... Il y a toujours le Bixi, répond l'écho. Oui, mais malheureusement, la formule vélo, boulot, dodo, si originale soit-elle, ne convient pas à tout le monde.

Immobilisme et vitalité

Cette propension apparente à l'immobilisme permet au reste du Québec de casser du sucre sur le dos de Montréal, qu'on admire et qu'on exècre en même temps.

Si rien ne se passait vraiment sur l'île, l'ancienne métropole ne serait rien de plus qu'une bourgade agonisante. Or, malgré ses défaillances, Montréal continue de se développer et de faire preuve d'une extraordinaire vitalité. Ses festivals sont les plus courus du Canada. Ses nouvelles industries techno - les jeux vidéos, par exemple - profitent de sa mixité culturelle pour attaquer un marché devenu mondial. L'ouverture d'esprit de ses habitants en fait un haut lieu de créativité. Qui aurait pensé un jour que Montréal déroberait aux capitales des Vieux pays le statut de capitale du cirque ? Et qu'un établissement comme la Tohu rejoindrait l'École nationale de cirque et le siège social du Cirque du Soleil pour créer une véritable cité... sur la carrière Miron, un ancien dépotoir ?

On pourrait en ajouter encore longtemps, mais force est de reconnaître que la " région " de Montréal est au fond une ville, avec ses bons et ses moins bons visages. Oui, c'est vrai, il lui arrive d'être mal fagotée dans ses " rues sales et transversales ", mais on peut également respirer dans le voisinage des arômes venus d'outre-mer et qui font voyager les papilles. Les jeunes qui y grandissent peuvent devenir des bums, oui, mais aussi de brillants entrepreneurs. Une grande ville mène à tout, même à la réussite.

Le Québec profond sera toujours décontenancé par cette région, pardon, cette ville brouillonne, qui ne suit pas les consignes mais qui réussit quand même à gagner. Il m'a fallu, et je ne suis pas le seul dans mon cas, de longues années pour l'apprivoiser. Je pense maintenant qu'avec un peu d'efforts et de chance, elle a tout pour redevenir l'île aux trésors.

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