Voyants économiques au rouge dans un Royaume-Uni en crise politico-financière

Publié le 21/10/2022 à 09:18

Voyants économiques au rouge dans un Royaume-Uni en crise politico-financière

Publié le 21/10/2022 à 09:18

Par AFP

Un porte-parole du gouvernement a affirmé vendredi que le travail continu pour la présentation budgétaire de moyen terme. (Photo: 123RF)

Londres — Record de la dette, chute des ventes au détail, confiance en berne: l’économie britannique accumule de nouveaux signaux négatifs dans un pays en pleine crise politico-financière.

Les intérêts de la dette britannique ont atteint 7,7 milliards de livres en septembre, 2,5 milliards de plus qu’un an auparavant. C’est le montant le plus élevé versé depuis le début de ces statistiques mensuelles en 1997.

Depuis la mi-2021, la charge de la dette de l’État «a considérablement augmenté, non pas à cause de la hausse de la dette», mais «largement à cause de l’inflation», a commenté l’Office national des statistiques (ONS) vendredi dans son rapport mensuel.

«Pour stabiliser les marchés, j’ai clairement dit que des décisions difficiles allaient être prises afin de protéger» les comptes de l’État, a prévenu Jeremy Hunt, le Chancelier de l’Échiquier.

Nommé il y a une semaine dans l’urgence face à la débâcle sur les marchés entraînée par le «mini-budget» de son prédécesseur au ministère des Finances, Jeremy Hunt a aussitôt annulé la quasi-totalité de ces mesures budgétaires dispendieuses et non financées à l’effet dévastateur. 

Il doit présenter un plan à moyen terme le 31 octobre, qui devrait inclure des baisses de dépenses publiques et de possibles hausses d’impôts, en totale opposition avec les promesses de campagne de l’éphémère Première ministre Liz Truss, poussée à la démission jeudi face au naufrage de son gouvernement. 

La pression monte notamment pour imposer une taxe sur les profits des compagnies énergétiques plus substantielle qu’actuellement. Et la presse britannique évoque une éventuelle taxation des banques, qui bénéficient de la flambée des taux d’intérêt.

Un porte-parole du gouvernement a affirmé vendredi que le travail continu pour la présentation budgétaire de moyen terme (…), même si sa mise en œuvre et son rythme appartiendra au nouveau ou nouvelle Premier ministre».

 

Crédibilité éreintée

Le plan de Jeremy Hunt est toutefois incertain, le nouveau chancelier n’étant pas sûr de rester en poste dans le prochain gouvernement.

En plein marasme politique, le pays traverse aussi une tempête économique avec une activité à plat, une inflation à plus de 10% — la plus forte du G7 —, une crise énergétique et des millions de Britanniques qui basculent dans la pauvreté.

Le tout se ressent sur la consommation: les ventes au détail ont chuté de 1,4% en septembre comparé à août, et elles déclinent depuis des mois.

L’ONS explique ce recul en septembre non seulement par la hausse du coût de la vie, mais aussi par l’impact de la journée de congé national pour les funérailles de la reine Elizabeth II le mois dernier, avec la fermeture de très nombreux commerces.

L’indice GfK sur la confiance témoigne également d’une humeur en berne des consommateurs.

La plateforme de livraison de repas Deliveroo a ainsi averti que le coût de la vie pesait sur sa clientèle, avec un nombre de commandes qui s’est notamment effrité sur un an au troisième trimestre, et des prévisions de croissance de recettes resserrées vers le bas.

Ces nouvelles moroses et le grand flou politique au Royaume-Uni pesaient vendredi sur la livre, qui effaçait tous ses gains de jeudi après l’annonce de la démission de Liz Truss: la monnaie britannique chutait de 1,08% à 1,111 2 dollars US, vers 12h00 GMT.

Un niveau déprimé qui illustre la défiance des investisseurs, tout comme les taux d’emprunt de l’État britannique, qui sont repartis à la hausse sur le marché obligataire.

Le taux de la dette à 30 ans montait ainsi de 1% à 4,025% vers 12h00 GMT, un niveau quadruplé comparé à fin 2021.

Le «mini-budget» l’avait poussé à plus de 5%, menaçant d’entrainer une spirale baissière et de dégénérer en crise financière, et la Banque d’Angleterre avait dû intervenir.

«Les turbulences politiques et la volte-face budgétaire ont éreinté la crédibilité» du pays chez les investisseurs internationaux, observe Richard Hunter, analyste d’Interactive Investor.

Les chiffres publiés vendredi ajoutent à ce tableau sombre et témoignent de la difficulté de la tâche pour le prochain gouvernement.

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