Ukraine: les Russes avancent dans l'est et tentent de renforcer leur emprise au sud

Publié le 25/05/2022 à 08:55, mis à jour le 25/05/2022 à 08:59

Ukraine: les Russes avancent dans l'est et tentent de renforcer leur emprise au sud

Publié le 25/05/2022 à 08:55, mis à jour le 25/05/2022 à 08:59

Par AFP

«La situation dans le Donbass est extrêmement difficile», a reconnu mardi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Selon lui, les Russes «veulent tout détruire» dans la région. (Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe tous les derniers développements à propos de l'invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 25 mai. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c'est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire.

8h47 | Kyiv — L’armée russe continue de progresser dans l'est de l'Ukraine, où Kyiv admet que la situation est «extrêmement difficile» pour ses troupes, pendant que Moscou évoque une offensive longue et tente de consolider son emprise sur les territoires conquis au sud.

Les Russes tentent coûte que coûte de resserrer leur étau sur la région de Lougansk, où ils «avancent dans toutes les directions à la fois», a affirmé mercredi le gouverneur régional côté ukrainien, Serguiï Gaïdaï, sur Telegram.

Moscou a décidé d'intensifier son offensive dans le Donbass (est), qui regroupe les régions de Lougansk et de Donetsk et que les Ukrainiens peinent à défendre, après avoir éloigné les forces russes des deux plus grandes villes du pays, Kyiv et Kharkiv (nord-est).

«La situation dans le Donbass est extrêmement difficile», a reconnu mardi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Selon lui, les Russes «veulent tout détruire» dans la région.

Mercredi matin, il a réclamé le «soutien d'une Europe unie», en déplorant le manque de cohésion des Occidentaux face à cette guerre qui vient d'entrer dans son quatrième mois, lors d'une prise de parole en visioconférence au forum économique de Davos (Suisse).

«Nous aurons l'avantage sur la Russie quand nous serons tous vraiment unis», a-t-il encore affirmé, regrettant notamment des dissensions à propos de l'adhésion de la Suède et de la Finlande dans l'OTAN ou d'un embargo total sur l'achat de gaz et pétrole russes.

C'est notamment pour défendre le Donbass, partiellement contrôlé depuis 2014 par des séparatistes prorusses, d'un prétendu «génocide», que le président russe Vladimir Poutine a déclenché le 24 février l'invasion de l'Ukraine.

«Nous continuerons l'opération militaire spéciale jusqu'à la réalisation de tous les objectifs», a insisté mardi le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou, ajoutant que Moscou s'apprêtait à mener une longue offensive en Ukraine.

Selon l'État-major ukrainien des armées, Moscou a davantage recours à son aviation pour appuyer ses troupes au sol et «détruire les infrastructures essentielles et militaires».

 

Intensification des frappes

Dans le Donbass, «les bombardements sont de plus en plus intenses» et «l'armée russe a pour objectif de détruire complètement Severodonetsk», ville stratégique au nord-ouest de Lougansk, a déclaré le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï.

Sur place, les villes sur la ligne de front ont été vidées de leurs habitants. Reste un nombre de personnes traumatisées, souvent âgées, qui passent la plupart de leur temps à se cacher dans des sous-sols sombres, très souvent à la seule lumière des bougies.

Comme dans la ville de Soledar, à quelques dizaines de kilomètres de Severodonetsk, où Natalia, 47 ans, est sortie de son sous-sol «juste pour voir des gens». Je sais que ça bombarde à côté, mais je sors quand même», déclare-t-elle à l'AFP au moment où une nouvelle détonation retentit. «Nous avons besoin de savoir que nous ne sommes pas seuls et qu'il y a toujours de la vie par ici», dit-elle.

Les obus d'artillerie et roquettes qui frappent Soledar et ses environs avec une fréquence croissante témoignent de l'intensification des frappes russes dans cette région industrielle. 

Le gouverneur Gaïdaï redoute que les Russes ne s'acharnent sur Lougansk comme sur Marioupol, grande cité portuaire du sud-est qu'ils ont conquise après des semaines de siège et de bombardements qui l'ont pratiquement rasé.

Près de 4 000 soldats ukrainiens y ont été capturés, selon le ministère russe de la Défense.

La Russie a indiqué qu'elle examinerait la question d'un échange de prisonniers avec l'Ukraine une fois que les détenus ukrainiens auront été jugés.

Kyiv veut organiser un échange de prisonniers de guerre, mais Moscou a indiqué à maintes reprises considérer au moins une partie d'entre eux, appartenant au régiment Azov, non pas comme des militaires, mais comme des combattants néonazis coupables de crimes de guerre.

 

Passeport russe

Sur le front méridional, Moscou s'affaire à consolider son emprise sur les territoires conquis depuis trois mois. 

À Marioupol, le déminage et la «démilitarisation» du port sont terminés et il a commencé «à fonctionner de manière régulière», a déclaré le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov.

La Russie a par ailleurs annoncé qu'elle allait permettre aux habitants des régions de Zaporijjia et de Kherson de demander un passeport russe via «une procédure simplifiée».

Le Parlement russe a par ailleurs aboli la limite d'âge pour s'engager dans l'armée, pour pouvoir notamment «attirer dans l'armée des experts de spécialités recherchées».

À Mykolaïv, proche de Kherson, la vie quotidienne reste très difficile, au rythme des pénuries, d'eau notamment, qui se multiplient.

Le bruit de l'artillerie gronde au loin et les sirènes anti-bombardements aériens retentissent à certains moments, mais Anna Bondar attend patiemment son tour pour faire le plein d'eau potable. À 79 ans, elle a un mari alité et passe deux à trois heures par jour à ramener de l'eau chez elle. «Je suis très fatiguée», avoue-t-elle à l'AFP.

Depuis que des combats ont mis hors d'état un pipeline en avril et coupé l'accès à l'eau, les habitants vont à pied, en voiture ou encore à vélo à la recherche de camions-citernes.

 

Crise alimentaire

Accentuant leur pression sur la Russie, les États-Unis ont annoncé mettre fin à une exemption permettant à Moscou de payer ses dettes en dollars. Cette décision pourrait précipiter la Russie dans le défaut de paiement. Moscou remboursera sa dette en roubles, a répliqué le ministère russe des Finances.

Le président du Conseil européen Charles Michel a de son côté déclaré qu'il restait «confiant» en un accord sur un embargo de l'UE sur le pétrole russe d'ici au début du Conseil européen lundi, malgré le blocage hongrois.

La Commission européenne a présenté mercredi des propositions législatives pour faciliter une confiscation des avoirs d'oligarques russes sur liste noire, précisant que 10 milliards d'euros d'avoirs de personnalités sanctionnées avaient été gelés dans l'UE.

Le ministre adjoint russe des Affaires étrangères, Andreï Roudenko, a exigé mercredi la levée des sanctions visant les exportations russes et les transactions financières comme condition pour éviter la crise alimentaire mondiale qui se dessine du fait de la guerre.

L'Ukraine, gros exportateur de céréales, voit sa production bloquée du fait des combats, et celle de la Russie, autre puissance céréalière, ne peut être vendue en raison des sanctions touchant les secteurs financiers et logistiques.

En trois mois de conflit armé, 234 enfants ont été tués et 433 blessés, a dénoncé mardi le bureau de la procureure générale d'Ukraine Iryna Venediktova.

Au total, des milliers de civils et de militaires ont péri, sans qu'il existe un bilan chiffré. Pour la seule ville de Marioupol, Kyiv parle de 20 000 morts.

Plus de huit millions d'Ukrainiens ont été déplacés à l'intérieur de leur pays, selon l'ONU. S'y ajoutent 6,5 millions qui ont fui à l'étranger, dont plus de la moitié — 3,4 millions — en Pologne.

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