Ukraine: intensification des combats dans l'est

Publié le 16/05/2022 à 08:23, mis à jour le 16/05/2022 à 10:38

Ukraine: intensification des combats dans l'est

Publié le 16/05/2022 à 08:23, mis à jour le 16/05/2022 à 10:38

Les forces russes et ukrainiennes se font face violemment dans le Donbass, où les forces de Moscou concentrent leur effort, mais progressent peu voire reculent. (Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe tous les derniers développements à propos de l'invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 16 mai. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c'est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire. 

10h22 | Kyiv — Kyiv s'attendait lundi à une intensification de l'offensive russe dans le Donbass, dans l'est de l'Ukraine, tandis que Vladimir Poutine prévenait que Moscou réagirait au «déploiement d'infrastructures militaires» de l'OTAN en Finlande et en Suède, proches de présenter formellement leur candidature à l'Alliance atlantique. 

Après bientôt trois mois de guerre, le ministère ukrainien de la Défense s'est félicité lundi que ses forces aient «expulsé les Russes» de la région frontalière au nord de Kharkiv (nord-est), publiant sur son compte Facebook une vidéo de soldats ukrainiens devant un poteau-frontière peint aux couleurs de l'Ukraine, jaune et bleu.

Les forces russes ont bombardé des semaines durant des quartiers nord et est de Kharkiv, la deuxième ville du pays, à partir de localités repassées récemment sous contrôle ukrainien.

Le ministère russe de la Défense a néanmoins affirmé que ses troupes avaient, dans la nuit de samedi à dimanche, tiré des «missiles de haute précision» sur des «points de commandement» ukrainiens dans cette région, notamment à Tsapivka, ainsi que sur des dépôts d'armement dans les régions de Donetsk et Lougansk (est), qui forment le Donbass.

Les autorités ukrainiennes s'attendent à ce que le désengagement de la région de Kharkiv serve à renforcer les forces russes dans le Donbass, où elles ne progressent que laborieusement, selon Oleksiï Arestovytch, conseiller de la présidence ukrainienne.    

«On se prépare à de nouvelles tentatives de la Russie d'attaquer dans le Donbass», pour «intensifier son mouvement vers le sud de l'Ukraine», a aussi indiqué le président ukrainien Volodymyr Zelensky dimanche soir.

Plusieurs responsables occidentaux, notamment les services de renseignement militaire britanniques, ont souligné ces derniers jours que l'offensive russe dans l'est de l'Ukraine n'avait récemment réalisé aucun gain territorial substantiel.

Les Russes transfèrent notamment dans la région de Lougansk des troupes venues de la région de Kharkiv, plus au nord, selon Oleksiï Arestovytch. 

Après trois semaines de tentatives infructueuses, ils tentent de boucler l'encerclement de Severodonetsk, devenue capitale régionale ukrainienne depuis que des forces séparatistes soutenues par Moscou se sont emparées d'une partie du Donbass en 2014.

Malgré les appels des autorités ukrainiennes à évacuer la ville de Lyssytchansk, séparée de Severodonetsk uniquement par la rivière Siversky Donets et régulièrement bombardée, plus de 20 000 civils — sur une population de 100 000 avant la guerre — sont restés, selon des volontaires qui distribuent de l'aide dans la région.  

«Je pense que les gens ne saisissent pas entièrement la situation», a déploré Viktor Levtchenko, un policier tentant de les convaincre d'évacuer. «Nous devons esquiver les bombardements et traverser des zones très dangereuses pour arriver jusqu'à eux, les nourrir et essayer de les évacuer.» 

Selon les autorités ukrainiennes, 10 personnes ont été tuées dans des frappes de missiles au cours des dernières 24 heures, dont six dans la région de Donetsk, deux dans le bombardement d'un hôpital à Severodonetsk, dans la région de Lougansk, et deux à Mykolaïv (sud), selon les autorités ukrainiennes. 

À Marioupol, grande ville dévastée par les bombes au sud du Donbass, le ministère russe de la Défense a annoncé lundi avoir instauré un cessez-le-feu autour d'Azovtsal, afin d'évacuer les soldats ukrainiens blessés — au nombre de 600, selon les Ukrainiens — retranchés dans cette immense aciérie, dernière poche de résistance ukrainienne de ce port stratégique. 

Moscou propose cependant de les transférer vers des hôpitaux situés en territoire contrôlé par les forces russes et prorusses, ce que les Ukrainiens risquent de refuser.

 

«Pas une menace immédiate»

Le Kremlin multiplie depuis la semaine dernière les avertissements sur un autre front, celui de l'élargissement probable de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) à la Finlande et la Suède, deux pays que l'invasion russe de l'Ukraine, lancée le 24 février, a poussés à renoncer à des décennies de non-alignement militaire.

Le président russe Vladimir Poutine a estimé lundi que les adhésions de la Finlande et de la Suède à l'OTAN ne constituaient pas «une menace immédiate, mais le déploiement d'infrastructures militaires sur les territoires de ces pays entraînera bien sûr une réponse», a-t-il déclaré lors d'un sommet d'une alliance militaire régionale au Kremlin. 

La Russie avait notamment justifié son attaque en Ukraine par le rapprochement de son voisin occidental avec l'OTAN, estimant que cela posait une menace «existentielle» pour sa sécurité. 

Avec l'entrée probable de la Finlande dans l'OTAN, c'est 1 300 km de frontière supplémentaires que la Russie partagera avec l'Alliance atlantique.

Après la Finlande dimanche, la Suède a annoncé lundi qu'elle allait demander son adhésion à l'OTAN, après une consultation de son Parlement.

Ces candidatures prouvent «qu'une agression ne paie pas», a jugé le secrétaire général de l'Alliance atlantique Jens Stoltenberg, assurant que son organisation était prête à renforcer les «garanties de sécurité» pour ces deux pays.

Il s'est aussi dit «confiant» dans la possibilité pour les pays de l'Alliance de trouver un compromis avec la Turquie, qui a la semaine dernière manifesté son hostilité à l'adhésion des deux pays nordiques.

 

L'UE «prise en otage» par la Hongrie

Après une visite en Allemagne où il s'est félicité de l'évolution de la position de Berlin, désormais prêt à livrer des armes lourdes à Kyiv, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba était lundi à Bruxelles, pour discuter notamment de nouvelles sanctions contre la Russie.

Ses homologues de l'UE y sont réunis pour tenter de débloquer un projet d'embargo sur le pétrole russe, refusé par la Hongrie qui en est très dépendante — au grand dam des États membres les plus proches de Kyiv.

«Toute l'Union est malheureusement prise en otage par un État membre qui ne peut pas nous aider à trouver un consensus», a déploré le chef de la diplomatie lituanienne, Gabrielius Landsbergis, à son arrivée au siège du Conseil européen.

En attendant, les effets de sanctions inédites déjà adoptées par les Occidentaux se ressentent de plus en plus sur l'économie européenne.

La Commission européenne a annoncé lundi avoir abaissé de 1,3 point sa prévision de croissance économique pour la zone euro en 2022, à 2,7%, et augmenté de 3,5 points sa prévision d'inflation, à 6,1%, à cause du conflit.

Les sanctions ont notamment poussé le groupe automobile français Renault, leader en Russie avec 45 000 employés, et la marque Lada qu'il avait commencé à redresser après huit ans comme actionnaire majoritaire, à vendre ses actifs à l'État russe, première nationalisation d'ampleur depuis l'offensive russe en Ukraine.

La marque au losange a indiqué lundi avoir cédé sa participation majoritaire (67,69%) dans le groupe Avtovaz au NAMI, l'institut russe de recherche et de développement des automobiles et des moteurs. Le ministre russe du Commerce et de l'Industrie avait indiqué fin avril que la transaction se ferait pour «un rouble symbolique», ce que Renault n'a pas voulu confirmer.

La direction du groupe avait déjà annoncé qu'elle allait passer au premier semestre une provision de 2,2 milliards d'euros environ en raison de cette vente.

Le marché russe s'est effondré avec le conflit ukrainien et les usines du groupe tournaient au ralenti, voire pas du tout, en raison de la pénurie de composants importés provoquée par les sanctions. 

Lundi également, le géant américain de la restauration rapide McDonald's, présent en Russie depuis plus de 30 ans, mais qui avait fermé temporairement ses 850 restaurants début mars, a annoncé se retirer définitivement du pays.

Le groupe, qui employait 62 000 personnes en Russie, cherche à revendre l'intégralité de son portefeuille russe à un acteur local, mais aucun repreneur n'a été annoncé pour l'instant.


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