Guerre en Ukraine: la situation sur le terrain au 111e jour

Publié le 14/06/2022 à 11:11, mis à jour le 14/06/2022 à 15:45

Guerre en Ukraine: la situation sur le terrain au 111e jour

Publié le 14/06/2022 à 11:11, mis à jour le 14/06/2022 à 15:45

«Un couloir humanitaire sera ouvert en direction du nord (jusqu'à la ville de Svatove) le 15 juin» de 01h00, heure du Québec à 13h00, a indiqué le ministère russe de la Défense. «L'évacuation en toute sûreté de l'ensemble des civils, sans exception (…) est garantie», a-t-il assuré. (Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe tous les derniers développements à propos de l'invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 14 juin. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c'est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire. 

 

15:30 | Les forces russes optent mardi pour l’encerclement des soldats ukrainiens retranchés à Severodonetsk, tentant de briser leur ultime résistance après des semaines de pilonnage de cette ville clé du Donbass (est). 

La prise de cette ville de 100 000 habitants donnerait aux Russes un avantage majeur pour le contrôle du bassin du Donbass. Cette région essentiellement russophone est en partie tenue par des séparatistes prorusses depuis 2014.

La présidence ukrainienne a par ailleurs signalé cinq civils tués et 11 blessés en 24 heures dans les régions de Kharkiv (nord-est), Lougansk et Donetsk (est) et des «bombardements nocturnes» notamment à Soumy, Dnipro, Kharkiv et Mykolaïv.

Voici un point de la situation au 111e jour de la guerre à partir d’informations des journalistes de l’AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d’analystes et d’organisations internationales.

 

L’Est

L’armée russe a indiqué avoir lancé des missiles sur «une vingtaine de zones» du Donbass et sur Kharkiv avec des frappes aériennes sur une centaine de zones de «main-d’œuvre et d’équipements militaires» ennemis.

À Severodonetsk, la grande usine chimique Azot, où sont réfugiées quelque 550 personnes, est constamment bombardée, selon le chef de l’administration de la ville. Si le ravitaillement est «difficile, il y a “quelques réserves” dans l’usine», a-t-il déclaré.

Les forces russes ont détruit un troisième pont reliant Severodonetsk à la ville voisine de Lyssytchansk, mais les troupes ukrainiennes ne sont pas bloquées, selon un responsable local.

Le ministère russe de la Défense a annoncé la mise en place mercredi d’un couloir humanitaire pour l’évacuation, vers une localité sous contrôle russe, des civils réfugiés dans l’usine Azot. Moscou a les appelés à mettre fin à leur «résistance absurde».

Selon le ministère britannique de la Défense, les forces russes «ont probablement enregistré de petites progressions dans le secteur de Kharkiv» pour la première fois depuis des semaines. 

L’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW) estime pour sa part que les Russes «ont mené des assauts au sol inefficaces, dans le but de couper les lignes de communication ukrainiennes, près de Popasna et Bakhmout».

Des combats ont aussi été observés au sud-est d’Izioum et au nord de Sloviansk, avant un assaut russe possible sur Siversk, estime l’institut.

 

Le Sud

L’armée ukrainienne a signalé des combats aériens et attaques d’hélicoptères russes sur Mykolaïv et Kherson. Russes et Ukrainiens se combattent par ailleurs dans le nord-ouest de la région de Kherson.

 

Condamnés

Londres ne s’est «pas adressée» à la Russie pour interférer en faveur des deux ressortissants britanniques qui combattaient côté ukrainien et ont été condamnés à mort par les séparatistes prorusses, selon le Kremlin. 

«Tout dépendra d’une demande de Londres (…), mais je suis sûr que la partie russe sera prête à écouter», a précisé son porte-parole Dmitri Peskov.

 

Pape

Le pape François a fustigé «la férocité avec laquelle cette guerre est menée par les troupes, généralement des mercenaires, utilisés par les Russes».

«Mais le danger est que nous ne voyons que cela, qui est monstrueux, sans voir tout le drame qui se joue derrière cette guerre, qui a peut-être été, d’une certaine manière, provoquée ou non empêchée», a-t-il nuancé.

 

L’OTAN

La première ministre finlandaise Sanna Marin a estimé mardi que les demandes d’adhésion à l’OTAN de la Finlande et de la Suède pourraient être gelées «pendant un certain temps» si un accord avec la Turquie, qui bloque actuellement leurs candidatures, n’était pas trouvé avant le sommet de l’Alliance atlantique à la fin du mois.

 

Diplomatie

Le président français Emmanuel Macron était mardi soir en Roumanie pour saluer les 500 soldats français déployés sur une base de l’OTAN, avant un saut en Moldavie et un possible déplacement à Kyiv.

Sa visite en Ukraine — qui serait une première depuis le début de l’invasion russe le 24 février — pourrait se dérouler en compagnie du chancelier allemand Olaf Scholz et du premier ministre italien Mario Draghi, selon des médias allemands et italiens. Paris n’a pas confirmé.

 

Armes

L’Ukraine a reçu «environ 10% des armes» qu’elle réclame, a regretté la vice-ministre de la Défense, Anna Maliar. «Peu importe les efforts déployés par l’Ukraine, peu importe le professionnalisme de notre armée, sans l’aide de partenaires occidentaux, nous ne pourrons pas gagner cette guerre».

Une accélération des livraisons devrait être discutée mercredi à Bruxelles, lors d’une réunion du Groupe de contact pour l’Ukraine, autour du ministre américain de la Défense Lloyd Austin.

Washington a commencé à envoyer à Kyiv de l’équipement lourd, comme des obusiers, mais aussi des équipements de pointe comme des lance-roquettes multiples montés sur camions («Himars»), et des pièces d’artillerie de haute précision et d’une portée supérieure à celles de l’armée russe.

 

Dizaines de milliers de morts

Il n’existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. Pour la seule ville de Marioupol (sud-est), tombée en mai au terme d’un terrible siège, les autorités ukrainiennes avaient évoqué quelque 20 000 morts.

Sur le plan militaire, des sources de sécurité occidentales évoquent désormais de 15 000 à 20 000 soldats russes tués. Les forces ukrainiennes perdent chaque jour une centaine de soldats, selon Kyiv.

Aucune statistique indépendante n’est disponible.

 

Un tiers des Ukrainiens déplacés ou réfugiés

Plus de 7 millions d’Ukrainiens sont déplacés à l’intérieur de leur pays, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR). S’y ajoutent 7,4 millions qui ont fui à l’étranger, dont plus de la moitié en Pologne.

Avant l’invasion russe, l’Ukraine comptait 37 millions d’habitants dans les régions contrôlées par Kyiv.

 

10h53 | Lyssytchansk — La Russie a proposé mardi d'instaurer un couloir humanitaire pour évacuer les civils réfugiés dans une usine de Severodonetsk, ville clef du Donbass que se disputent Russes et Ukrainiens dans une bataille particulièrement destructrice, avec bombardements incessants et combats de rues.

«Un couloir humanitaire sera ouvert en direction du nord (jusqu'à la ville de Svatove) le 15 juin» de 01h00, heure du Québec à 13h00, a indiqué le ministère russe de la Défense. «L'évacuation en toute sûreté de l'ensemble des civils, sans exception (…) est garantie», a-t-il assuré.

Le ministère russe a appelé les Ukrainiens à hisser le drapeau blanc pour signaler qu'ils acceptaient cette proposition et à cesser une «résistance absurde», qui semble se concentrer désormais dans la vaste usine chimique Azot, emblématique de cette ville industrielle de l'est de l'Ukraine.   

Selon le chef de l'administration de Severodonetsk, Oleksandr Striouk, «540 à 560 personnes» sont réfugiées dans les souterrains de l'usine, une situation qui rappelle celle de l'aciérie Azovstal, qui fut des semaines durant la dernière poche de résistance ukrainienne du port de Marioupol, sur la mer d'Azov.

Les responsables ukrainiens n'ont pas immédiatement réagi à cette proposition de couloir d'évacuation.

Selon l'ONG Norwegian Refugee Council, qui avait jusqu'à récemment un grand centre à Severodonetsk, la situation est critique. 

Selon elle, les quelque 500 civils réfugiés à Azot sont «presque entièrement coupés de tout ravitaillement après la destruction du dernier pont» lundi reliant Severodonetsk à la ville voisine de Lyssytchansk, séparée par la rivière Donets.  

«Nous ne pouvons pas exagérer la gravité de la situation actuelle pour les civils pris au piège à Severodonetsk» en raison de la guerre, a déclaré Jan Egeland, secrétaire général de l'ONG, dans un communiqué.

Les responsables ukrainiens démentent cependant tout encerclement de leurs forces à ce stade. 

S'il a reconnu qu'un «troisième pont» avait été détruit, «la ville n’est pas isolée, il y a des voies de communication même si elles sont assez compliquées,» a affirmé mardi M. Striouk, en ajoutant que les forces ukrainiennes «tiennent bon».

Les forces russes et séparatistes prorusses tentent de s'emparer de Severodonetsk depuis plusieurs semaines. 

La prise de cette capitale administrative de 100 000 habitants, que les deux armées se disputent depuis des semaines, donnerait à Moscou le contrôle de la région de Lougansk et lui ouvrirait la route d'une autre grande ville, Kramatorsk, chef-lieu de la région voisine de Donetsk. Une étape indispensable pour conquérir l'intégralité du bassin du Donbass, région essentiellement russophone en partie tenue par des séparatistes prorusses depuis 2014.

 

Coût humain «terrifiant»

Lundi soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a une nouvelle fois réclamé des armes «modernes» aux Occidentaux, évoquant le coût humain «terrifiant» de la bataille de Severodonetsk. Kyiv avait fait état de 100 soldats morts et 500 tués quotidiennement dans la bataille la semaine dernière.

Un obus a ainsi frappé le paisible jardin de Maksym Katerine à Lyssytchansk, avec ses porcelets et ses poulets, tuant sur le coup sa mère Natalia et son mari Mykola, âgés tous deux de 65 ans, a constaté une équipe de l'AFP.  

«La bombe est tombée juste ici», dit Maksym en pointant du doigt une partie du jardin. «Je ne sais pas qui a fait ça, mais si je le savais, je leur arracherais les bras».

Lyssytchansk, comme Severodonetsk, est désormais pratiquement déserte, avec des câbles électriques sectionnés, des magasins calcinés, des fumées noires qui s'échappent des maisons. 

«Les Russes bombardent le centre-ville sans arrêt», a indiqué à l'AFP un policier local. «C'est 24h/24, +non stop+», ajoute son collègue.

L'armée russe a quant à elle indiqué avoir lancé des missiles sur «une vingtaine de zones» du Donbass, ainsi que sur la ville de Kharkiv, plus au nord. Et avoir procédé à des frappes aériennes sur une centaine de zones de «concentration de main-d'œuvre et d'équipements militaires des forces armées ukrainiennes». 

 

«Davantage d'armes lourdes»

Le chef de l’administration présidentielle ukrainienne Andriï Iermak a également réclamé mardi sur Telegram «davantage d’armes lourdes et une formation rapide de nos militaires. Tout le reste est perçu comme faiblesse».

Washington a commencé à livrer à Kyiv de l'équipement lourd, dont des obusiers dans un premier temps, puis des équipements de pointe comme les systèmes de lance-roquettes multiples Himars, des pièces d'artillerie de haute précision et d'une portée légèrement supérieure à celles de l'armée russe.

Une accélération des livraisons devrait être discutée mercredi à Bruxelles, lors d'une réunion du Groupe de contact pour l'Ukraine autour du ministre de la Défense américain Lloyd Austin.

 

Macron, Scholz et Draghi en Ukraine jeudi?

Sur le plan diplomatique, Emmanuel Macron doit se rendre mardi en Roumanie, pour saluer les 500 soldats français qui y sont déployés sur une base de l'OTAN. Le président français, qui assume la présidence tournante de l'Union européenne jusqu'au 30 juin, se rendra ensuite en Moldavie, avant un possible déplacement à Kyiv jeudi.

Une telle visite en Ukraine — qui serait une première pour le président français depuis le début de l'invasion russe le 24 février — pourrait se dérouler en compagnie du chancelier allemand Olaf Scholz et du premier ministre italien Mario Draghi, selon des médias allemands et italiens. 

La présidence française n'a pas confirmé ces informations, soulignant que «rien n'est acté» à ce stade.

Une telle visite interviendrait alors que l'UE doit décider, lors d'un sommet les 23 et 24 juin, si elle accorde à l'Ukraine le statut officiel de candidat à une adhésion au bloc européen. La Commission européenne doit de son côté rendre son avis avant la fin de la semaine.

«Je pense qu'il faut donner ce signal à l'Ukraine, être ouvert à cette candidature», a déclaré le ministre français chargé de l'Europe Clément Beaune sur la radio France Inter. «Il faut donner un signal positif le plus vite possible».

Mais il a répété que le statut de candidat n'était que le début d'un processus d'adhésion qui «prend du temps» — des années voire des décennies. 

Autre front diplomatique: le sort des deux Britanniques et du Marocain condamnés à mort par les séparatistes prorusses pour «mercenariat», pour avoir combattu aux côtés des Ukrainiens à Marioupol.  

La cheffe de la diplomatie britannique Liz Truss a indiqué mardi faire «tout son possible» pour obtenir la libération de ses ressortissants, sans révéler sa Londres n'a pour l'instant pas demandé à Moscou d'intervenir en faveur des deux Britanniques, a indiqué de son côté le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. 

«Tout dépendra d'une demande de Londres, bien sûr, mais je suis sûr que la partie russe sera prête à écouter», a-t-il ajouté. Il a néanmoins souligné que le Royaume-Uni devait aussi s'adresser aux autorités séparatistes prorusses de Donetsk, État autoproclamé que seule la Russie a reconnu, quelques jours avant de lancer sa vaste offensive militaire contre l'Ukraine.

 

Combats dans le sud

Outre l'est de l'Ukraine, des combats font aussi rage dans le sud du pays. Dans la nuit de lundi à mardi, le commandement sud des troupes ukrainiennes a signalé des combats aériens et attaques d'hélicoptères russes sur les positions ukrainiennes à Mikolaïv et Kherson.

À Mikolaïv, grand port de l'estuaire du Dniepr, l'avancée russe a été stoppée aux abords de la ville et l'armée ukrainienne y a creusé des tranchées, a constaté une équipe de l'AFP.

Les Ukrainiens redoutent que les Russes organisent prochainement un référendum dans la région de Kherson — proche de la péninsule de Crimée — et d'autres zones occupées par les forces russes, en vue d'une annexion à la Russie.  

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