L'Ukraine se prépare à la chute de Marioupol et à un assaut russe dans l'est

Publié le 11/04/2022 à 07:54, mis à jour le 11/04/2022 à 09:38

L'Ukraine se prépare à la chute de Marioupol et à un assaut russe dans l'est

Publié le 11/04/2022 à 07:54, mis à jour le 11/04/2022 à 09:38

Par AFP

Le port dévasté de Marioupol (sud-est) est assiégé par l'armée russe depuis plus de 40 jours. (Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe tous les derniers développements à propos de l'invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 07 avril. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c'est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire.

8h47 | Kramatorsk — Les forces ukrainiennes ont dit lundi se préparer à la chute de Marioupol, port stratégique du sud-est assiégé depuis plus de 40 jours par l'armée russe et largement détruit, et fortifient leurs positions dans l'est dans l'attente d'une offensive imminente de Moscou.

«Selon nos informations, l'ennemi a presque terminé sa préparation pour un assaut sur l'est. L'attaque aura lieu très prochainement», a averti le porte-parole du ministère ukrainien de la Défense, Oleksandre Motouzianik.

Sur le plan diplomatique, le chancelier autrichien Karl Nehammer, premier responsable européen à se rendre à Moscou depuis l'invasion de l'Ukraine, devait y tenter dans la journée d'obtenir des corridors humanitaires, alors que de nouvelles sanctions européennes étaient discutées à Luxembourg.

«Aujourd'hui sera probablement l'ultime bataille» à Marioupol «car nos munitions s'épuisent», a écrit lundi sur Facebook la 36e brigade de la marine nationale des forces armées ukrainiennes, qui combat dans cette ville.

Les Russes font depuis des semaines le siège de Marioupol, dont la prise leur permettrait de consolider leurs gains territoriaux sur la bande côtière le long de la mer d'Azov en reliant les régions du Donbass à la péninsule de Crimée, annexée par Moscou en 2014.

«Ce sera la mort pour certains d'entre nous et la captivité pour les autres. Nous ne savons pas ce qu'il va se passer, mais nous vous demandons vraiment de vous souvenir (de nous) avec un mot gentil», a demandé la 36e brigade aux Ukrainiens.

«Pendant plus d'un mois, nous avons combattu sans réapprovisionnement en munitions, sans nourriture, sans eau», faisant «le possible et l'impossible», a ajouté cette unité, précisant que «la moitié» de ses membres sont blessés.

«Je suis le premier à trouver la force de dire» que les forces ukrainiennes ne peuvent pas libérer Marioupol, «c'est désormais impossible militairement», avait déclaré dimanche soir sur Youtube Oleksiï Arestovitch, un conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky.

S'adressant lundi à l'Assemblée nationale de Corée du Sud par visioconférence, M. Zelensky a affirmé que la Russie avait «complètement détruit» Marioupol, et dit redouter que des «dizaines de milliers de personnes» y aient péri.

«C'était une ville d'un demi-million d'habitants. Les occupants l'ont assiégée et n'ont même pas permis d'y acheminer l'eau et les vivres. Les Russes (…) l'ont réduite en cendres».

Il a accusé la Russie de vouloir faire de cette ville martyre «un exemple», appelant la Corée du Sud à aider son pays en lui fournissant des équipements militaires, «des avions aux tanks».

Les forces ukrainiennes ont par ailleurs continué durant la fin de semaine à fortifier leurs positions dans l'est, autour du Donbass et dans cette région, dont une partie est contrôlée depuis 2014 par des séparatistes prorusses. 

Après avoir revu ses plans à la baisse et retiré ses troupes de la région de Kyiv et du nord de l'Ukraine, Moscou a fait de la conquête totale du Donbass son objectif prioritaire.

 

«Enfer humanitaire»

Des analystes estiment que le président russe Vladimir Poutine, embourbé face à la résistance acharnée des Ukrainiens, veut obtenir une victoire dans cette région avant le défilé militaire du 9 mai marquant sur la Place Rouge la victoire soviétique sur les nazis.

«La semaine prochaine», «les troupes russes passeront à des opérations encore plus importantes dans l'est», a averti dimanche soir M. Zelensky.

«La bataille pour le Donbass durera plusieurs jours, et pendant ces jours nos villes pourraient être complètement détruites», a prédit pour sa part sur Facebook Serguiï Gaïdaï, le gouverneur de la région de Lougansk, dans le Donbass, en appelant de nouveau les civils à quitter la région. Selon lui, «le scénario de Marioupol peut se répéter dans la région de Lougansk».

Le ministère de la Défense russe a accusé dimanche les Ukrainiens et les Occidentaux de provocations «monstrueuses et sans pitié» et de meurtres de civils à Lougansk.

Vendredi, toujours dans l'est, une frappe de missile russe devant la gare de Kramatorsk avait fait 57 morts dont au moins 5 enfants.

Alors que la population tente de fuir la région, les frappes aériennes et les bombardements continuent: dimanche à Kharkiv (est), la deuxième ville du pays, et dans sa banlieue, ils ont fait au moins 11 morts, dont un enfant de 7 ans, et 14 blessés, selon les autorités régionales.

Côté diplomatie, après s'être rendu en Ukraine samedi, Karl Nehammer doit rencontrer à Moscou dans l'après-midi et à huis clos Vladimir Poutine.

«Nous devons saisir toutes les occasions de mettre fin à l'enfer humanitaire en Ukraine», a déclaré dans la matinée son ministre des Affaires étrangères Alexander Schallenberg, avant une réunion avec ses homologues de l'UE à Luxembourg.

M. Nehammer, qui «n'a pas de mandat européen» et vient à Moscou de son «initiative personnelle», va notamment plaider auprès de M. Poutine pour la mise en place de «corridors humanitaires», a expliqué M. Schallenberg, ajoutant: «Nous voulons que les organisations humanitaires internationales puissent faire leur travail».

«Toute voix qui fait comprendre au président Poutine comment est la réalité en dehors des murs du Kremlin n'est pas une voix perdue», a-t-il conclu, tout en reconnaissant que «personne n'attend un miracle».

M. Nehammer avait dimanche indiqué qu'il comptait évoquer au Kremlin les «crimes de guerre» à Boutcha, au nord-ouest de Kyiv, devenue un symbole des atrocités de la guerre en Ukraine. Près de 300 personnes y ont été enterrées dans des fosses communes, selon les autorités ukrainiennes, qui accusent les Russes de massacres, ce que Moscou dément en bloc, dénonçant une «manipulation».

À Luxembourg, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne étudiaient lundi un sixième paquet de sanctions contre Moscou, qui ne touchera toutefois pas les achats de pétrole et de gaz. Le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell avait annoncé son intention de lancer lundi la discussion sur un embargo pétrolier, «mais une proposition formelle n'est pas sur la table», avait reconnu vendredi un haut fonctionnaire européen.

 

5 600 enquêtes

Volodymyr Zelensky a appelé les Occidentaux à «suivre l'exemple du Royaume-Uni», dont le premier ministre Boris Johnson a effectué une visite surprise en Ukraine samedi, en imposant «un embargo total sur les hydrocarbures russes».

Lundi, la banque française Société Générale, très impliquée jusqu'ici en Russie, s'est ajoutée à la liste des entreprises occidentales qui ont annoncé cesser leurs activités dans le pays depuis l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes le 24 février.

Quelques heures plus tard, le fabricant suédois d'équipements télécoms Ericsson a indiqué suspendre ses activités en Russie, où il fournit deux des principaux opérateurs de téléphonie mobile. La Russie et l'Ukraine représentent moins de 2% de son chiffre d'affaires.

Dans les environs de Kyiv, occupés plusieurs semaines durant par l'armée russe, la recherche des corps se poursuit.

«À ce jour, nous avons 1 222 personnes tuées, pour la seule région de Kyiv», a déclaré dimanche Mme Venediktova à la chaîne britannique Sky News.

Elle n'a pas précisé si les corps découverts étaient exclusivement ceux de civils, mais elle a également fait état de 5 600 enquêtes ouvertes pour crimes de guerre présumés depuis le début de l'invasion russe, dont ceux de Boutcha.

Tout en dénonçant les exactions russes, le ministre des Affaires étrangères ukrainien, Dmytro Kouleba, s'est toutefois dit dimanche sur la chaîne américaine NBC ouvert à la négociation avec Moscou pour éviter de nouveaux «massacres».

 

À la page suivante, le point sur la situation à 7h16.

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