Grèce: une marée de manifestants

Publié le 19/10/2011 à 07:24, mis à jour le 16/10/2013 à 19:47

Grèce: une marée de manifestants

Publié le 19/10/2011 à 07:24, mis à jour le 16/10/2013 à 19:47

Par AFP

Photo : Bloomberg

Plus de 125 000 personnes battaient le pavé selon la police dans les rues des grandes villes de Grèce mercredi en début d'après-midi pour protester contre un nouveau train d'austérité imposé par le gouvernement, dont l'autorité était vivement contestée dans les cortèges.

À Athènes, quatre différents cortèges, rassemblant plus de 70 000 personnes selon la police, défilaient en direction de la place Syntagma devant le parlement où a commencé mardi soir le débat sur un projet de loi contesté imposant un nouveau train de mesures de rigueur qui abaissent brutalement le niveau de vie de nombreux Grecs.

Ces chiffres constituent un record depuis le début de la crise de la dette, dont les plus grandes manifestations ont rassemblé quelque 70 000 personnes en mai 2010 à Athènes à l'appel des syndicats, ou en mai 2011 à l'appel du mouvement des Indignés, selon les données de la police.

Le projet de loi prévoit surtout une réduction du nombre de salariés de la fonction publique et de leur traitement, des augmentations d'impôt ainsi que le gel des conventions collectives, ouvrant la voie à une généralisation des abaissements salariaux dans les entreprises privées.

Dans le cortège, la bannière des grévistes du bâtiment demandait que "le gouvernement tombe maintenant" tandis qu'une autre, sur un bâtiment du ministère de la Santé, portait la mention "prenez le memorandum et barrez vous" en référence à l'accord signé en mai 2010 par le gouvernement socialiste, qui subordonne le maintien de la perfusion financière de l'Union européenne et du Fonds Monétaire International aux efforts d'austérité et d'assainissement du pays.

Cette cinquième grève générale depuis le début de l'année - la deuxième de 48 heures depuis la fin juin - intervient alors que le pays est déjà perturbé par une multitude d'arrêts catégoriels de travail, comme celui des éboueurs, qui laisse les rues d'Athènes jonchées de tonnes de déchets depuis plus de 10 jours.

Mercredi les transports, les écoles, les musées et l'ensemble du secteur public grec étaient paralysés mercredi et, chose plus rare en Grèce, de nombreux magasins, banques ou kiosques sont restés porte close également, répondant à l'appel à la grève et à manifester des deux grands syndicats de la fonction publique et du secteur privé, Adedy et GSEE.

La démonstration de force vise à faire reculer le gouvernement, qui a décidé les nouvelles mesures d'austérité après celles déjà imposées en 2010 (baisse des salaires des fonctionnaires et des retraites) pour satisfaire les exigences des créanciers du pays, lesquels en font une condition au versement d'une nouvelle tranche de l'aide internationale indispensable pour éviter à la Grèce une faillite pure et simple.

L'Union européenne pourrait s'accorder dimanche sur une nouvelle réduction de la dette grecque, plus importante que celle qui avait été décidée le 21 juillet en accord avec les banques, dans l'espoir d'enrayer la crise de la dette dans la zone euro qui menace de s'étendre à l'Italie et l'Espagne.

"C'est la première manifestation à laquelle je participe depuis mai 2010" raconte Nikos Stefanatos, 46 ans, ingénieur dans un organisme public. "A cette époque-là, je gagnais 2 800 euros par mois, maintenant je gagne 1 500. Cette politique insensée est désastreuse pour la Grèce", a-t-il dit.

Alexandra Yennadou, 58 ans, qui travaille dans une entreprise familiale de fabrication de meubles de cuisine, traduit avec ses mots la double crise qui pèse sur son pays - endettement et récession : "L'Europe doit comprendre qu'on ne peut pas en si peu de temps prendre toutes ces mesures. C'est la première fois que je descends aux manifs, il faut comprendre qu'il y a peu d'argent sur le marché, personne n'achète plus rien", dit-elle.

"Au début on a cru aux réformes mais maintenant on n'y croit plus. Nous avions quatre employés plus les membres de la famille qui travaillaient dans l'entreprise. Maintenant on n'a aucun employé", ajoute-t-elle.

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