Le CELI de Sylvain Lapierre: la retraite en «actions»

Offert par Les Affaires


Édition du 10 Novembre 2021

Le CELI de Sylvain Lapierre: la retraite en «actions»

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Édition du 10 Novembre 2021

Par Jean Décary

Pour Sylvain Lapierre, né à Hochelaga-Maisonneuve, l’investissement est quelque chose qui lui est venu rapidement dans la vie. (Photo: courtoisie)

PLEINS FEUX SUR MON CELI est une rubrique où des investisseurs individuels partagent avec nous leurs bons et mauvais coups en investissement tout en soumettant leur portefeuille à l’analyse d’un pro.

(Illustration: Camille Charbonneau)

 

Nom: Sylvain Lapierre

Âge: 64 ans

Profession: retraité, ex-directeur en transport 

Valeur du CELI: 117 000$

Stratégie: titres individuels

Bon coup: avoir développé sa littéracie financière

Mauvais coup: avoir investi dans des entreprises dont il connaissait mal le modèle d’affaires

Objectif: léguer un CELI bien garni à sa succession

Son conseil à l’investisseur qui commence: se créer des objectifs réalistes et investir dans des FNB

 

Pour ce Montréalais d’origine, né à Hochelaga-Maisonneuve, l’investissement est quelque chose qui lui est venu rapidement dans la vie. « J’ai senti tôt le besoin de prendre le contrôle de mes finances. » À 22 ans, il achète son premier triplex. « À ce moment-là j’avais déjà ouvert un REER. J’avais investi un premier 1000 $ dans un fonds commun de placement à la banque », se rappelle-t-il. Comme plusieurs Québécois, il sera fortement inspiré par une certaine publicité de la London Life. « Liberté 55, c’était un but pour moi. Et je l’ai atteint », dit-il fièrement. 

Dès le tournant des années 2000, M. Lapierre se met à gérer tous ses actifs, son REER, son compte non enregistré et son fonds de revenu viager (FRV). Investir ses économies dans son CELI allait de soi. « Je suis un autodidacte. J’aime me renseigner et comprendre comment fonctionnent les choses. J’ai fait la même chose avec la Bourse. » Il comprenait le principe du report d’impôt pour le REER, mais d’investir sans pénalité fiscale était pour lui une avenue formidable. Dès la création du CELI en 2009, il cotise donc le maximum possible (5000$) et place le tout dans Dollarama, ce détaillant à bas prix qui exploite plus de 1000 magasins partout au Canada et dont le siège est à Montréal (DOL, 56,11 $).

« Je crois que j’ai acheté mes actions aux alentours de 22 $. » Ce titre, détenu aussi ailleurs dans son portefeuille, va être son plus grand succès en Bourse. « Il y a eu des fractionnements de l’action. J’ai dû faire un rendement de 800 %. » Il met toutefois en garde son entourage et ses amis contre la tentation de vouloir frapper des coups de circuit. « C’est la pire affaire qu’il peut t’arriver en commençant. » Il faut plutôt, selon lui, avoir des objectifs réalistes et miser sur des sociétés que l’on comprend. Ce dernier conseil, il l’a appris à la dure lorsqu’il a décidé d’investir dans un producteur de cannabis. « C’était une mode et j’ai bêtement suivi la vague. Heureusement j’ai pu sauver mon investissement. Mais j’ai eu ma leçon. »

Investi à 100 % en actions dans son portefeuille, il reconnaît que sa stratégie d’investissement a évolué avec les années. Aujourd’hui, il évite le plus possible les titres de petite capitalisation et se concentre sur des entreprises bien établies, aux bons états financiers et avec lesquelles il est familier. « J’ai un profil d’investisseur assez dynamique, voire agressif. Je suis à l’aise avec une certaine volatilité, car je connais bien ma résistance au risque. » Il n’a d’ailleurs pas hésité à acquérir des participations dans SNC-Lavalin (SNC, 35,23 $), Bombardier (BBD.B, 2,12 $) et Air Canada (AC, 22,14 $), des entreprises qui ont toutes été plombées par divers problèmes ces dernières années. Lorsqu’il évoque ses influences, il avoue n’être pas très original et répond spontanément: Warren Buffett. L’Oracle d’Omaha a été l’un de ses modèles. « J’ai lu beaucoup sur lui et j’aime parcourir les rapports annuels de son entreprise, Berkshire Hathaway, et lire ses messages aux actionnaires. »

 

Dans l’œil de la pro

« L’attrait pour les titres québécois est assez net », observe d’emblée Marie-Josée Turcotte, gestionnaire de portefeuille chez BMO Nesbitt Burns. Elle remarque qu’à part la californienne Apple, tout le reste du CELI, c’est-à-dire 85 % des sept titres, est composé d’entreprises canadiennes présentes dans deux secteurs d’activité, la consommation discrétionnaire et les industries. « Le secteur financier n’est pas représenté. C’est pourtant un incontournable du marché canadien. » 

« Il gère d’autres comptes d’investissement, donc je n’ai qu’une partie du portrait, mais la partie connue manque de diversification. » La pondération des titres est aussi l’un des points faibles du portefeuille, selon Mme Turcotte. « Il est préférable de maintenir une pondération qui se situe entre 5 % et 10 %. Personnellement, c’est rare que j’aille à 10 %. » 

Elle fait remarquer que les trois principaux titres (Air Canada, SNC-Lavalin et Bombardier), qui forment près des deux tiers de son portefeuille CELI, ont connu d’importants vents de face et comportent un risque plus élevé, même s’ils ont pu bien performer en Bourse cette année. « Air Canada a eu de l’aide gouvernementale pendant la pandémie. SNC-Lavalin doit toujours prouver que la culture de l’entreprise a changé. Et le taux d’endettement de Bombardier demeure préoccupant. » 

« Tout dépendant de quand les achats ont été faits, M. Lapierre pourrait songer à prendre quelques profits et à diversifier son portefeuille, à la fois d’un point de vue sectoriel et géographique. » Elle suggère de se tourner davantage vers l’étranger, avec des titres individuels, des FNB ou des fonds communs de placement. « Il pourrait, par exemple, accroître son exposition aux secteurs de la santé, de la consommation et des technologies. »

La gestionnaire de portefeuille chez BMO Nesbitt Burns remarque que M. Lapierre a un style d’investissement un peu anticonformiste (« contrarian »), c’est-à-dire qu’il peut être porté à investir à contre-courant, en misant sur des sociétés éprouvées. 

 

Si vous souhaitez vous aussi partager avec les lecteurs de Les Affaires votre stratégie d’investissement dans votre CÉLI et faire analyser votre portefeuille par un pro, écrivez-nous à denis.lalonde@groupecontex.ca


Le CELI de Sylvain Lapierre 
(valeur approximative de 117 000$)

Titres Symboles % du portefeuille
Air Canada AC 20 %
SNC-Lavalin SNC 18 %
Bombardier BBD-B 17 %
Apple AAPL 15 %
Dollarama DOL 14 %
Alimentation Couche-Tard ATD-B 12 %
Lion Électrique LEV 3 %
Espèces 1 %
Total 100 %

 


 

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