Une retraite pas chère, c'est possible !

Publié le 23/01/2009 à 00:00

Une retraite pas chère, c'est possible !

Publié le 23/01/2009 à 00:00

Par François Rochon

Dire adieu à une carrière de 32 ans dans l'ingénierie pour devenir le patron de son propre gîte touristique. Le rêve était de taille. Mais il couvait depuis longtemps.

Membres des Amis et propriétaires de maisons anciennes du Québec (APMAQ) pendant des années, Pierre Amesse et sa femme Pauline, grands amateurs de patrimoine québécois, ont quitté la métropole en 2001 pour s'installer dans leur gîte touristique Aux trois balcons, situé en plein coeur du charmant quartier Montcalm, qui longe les plaines d'Abraham, dans le Vieux-Québec.

L'édifice, qui a le style des maisons de trois étages des années 1920, est magnifique. Pendant quatre ans, Pierre Amesse, devenu hôtelier, y a accueilli des visiteurs venus de partout dans le monde, avant de finalement tirer sa révérence.

À la fin de 2005, après avoir vendu le gîte, sa première idée a été de racheter une maison à Lachine, un secteur qu'il affectionne.

"Les prix des propriétés avaient tellement monté que je n'avais plus les moyens d'habiter cet endroit", avoue-t-il. Le couple a finalement déniché une maison spacieuse à prix raisonnable dans les Laurentides, plus précisément à Sainte-Anne-des-Lacs. "Cette maison est assez grande pour contenir tous nos meubles et nos objets cultes, dit Pierre Amesse. Une maison où le bricoleur n'est pas entravé dans ses projets et où l'hôtesse peut recevoir."

Le passage de la ville à la campagne s'est fait sans difficulté. Rapidement, le couple s'est intégré à son nouvel environnement. "Nous y sommes heureux et plus occupés que jamais. Nous partageons notre temps entre nos activités sociales, caritatives et politiques, nos projets de bricolage, l'entretien de la maison, la famille, les amis et notre volonté de toujours accroître notre culture et nos connaissances générales", dit-il.

Passionné de mathématique, Pierre Amesse a en outre entamé des recherches personnelles sur l'esthétique des proportions, des concepts développés à l'époque de la grande civilisation grecque et remis sur la sellette par Matila C. Ghika, dans son ouvrage Esthétique des proportions dans la nature et dans les arts, publié en 1987.

"J'utilise ces principes lorsque je fais de la menuiserie de qualité pour la maison, dit-il. J'essaie aussi d'inventer une nouvelle façon d'analyser la musique sans passer par toutes les notes. Je m'efforce de distinguer l'architecture d'une pièce musicale en comparant la partition à la mélodie."

Le temps, c'est de... l'or !

Ces passe-temps l'amènent à socialiser avec son voisin immédiat, à qui il emprunte ses nombreux outils. Il passe également de longues heures dans les bibliothèques, qui regorgent de livres et de partitions de musique.

7,75 dollars : c'est ce que lui coûte un livre commandé sur Amazon.com. "Un simple bouquin peut me procurer des mois de bonheur, confie le sexagénaire.

"La plupart des choses que j'aime n'entraînent pas de dépenses d'argent, ajoute-t-il. Et je n'éprouve pas non plus de plaisir à dépenser."

Malgré cette vie empreinte d'une certaine simplicité, Pierre Amesse file le parfait bonheur. Pourquoi ? Simplement parce que la plupart des bonheurs de la vie n'ont rien à voir avec l'argent.

"Ce que trop de retraités perdent de vue, c'est que le temps procure de la richesse et de la liberté, dit Nathalie Hamelin, coach de vie et coach d'affaires. Or, à la retraite, on a beaucoup de temps."

Grâce au facteur temps, des gens qui n'ont pas beaucoup d'argent ou qui n'aiment pas nécessairement dépenser peuvent néanmoins avoir une retraite formidable. Par exemple, vous pouvez vendre votre maison et acheter un duplex, voyager en basse saison, aller dans les grands restaurants à midi afin de profiter des menus du jour ou vous trouver un passe-temps payant. Comme le dit l'adage, "le calcul vaut le travail".

En optant pour la simplicité à la retraite, vous pouvez réduire grandement vos soucis financiers. Plusieurs d'entre vous devront cependant faire des compromis, faute de pouvoir satisfaire tous leurs désirs. Pour y parvenir, le secret consiste à classer vos projets par ordre d'importance et à chercher à réaliser ceux qui vous tiennent vraiment à coeur.

"La retraite est censée être une super belle période, rappelle Nathalie Hamelin. C'est la récompense de toute une vie de travail !"

Préserver l'équilibre

Mais comment vous assurer une retraite heureuse, quels que soient vos moyens ? Selon Nathalie Hamelin, la solution est d'amorcer une réflexion au moins deux ans avant le jour où vous quitterez le marché du travail.

Dans ce cheminement, vous devrez déterminer ce qui vous apporte du bonheur dans la vie, du plus grand au plus petit. Vous devrez faire dérouler le film de votre vie et repérer tous les événements passés qui ont déclenché de grandes joies (par exemple lire, voyager, bricoler).

"Cette réflexion vous permettra de déterminer ce qu'est, pour vous, la retraite idéale, explique Nathalie Hamelin. Le fait de bien vous connaître vous permettra d'avoir une retraite harmonieuse et équilibrée, à condition de ne pas perdre de vue que votre projet doit demeurer réaliste.

Ce cheminement peut évidemment se faire de diverses façons. Partagée entre son désir de se retirer tôt et les répercussions financières et personnelles que cela entraîne, Céline Desrochers, une ancienne conseillère en formation dans une filiale du Mouvement Desjardins, s'est pour sa part laissé tenter par l'idée de prendre une retraite progressive.

"Personne au bureau n'avait jamais fait une telle demande", raconte-t-elle. La responsable des ressources humaines a alors posé deux conditions : attendre d'avoir 55 ans et obtenir l'autorisation de sa gestionnaire.

Sa patronne s'est montrée ouverte face à cette demande. Toutefois, pour faciliter la réorganisation de l'horaire de travail, elle a obligé son employée à prendre congé toujours le même jour, soit le vendredi.

Fatiguée de travailler et souffrant de migraines chroniques, Céline Desrochers a ainsi entrepris la semaine de quatre jours à 55 ans. Elle recevait 60 % de son salaire pour la cinquième journée, une somme puisée dans son régime de retraite.

La quinquagénaire en a profité pour commencer à pratiquer certaines activités sur lesquelles elle comptait pour meubler sa retraite, comme rédiger des histoires fantastiques à partir d'anecdotes tirées de sa vie.

Elle a vécu ainsi pendant un peu plus de deux ans. Ce lent mûrissement lui a permis de prendre la grande décision, c'est-à-dire celle de tourner la page une fois pour toutes. "Pour être heureux à la retraite, il faut être prêt, dit-elle. Il faut la prendre ni trop tôt, ni trop tard."

Évidemment, personne ne peut tourner le dos à une carrière bien remplie en criant ciseau. Même s'il est très contraignant, le travail comble chez l'être humain des besoins essentiels, comme le sentiment de fierté, de compétence et d'appartenance, sans oublier la sécurité financière.

"À la retraite, vous devez trouver de nouveaux moyens de répondre à ces besoins, sinon, vous risquez d'éprouver un sentiment de vide", dit Nathalie Hamelin. Car une fois arrêté, vous ne serez plus Monsieur ou Madame X qui travaille pour telle ou telle entreprise. Vous serez "un retraité parmi tant d'autres"...

Vous risquez alors de vous déconnecter du monde et de vous perdre. Pour éviter ce piège, vous devez absolument donner un sens à votre vie. Et l'argent n'a rien à voir là-dedans. Il s'agit simplement de vous sentir utile et de continuer à vous développer.

aplus@transcontinental.ca

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