Stop loss: arrêtez de faire appel à cette démarche perdante


Édition du 24 Mai 2023

Stop loss: arrêtez de faire appel à cette démarche perdante


Édition du 24 Mai 2023

EXPERT INVITÉ. À titre de gestionnaire de portefeuille, on nous demande parfois pourquoi nous ne faisons pas appel aux ordres de vente automatiques comme stratégie pour gérer les titres détenus en portefeuille. La logique derrière une telle idée veut qu'en vendant automatiquement tout titre détenu qui connaît une baisse de 10% ou de 15%, nous pourrions éviter les reculs de marché les plus importants et ainsi «protéger» les avoirs de nos clients à long terme.

Tout investisseur sérieux doit d’abord se rappeler qu’il achète des actions d’une entreprise et non un cours boursier. Nous pouvons en plus formuler l’hypothèse que ce même investisseur sérieux considère l’achat d’une entreprise donnée parce qu’elle offre des perspectives intéressantes à long terme. Si, par exemple, une société tire un bon rendement du capital qu’elle investit, qu’elle bénéficie de quelques avantages concurrentiels durables, qu’elle se révèle bien gouvernée et que son titre se négocie à prix raisonnable, il est logique de croire que la détenir à long terme représente une proposition intéressante. Cela, peu importe la trajectoire à court terme de son titre.

Il ne faut avoir investi en Bourse que quelques mois pour constater à quel point les cours fluctuent de semaine en semaine pour un ensemble de raisons, qui n’ont parfois strictement rien à voir avec les perspectives à long terme d’une entreprise. L’indice S&P 500, qui regroupe 500 des plus grandes sociétés cotées américaines, a lui-même varié de son sommet à son creux d’environ 20 % au cours des 12 derniers mois.

Un principe de base en investissement pourrait se résumer ainsi:quiconque souhaite obtenir les rendements des marchés boursiers, soit environ 10 % par an à long terme, se doit de demeurer investi, plutôt que d’y entrer ou d’y sortir telle une porte tournante. Or, une stratégie d’application systématique d’ordres de vente à prix limite, mieux connue sous l’appellation anglaise stop loss, déclenche l’effet inverse. Elle force un investisseur à se départir d’entreprises possiblement intéressantes, simplement parce que «Monsieur le marché»a décidé de faire baisser la valeur d’un titre en quelques jours. Nous voyons difficilement comment une telle proposition peut produire autre chose qu’une garantie d’appauvrissement pour chacun des investissements détenus.

 

L’exemple éloquent de Meta Platforms

Il arrive régulièrement de voir un titre chuter, tandis que la valeur intrinsèque de l’entreprise demeure stable. L’idée de vendre alors même que le titre devient meilleur marché et que la marge de sécurité s’accroît nous apparaît absurde.

L’évolution du titre de la société mère de Facebook, Meta Platforms (META, 232,40 $US), au cours des deux dernières années, l’a illustré avec éloquence. Après avoir touché un sommet historique en août 2021, le titre a dégringolé de 75 %... pour ensuite presque tripler de valeur en Bourse au cours des six derniers mois.

Un investisseur qui suit religieusement une démarche fondée sur la vente automatisée selon des critères liés au recul en pourcentage des titres s’en serait inévitablement départi. Cet investisseur n’aurait probablement pas saisi l’occasion de le racheter alors que son évaluation frisait le ridicule vers la fin de 2022, à moins de 10 fois les bénéfices réalisés dans les 12 derniers mois. Nous suivons et détenons Meta depuis plusieurs années, autant dans le portefeuille de nos clients qu’à titre personnel. Certes, l’entreprise a connu un parcours jonché d’obstacles au cours des dernières années. Mais jamais nous n’avons cru que la valeur de l’entreprise se révélait aussi faible que celle accordée par le marché à son plus bas.

La question portant sur le rachat du titre s’avère par ailleurs pertinente. Si une société s’est taillé une place de choix dans votre portefeuille en raison de ses caractéristiques hors pair et que de simples mouvements baissiers en Bourse vous l’ont fait vendre, comment donc allez-vous déterminer le bon moment pour la racheter ? À un moment où l’analyse des mégadonnées et l’intelligence artificielle font couler beaucoup d’encre, il nous apparaît plus nécessaire que jamais d’éviter la stupidité naturelle pour connaître du succès lorsqu’on gère son portefeuille.

Analyser chaque entreprise pour ses mérites fondamentaux et arrêter de faire appel aux stratégies automatisées et centrées sur les fluctuations des cours boursiers comme celle du «stop loss». Voilà une proposition qui résulte du gros bon sens et devrait récompenser l’investisseur intelligent et orienté vers le long terme.

 

Les clients et les membres de l’équipe Medici détiennent des actions de Meta.

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