Le mouvement Slow Money lance un premier fonds de capital patient

Publié le 28/09/2018 à 14:30

Le mouvement Slow Money lance un premier fonds de capital patient

Publié le 28/09/2018 à 14:30

Par Diane Bérard

Harper et Christian, de Carbondale au Colorado, ont reçu un prêt de 7500$US du groupe Slow Money de leur région pour investir dans un système d'irrigation. (Crédit: Slow Money)

L’Américain Woody Tasch est un investisseur professionnel. Il a dirigé, entre autres, Investors’ Circle, le plus important réseau d’investissement d’impact au monde, pendant 10 ans. Ce réseau réunit des anges investisseurs, des fondations, des capitaux-risqueurs et des entreprises familiales. Investors’ Circle a investi plus de 200M$US dans plus de 300 entreprises, créées pour résoudre des enjeux environnementaux, de santé, d’éducation ou liés à la communauté.

Woody Tasch fut aussi trésorier de la Jessie Smith Noyes Foundation, quand elle a misé 1,25M$US sur Stonyfield Farms, aujourd’hui le plus important fabricant de yaourt organique au monde. En cinq ans, cet investissement a rapporté trois fois la mise.

À la fin de l’été 2018, Woody Tasch a lancé le fonds Soil (Slow opportunity for investing locally). Ce fonds de capital patient est destiné à l’agriculture de proximité. Tasch est considéré comme un pionnier du capital patient. Ce type d’investissement vise le long terme. Pour l’instant, il cible le secteur agricole. On parle de « capital nourricier » (nurture capital). À terme, si le concept gagne en popularité, on vise à pénétrer d’autres secteurs de l’économie.

Le nouveau fonds Soil est lié au mouvement Slow Money, démarré par Woody Tasch en 2008. Slow Money compte une vingtaine de groupes aux États-Unis, deux au Canada et un en France. Une troisième groupe canadien est en gestation au Québec, sous le nom «Argent pas pressé».

Un mouvement inspiré du slow food

L’expression «slow money» est inspirée du concept «slow food», qui se veut une réponse à la nourriture commerciale. Le slow food veut réhabiliter le plaisir de déguster. Le slow money, lui, veut réhabiliter l’investissement pour le long terme. Le mouvement Slow Money s’est donné comme motto, « Ramenons l’argent sur terre » (We must bring money back down to earth). Woody Tasch a tiré le nom de son mouvement d’une rencontre avec l’Italien Carlo Petrini, fondateur de l’association Slow food.

Chacun des 27 groupes Slow Money fonctionne selon ses règles. Certains ont même leur propre nom. Le groupe de Vancouver, par exemple, se nomme « Knives and forks ». Certains groupes investissent. D’autres font des dons, d’autres combinent les deux. Le groupe québécois, par exemple, cible l’investissement.

Les 4 règles du slow money

Malgré la liberté dont jouissent les groupes du mouvement Slow Money, tous doivent respecter les quatre règles suivantes. D’abord, il s’agit d’un réseau direct. Des individus qui investissent dans d’autres individus. Les investissements sont réalisés dans la communauté immédiate où se trouve l’investisseur. Ensuite, c’est une formule accessible. Les montants et les taux demeurent peu élevés, et les conditions sont flexibles. Ce sont des investissement durables : il s’agit de projets viables auxquels on fournit un accompagnement. Enfin, ce sont des investissements spécialisés. Pour l’instant Slow Money se concentre sur le secteur agricole. On prône le concept de «communautés actives et apprenantes». «On rassemble des investisseurs qui ne se contentent pas de mettre de l’argent, explique Laura Howard, de l’organisme Récolte, qui pilote la mise du pied du groupe Argent pas pressé. Les investisseurs doivent comprendre l’entrepreneur et ses besoins particuliers. Et puis, on crée une communauté locale constituée de citoyens, d’investisseurs et d’entrepreneurs

Revenons au fonds SOIL. Pour l’instant, il contient près de 250 000$US, récolté auprès de quelques dizaines d’investisseurs. Les contributions varient entre 250$US et 50 000$US. Il faut préciser que ce fonds investit pour le très long terme, soit entre 20 et 25 ans. Le fonds SOIL est une étape supplémentaire dans le déploiement de capital patient dans les communautés.

À l’automne 2018, Woody Tash a publié «Soil 2017», des réflexions théoriques et pratiques sur le capital nourricier.

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