Le CELI de Maxime Desjarlais : écueils à l’horizon

Publié le 04/03/2022 à 08:00

Le CELI de Maxime Desjarlais : écueils à l’horizon

Publié le 04/03/2022 à 08:00

Par Jean Décary
Maxime Desjarlais

Maxime Desjarlais. (Photo: courtoisie)

PLEINS FEUX SUR MON CELI est une rubrique où des investisseurs individuels partagent avec nous leurs bons et mauvais coups en investissement tout en soumettant leur portefeuille à l’analyse d’un pro.


(Illustration: Camille Charbonneau)

 

Âge : 34 ans | Occupation : directeur de la technologie

Valeur du CELI : 51 000 $ | Stratégie : FNB et titres individuels

Bon coup : ils sont à venir («je cherche encore la bonne recette»)

Mauvais coup : avoir improvisé en commençant

Objectifs : mise de fonds pour un investissement immobilier

Son conseil à l’investisseur qui commence : bien budgéter pour savoir quelle portion allouer à ses investissements

Pour cet ingénieur mécanique, diplômé de l’École des technologies supérieures (ÉTS), l’investissement rimait davantage avec la brique et le mortier qu’avec les titres d’entreprises négociés sur les divers marchés boursiers du monde. «Après mes études, je me suis demandé comment je pourrais rembourser mes emprunts. J’ai pensé à l’immobilier ; mon père avait les outils et les compétences.» Avec différents partenaires (parents, amis et amoureuse), il se lance dans l’achat d’immeubles (résidentiel et commercial) situés sur la couronne sud de Montréal. «De 2015 à 2021, j’en ai acheté en moyenne un par année.»

Et l’investissement en Bourse? «Ça me fascinait, mais c’était quelque chose de moins concret.» Et de son propre aveu ses débuts en 2011 et 2012 n’ont pas été concluants. «C’était un peu n’importe quoi. J’étais comme un cowboy sans formation.» Cette première incursion dans le monde des valeurs mobilières va être suivie par une longue traversée du désert. «J’ai focalisé mon attention sur mes projets immobiliers, sauf que le krach causé par la pandémie va réveiller de nouveau mon intérêt.» Son deuxième essai ne sera guère plus probant malgré le rebond des marchés en 2021. Il décide alors de suivre une formation de spéculation sur séance (Day Trading). «J’ai trouvé cela très intéressant et le formateur était excellent. J’en ai appris sur l’analyse technique et fondamentale.»

Plus confiant en ses moyens et fort de ses nouvelles connaissances, l’investisseur va se construire un portefeuille mélangeant un FNB centré sur le secteur de l’énergie (HEU.TO, 35,74 $) de la gamme des produits financiers Horizons, et une poignée de titres individuels. Des actions d’entreprises comme la québécoise Coveo (CVO.TO, 9,87 $), spécialisée en intelligence artificielle. «Une compagnie nouvellement inscrite en Bourse avec un potentiel de croissance». Il ajoute aussi à son portefeuille le produit financier Dividend Split 15 Corp. II (DF.TO, 6,50 $) de la firme de gestion de placements Quadravest, qui comprend des actions (ordinaires et privilégiées) de 15 entreprises canadiennes, dont des banques, des pétrolières et des sociétés de télécommunication et d’assurances. «Une action non volatile à dividendes fixes et très élevés».

Maxime Desjarlais précise qu’il a un horizon à court terme pour son CELI : «J’ai refinancé ma maison et j'avais des fonds de disponibles pour une période de 8-12 mois». Il envisage d’utiliser prochainement ces sommes investies pour l’achat d’un plex avec sa conjointe. «J’ai réussi à générer un rendement de l'ordre de 4-5% et je crois pouvoir atteindre mon objectif d’atteindre 10-12% d’ici le retrait des fonds.»

À plus long terme, il aimerait pouvoir canaliser 50% de ses revenus immobiliers et d’emploi vers son CELI et considère l’achat de fonds négociés en bourse (FNB). Il ne gère actuellement que son CELI, son REER, d’une valeur de 56 000 $, étant investi majoritairement dans des fonds communs de placement. Il détient aussi une petite position (2 300 $) dans les cryptomonnaies. Mais l’essentiel de ses placements est en immobilier. «Mes propriétés représentent une valeur marchande d’environ 4,4 millions de dollars, soit une valeur nette d’un peu plus un million.»

À l’ombre de son empire immobilier grandissant, le jeune investisseur poursuit son apprentissage en Bourse en consultant le site Morningstar et l’actualité financière dans La Presse et Les Affaires. Comme il souhaite un jour obtenir sa licence d’entrepreneur général, il s’intéresse beaucoup aux activités et réalisations de figures connues du milieu de l’entrepreneuriat telles que Luc Poirier et d’Olivier Benloulou. «Ce dernier, notamment, car je suis un fan fini de sports motorisés», précise celui qui est aussi amateur de vélo et un coureur à obstacles.

 

Dans l’œil d’un pro

Le gestionnaire de portefeuille à Claret, Vincent Fournier, est plutôt critique face à la composition actuelle du CELI. «Il faut évidemment le féliciter d’avoir pu amasser cette somme d’argent, mais en termes d’investissement j’observe trois erreurs capitales.»

La première est de ne pas avoir aligné les bons outils d’investissement avec l’horizon de placement. «Il a désaligné en quelque sorte la durée de son passif actuariel ; quel est l’échéancier de ses dépenses comme investisseur? Quand doit-il déployer son capital pour ses dépenses éventuelles?» Il souligne que si l’horizon de placement d’une personne est à court terme, les seuls outils financiers qui conviennent sont ceux des marchés monétaires (des produits très liquides). «Si tu investis pour moins de 5 ans avec des actions, tu fais fausse route, car ce n’est pas le bon outil.» Il constate que c’est une erreur assez répandue et très dommageable. «On voit ce phénomène aux deux extrêmes : les trop conservateurs aux horizons à long terme et les trop agressifs à courte échéance.»

«La deuxième erreur est de ne pas bien connaître les produits dans lesquels on investit.» Vincent Fournier doute que l’investisseur comprenne bien la nature des produits spécialisés, comme le Dividend Split 15 Corp. II. Le gestionnaire explique que ce produit d’investissement est le résultat d’un portefeuille segmenté en deux, avec une composante en action ordinaire, conçue pour capter la fluctuation du capital, et une composante en action privilégiée, bâtie pour générer du revenu. «Le titre choisi est celui dont l’objectif est plutôt axé sur la croissance et ce n’est pas une action non volatile qui génère un gros dividende, c’est plutôt le contraire lorsqu’on lit le prospectus.» Il constate que cette volatilité est confirmée par une analyse des variations au graphique des 10 dernières années.

Il observe aussi cette volatilité avec le FNB d’Horizons qui dédouble les variations quotidiennes des titres énergétiques du TSX et comporte des frais de gestion (de 1,64% selon leur fiche d’information). Pourtant à eux deux, ces titres représentent presque 50% du portefeuille fait remarquer le gestionnaire de portefeuille. «Pour moi c’est davantage de la spéculation que de l’investissement.» À cela s’ajoutent d’autres titres individuels qui ne démontrent pas de profitabilité (Ballard Power Systems) ou qui sont des choix fondés sur ce qui est au goût du jour (Coveo). «Un investisseur, contrairement à un entrepreneur qui doit se concentrer à 100% sur son entreprise, a pourtant le luxe (et le devoir, je dirais) de bien diversifier ses placements et de minimiser son risque.»

En troisième lieu, il met en garde le jeune investisseur contre la spéculation sur séance. «L’investissement c’est de l’investissement, ce n’est pas jouer au casino. Pour ce genre de pratique [Day Trading], il y a beaucoup d’appelés, mais très très peu d’élus.» Un petit pourcentage va se tirer d’affaire selon Vincent Fournier, contre une très grande majorité qui va se frotter à la réalité du marché. «Je ne dis pas que l’analyse technique ce n’est pas bon — ça aide par exemple à déterminer un bon point d’entrée dans une position — mais ça reste un outil parmi tant d’autres.» Enfin, le gestionnaire de portefeuille à Claret salue les progrès effectués par Maxime Desjarlais comme investisseur immobilier. Il rappelle que le contexte des bas taux d’intérêt a été propice à ce secteur. «Il faut néanmoins faire très attention à l’utilisation de l’effet levier.»

 

Si vous souhaitez vous aussi partager avec les lecteurs de Les Affaires votre stratégie d’investissement dans votre CELI et faire analyser votre portefeuille par un pro, écrivez-nous à denis.lalonde@groupecontex.ca

 

Le portefeuille de Maxime Desjarlais (valeur approximative de 51 000$)

Titres en portefeuille Symboles %
DIVIDEND 15 SPLIT CORP II DF.TO 31%
Ballard Power Systems BLDP.TO 18%
BetaPro S&P/TSX Capped Energy 2x Daily Bull HEU.TO 18%
Produits forestiers Résolu RFP.TO 15%
Journey Energy Inc JOY.TO 11%
Coveo Solutions Inc CVO.TO 3%
Espèces -- 5%
Total -- 100%

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