Huit coups de circuit potentiels

Publié le 23/10/2009 à 15:01

Huit coups de circuit potentiels

Publié le 23/10/2009 à 15:01

Par Marie-Claude Morin

Des portefeuillistes proposent des titres prometteurs, mais risqués. Photo : Bloomberg

Les investisseurs avertis ont rarement l'occasion de se faire recommander des achats audacieux.

C'est pourquoi nous avons demandé à huit gestionnaires de portefeuilles de nous suggérer un coup de circuit potentiel, c'est-à-dire un titre offrant un très fort potentiel de rendement, ce qui signifie en retour qu'il est très risqué. Il s'agit d'entreprises nord-américaines de divers secteurs qu'ils apprécient, mais qui ne représentent qu'une très faible partie de leur portefeuille.

Malgré l'incertitude entourant des titres aussi risqués, nos gestionnaires leur fixent un cours cible approximatif. L'atteinte de cet objectif dépend de plusieurs facteurs, dont la réalisation du scénario de croissance et l'évaluation du titre par les investisseurs. Nos experts sont d'ailleurs eux-mêmes extrêmement prudents par rapport à de telles cibles.

 

ROCKY MOUNTAIN DEALERSHIP

Secteur d'activité : Équipement agricole

Potentiel : Rocky Mountain Dealership, qui distribue de l'équipement agricole, veut consolider les concessionnaires Case dans les Prairies canadiennes. L'entreprise, qui contrôle le tiers de son marché avec des ventes de 500 millions de dollars, veut doubler ses revenus annuels à 1 milliard d'ici cinq ans. Le marché, très fragmenté, ne compte que quelques acteurs intermédiaires (ventes de 50 à 100 M$) et plusieurs concessionnaires indépendants. Seul consolidateur, Rocky acquiert ces indépendants à des prix avoisinant leur valeur comptable, pour ensuite augmenter la marge brute grâce à des systèmes de gestion plus développés.

Catalyseurs : Résultats trimestriels supérieurs aux attentes; nouvelles acquisitions.

Risques : Les ventes reposent sur la santé financière des fermiers; Rocky dépend de Case et de fournisseurs externes pour le financement offert aux clients; de grosses acquisitions présenteraient un risque d'intégration.

Cible : Actuellement de 5 à 6 fois le bénéfice, le ratio d'évaluation devrait s'approcher de celui des autres sociétés du secteur, à environ 9 à 10 fois.

«Les concessionnaires indépendants acceptent d'être achetés par Rocky à leur valeur comptable, car c'est leur seul porte de sortie.»
- Werner Muehlemann, vice-président et chef des actions canadiennes, Intact Assurance

SENSIO TECHNOLOGIES

Secteur d'activité : Technologies de l'information

Potentiel : La société montréalaise a conçu une technologie permettant la diffusion de contenus 3D par l'intermédiaire de canaux 2D traditionnels. Elle vend des licences aux fabricants d'équipement électronique qui intégreront son protocole IP à leurs appareils. En utilisant les installations existantes, Sensio se démarque des technologies concurrentes, qui nécessitent plus de modifications des appareils. Si elle est reconnue comme la norme de l'industrie, sa technologie 3D sera intégrée aux télévisions, appareils DVD et Blue-ray, ordinateurs et consoles vidéo.

Le DVD Forum a adopté Sensio comme norme, la Blu-ray Disc Association effectue des tests, et d'autres organismes étudient le dossier.

Catalyseur : Adoption de Sensio comme norme par la Blu-ray Disc Association, probablement d'ici la fin de 2009.

Risques : Le titre plongera si la technologie Sensio n'est pas choisie comme norme.

Cible : Le titre s'est beaucoup apprécié récemment, mais offre encore un bon potentiel. Il mériterait un ratio de 20 fois le bénéfice si la croissance est au rendez-vous. Il est encore difficile d'estimer les bénéfices, car ils dépendent de la rapidité d'adoption du 3D et des redevances négociées par Sensio.

«L'important en 3D est d'imposer sa technologie. Sensio est bien placée pour devenir la norme.»
- Pierre Lussier, vice-président exécutif, investissements, de SIPAR

5N PLUS

Secteur d'activité : Énergie solaire

Potentiel : Le raffineur québécois de métaux pour panneaux solaires oeuvre dans un secteur d'avenir. Son principal client (60 % du chiffre d'affaires), l'américaine First Solar, est une entreprise bien gérée, qui occupe une place de leader dans l'industrie solaire. 5N Plus dispose de liquidités pour réaliser des acquisitions si des occasions intéressantes se présentent. L'entreprise jouit d'un bon bilan financier et peut compter sur une équipe de direction expérimentée.

Catalyseurs : Annonce d'un nouveau contrat avec un gros client, à condition que les marges bénéficiaires soient élevées et qu'il s'agisse d'un autre client que First Solar; signaux clairs de croissance économique.

Risques : Pression sur les marges exercée par First Solar.

Cible : Le titre pourrait doubler, à 12 $, si le bénéfice par action atteint 0,60 $ en 2010, plutôt que les 0,45 $ à 0,50 $ attendus. Son ratio d'évaluation pourrait alors grimper à 20 fois le bénéfice.

«Son bilan sain et son équipe de direction solide lui permettront d'accomplir beaucoup de choses.»
- François Rochon, président de Giverny Capital

 

XENOS

Secteur d'activité : Technologies de l'information

Potentiel : L'ontarienne Xenos vend des logiciels d'optimisation de la gestion de l'information. Xenos pourrait représenter une cible d'acquisition pour des géants comme Oracle. En cas d'offre d'achat, les actions de Xenos vaudraient entre 3 et 4 $. Détenant l'équivalent de 1 $ par action en liquidités, elle pourrait verser un dividende dès cette année.

Catalyseurs : Forte croissance des revenus; versement d'un dividende, possiblement de 0,06 à 0,08 $ par action.

Risques : Son bilan sain en fait un titre peu risqué; la micro-capitalisation boursière rend toutefois le titre peu liquide.

Cible : Le titre pourrait s'apprécier de 80 % sur deux ans, en plus d'être susceptible de générer un rendement de dividende de 4 %.

«Seules la taille de l'entreprise et la non-liquidité du titre expliquent la sous-évaluation de Xenos.»
- Sébastien van Berkom, président de Van Berkom et Associés

 

VEECO INSTRUMENTS

Secteur d'activité : Équipement électronique

Potentiel : Le fabricant américain Veeco vend à des géants tels que Philips et Samsung l'équipement nécessaire à la production de diodes électroluminescentes (DEL). Seulement 3 % des téléviseurs sont équipés de DEL actuellement, mais la proportion pourrait atteindre 50 % en 2011. Le potentiel de revenu est élevé, car un téléviseur nécessite 600 DEL, comparativement à 60 pour un ordinateur portable et à 10 pour un cellulaire. La complexité de la technologie dresse d'importantes barrières à l'entrée; Veeco n'a qu'un seul concurrent, en Allemagne.

Catalyseur : Les prochains résultats trimestriels, publiés le 26 octobre, indiqueront si Veeco a réussi à maintenir le ryhtme de croissance affiché au trimestre précédent.

Risques : Les commandes en dents de scie rendent les revenus peu prévisibles; une hausse abrupte de la demande serait difficile à satisfaire; une correction économique ralentirait l'adoption des DEL.

Cible : Le titre pourrait doubler ou tripler au cours des 12 prochains mois. Son ratio d'évaluation est moitié moins élevé que celui de son concurrent allemand. De plus, la demande croissante de DEL rendra les équipementiers plus attrayants.

«La demande d'équipement pour la production de DEL dépassera l'offre pendant encore au moins trois ans.»
- Dan Wasiolek, gestionnaire du fonds Aggressive US Growth chez AGF.


TRANSGLOBE ENERGY

Secteur d'activité : Pétrole

Potentiel : L'albertaine TransGlobe produit 6 000 barils de pétrole par jour en Égypte et en retire 3 000 autres d'un partenariat au Yémen. Elle veut forer cinq nouveaux puits d'ici la fin de l'année, tout en cherchant un moyen d'exploiter un gisement de 55 millions de barils près de Thèbes, en Égypte. Au Yémen, son partenaire tente de s'entendre avec le gouvernement pour commencer l'exploitation de puits représentant 30 millions de barils. Le faible endettement de TransGlobe, les liquidités que génère sa production et ses faibles coûts d'exploration et d'exploitation limitent les facteurs de risque.

Catalyseurs : Annonce d'une solution technique permettant l'exploitation du gisement de Thèbes; signature d'un contrat avec le gouvernement yéménite.

Risques : Risque géopolitique en Égypte et au Yémen; des problèmes techniques limiteraient le volume de production.

Cible : Le titre s'échange à 3,5 fois les fonds autogénérés, comparativement à 6 fois pour certaines petites sociétés.

«Les Chinois vont un jour ou l'autre vouloir acquérir TransGlobe.»
- Daniel Lavoie, gestionnaire chez Montrusco Bolton


CIT GROUP

Secteur d'activité : Finance

Potentiel : La crise financière a frappé durement CIT Group, une société américaine spécialisée dans les prêts aux petites entreprises. L'entreprise doit restructurer son capital pour survivre, après le refus du gouvernement américain de l'aider.

Si les détenteurs d'obligations acceptent l'offre de remboursement partiel, ils détiendront 94 % du capital. S'ils la refusent, CIT devra déclarer faillite.

Catalyseur : Acceptation de l'offre de restructuration du capital, probable à environ 50 %.

Risques : Advenant un échec de la restructuration, les actionnaires ordinaires perdront tout.

Cible : Si la restructuration a bien lieu, le titre pourra remonter à 5 ou 6 $ US. Le rebond boursier pourrait par contre être plus lent pour les sociétés financières comme CIT que pour les grandes banques américaines.

«Le titre de CIT Group reflète un scénario de faillite.»
- Alain Chung, gestionnaire chez Claret

MEDIAGRIF

Secteur d'activité : Technologies de l'information

Potentiel : Pdg depuis décembre 2008, Claude Roy souhaite repositionner Technologies interactives Mediagrif. Il veut concentrer les activités dans les secteurs les plus porteurs, mettre l'accent sur la croissance des ventes et simplifier la structure de l'entreprise de Longueuil. M. Roy a démontré ses talents de gestionnaire chez Logibec (dont il demeure pdg). Les mesures qu'il a instaurées jusqu'à maintenant chez Mediagrif permettront de réduire les coûts de 4 millions de dollars par année; d'autres devraient suivre. Exempte de dette, Mediagrif jouit d'une encaisse équivalant à 1,80 $ par action.

Catalyseurs : Progression des ventes, ce qui peut prendre encore un an; signaux clairs d'une amélioration de la rentabilité.

Risques : L'incapacité à accroître les ventes ferait stagner le titre; l'entreprise devra recruter une nouvelle équipe de direction une fois le repositionnement effectué, Claude Roy n'étant pdg que par intérim.

Cible : Le titre passera de 4,50 à environ 7 $ d'ici 6 à 12 mois si la nouvelle direction réussit le repositionnement et améliore la rentabilité. Il pourrait même doubler si l'entreprise annonçait une augmentation de ses ventes de 10 à 15 %.

«Sous l'ancienne administration, Mediagrif augmentait le nombre de réseaux d'affaires et de bureaux plutôt que ses revenus.»
- Christine Décarie, vice-présidente et gestionnaire au Groupe Investors

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