Desjardins a erré en vendant son CPG Gestion active au grand public

Publié le 31/01/2009 à 00:00, mis à jour le 08/10/2013 à 08:54

Desjardins a erré en vendant son CPG Gestion active au grand public

Publié le 31/01/2009 à 00:00, mis à jour le 08/10/2013 à 08:54

Par Jean Gagnon

Dans votre chronique du 3 janvier concernant l'annonce par le Mouvement Desjardins que le rendement de l'Épargne à terme Gestion active sera nul et que les épargnants ne toucheront pas leur capital avant l'échéance dans plusieurs années, vous concluez que Desjardins a fait face à un événement exceptionnel qui justifie une telle décision.

Votre réponse me désole, car il me semble que certains éléments de ce dossier ont été négligés, si ce n'est totalement ignorés.

Quand Desjardins nous vendait son produit Gestion active, elle vantait la qualité de sa gestion, disant que ses professionnels du placement s'occupaient de transférer l'argent investi d'un produit à l'autre selon l'évolution des rendements.

Ne croyez-vous pas que ces experts pouvaient évaluer les problèmes à venir avec les fonds de couverture, et qu'il était mensonger de vendre ce produit aussi tard qu'en juin 2008 ?

N'oublions pas que ce produit était offert à des épargnants souvent néophytes et ayant une aversion au risque, comme c'est mon cas d'ailleurs.

De plus, on peut se demander si ces épargnants ont été traités équitablement par rapport aux investisseurs qui détenaient du PCAA par l'intermédiaire de leurs fonds communs de marché monétaire dont les pertes ont été protégées par Desjardins.

Pourquoi Desjardins a-t-elle décidé de supporter la perte des PCAA à la place des investisseurs, et ne fait rien pour dédommager les détenteurs de Gestion active ?

- Hélène Dauphinais

J'avais, comme plusieurs chroniqueurs financiers, tourné la page sur cette expérience malencontreuse de Desjardins dans les fonds de couverture (hedge funds), limitant mon analyse aux raisons techniques de l'implosion du produit d'épargne Gestion active.

Merci de me rappeler à l'ordre. Vous m'avez convaincu que d'autres aspects de la situation méritaient un examen bien plus approfondi. Ce que j'ai fait.

Mes conclusions sont les suivantes. D'abord, je crois que Desjardins a erré en offrant à une clientèle d'épargnants un produit mal adapté à leurs besoins. De plus, bien que les gens de Desjardins réfutent l'analogie que vous établissez avec le sauvetage du papier commercial adossé à des actifs (PCAA), elle m'apparaît au contraire fondée.

Qu'est ce qu'un fonds de fonds de couverture ?

Au cours des dernières années, j'ai suivi avec grand intérêt les activités de Desjardins dans le secteur des fonds de couverture, car cette façon d'investir était et demeure, selon moi, vouée à un grand succès.

Chez Desjardins, une équipe de professionnels aguerris avait bâti un fonds de fonds de couverture, c'est-à-dire un fonds investissant en même temps dans plusieurs fonds de couverture. Ce fonds me paraissait bien ficelé. Et je continue de croire qu'il l'était, bien qu'il soit en liquidation.

C'est la façon dont le produit a été structuré pour être vendu aux épargnants qui m'apparaît aujourd'hui très discutable, et qui est responsable de la déroute du fonds.

Un fonds de fonds de couverture est un placement diversifié faisant appel aux styles de gestion les plus modernes. Il s'adresse à des investisseurs qui comprennent bien les rouages du placement, qui savent bien évaluer les risques et pour qui la garantie du capital est un accessoire coûteux et généralement inutile.

Un effet de levier qui a forcé la liquidation

Comme bien d'autres institutions, Desjardins a assorti son fonds de fonds de couverture d'une garantie du capital afin de pouvoir l'offrir à tous les épargnants, au même titre que les autres certificats de placement garanti (CPG). C'était une erreur. Car pour offrir à la fois une garantie de capital et un rendement intéressant, il faut investir les sommes en utilisant un important effet de levier.

La chute des Bourses au cours des six derniers mois a été exceptionnelle, tous en conviennent. Mais les professionnels de Desjardins savaient que si une telle chute se produisait, ils seraient forcés de liquider le fonds, car l'effet de levier grugerait rapidement la capital investi.

Je crains qu'ils aient sous-estimé l'éventualité d'une chute boursière aussi forte et subite.

Un fonds de fonds de couverture, bien qu'assorti d'une garantie de capital, demeure un produit d'investissement. Desjardins a commis une erreur en offrant ce produit à une clientèle d'épargnants qui, eux, n'étaient pas en mesure d'évaluer le risque d'implosion du fonds.

Est-ce vraiment différent des PCAA ?

Lorsque le marché du PCAA a été gelé en août 2007 et qu'il devenait alors évident que les détenteurs allaient subir des pertes importantes, Desjardins a racheté le PCAA de ses fonds communs du marché monétaire pour le remplacer par des titres d'emprunt de la Caisse centrale Desjardins.

Desjardins a également racheté le PCAA détenu par ses clients institutionnels, lesquels représentaient la part du lion des montants investis dans ce type de placement.

Dans ces deux cas, Desjardins n'était pas forcée de racheter le PCAA. L'institution a décidé d'assumer elle-même ces pertes pour préserver sa réputation, mais aussi pour se prémunir contre des poursuites qu'auraient pu intenter les clients institutionnels.

Ce faisant, je crois qu'elle admettait aussi que ses clients s'étaient retrouvés avec des titres qui leur faisaient courir un risque inapproprié.

C'est à cet égard que votre analogie entre les deux situations prend tout son sens. Comme dans le cas du PCAA, la majorité des épargnants n'aurait jamais dû détenir des CPG Épargne à terme Gestion active. En quoi ce produit serait-il différent du PCAA, demandez-vous ?

André Chapleau, porte- parole du Mouvement Desjardins, insiste sur le fait que les membres qui détenaient des CPG Gestion active n'ont pas subi de pertes.

Je ne partage pas cet avis. Ces épargnants ont subi une perte qui équivaut au rendement composé qu'ils auraient obtenu avec un CPG classique de la même échéance.

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