Pour ou contre les fonds d'actions à dividende élevé ?


Édition du 08 Juillet 2017

Pour ou contre les fonds d'actions à dividende élevé ?


Édition du 08 Juillet 2017

Par Raymond Kerzérho

Pour ou contre les actions à dividende élevé ? Voyons, on ne peut pas être contre les dividendes ! dites-vous. Pourtant oui, l'enfant chéri de nombreux rentiers et autres investisseurs ne comporte pas que des avantages. Voyons un peu...

Avantages

Les dividendes sont réconfortants. L'investisseur qui ne fait pas tout à fait confiance aux marchés boursiers peut se dire : «Si je ne fais pas de gains avec mon portefeuille pendant un bout de temps, avec les dividendes, au moins je serai payé pour attendre.» Un taux élevé de distribution de dividendes confirme à ses yeux que l'entreprise fait des profits et démontre une certaine confiance en l'avenir. En outre, les sociétés cotées en Bourse sont souvent très réticentes à réduire leurs dividendes. La distribution régulière de dividendes représente donc un engagement qui peut être rassurant.

Les dividendes élevés favorisent la discipline. Peut-être justement parce qu'ils rassurent les investisseurs, ces derniers ont tendance à conserver leurs actions à dividende élevé plus longtemps que les autres titres. De plus, les études démontrent que les fonds d'actions à dividende élevé bénéficient du plus haut taux de survie parmi toutes les catégories de fonds. Les investisseurs sont extr êmement loyaux envers ce type de fonds ; ils sont plus patients et persévérants dans leur stratégie de placement.

Les dividendes de sociétés publiques canadiennes bénéficient d'un crédit d'impôt. Leur taux d'imposition est donc inférieur à celui des revenus d'intérêt. Lequel, des dividendes canadiens et des gains en capital, est le moins lourdement imposé ? Ça dépend. Pour la fourchette de revenu imposable inférieure à 45 000 $, le taux marginal d'imposition d'un particulier québécois est nettement plus bas pour les dividendes que pour les gains en capital. De 45 000 $ à 85 000 $, c'est à peu près égal et au-delà de 85 000 $, c'est le gain en capital qui est le moins lourdement imposé. Plus votre revenu dépasse ce seuil, plus la différence est importante, comme le présente le tableau ci-dessous. Gardez à l'esprit que les dollars que vous enverrez à l'impôt ne pourront pas servir à payer votre épicerie.

Inconvénients

Perte de diversification. La plupart des actions cotées en Bourse ne versent que peu ou pas de dividendes. Le fait de verser un dividende très élevé n'est pas un gage de qualité. Grand nombre de sociétés qui ne versent pas de dividendes sont très rentables et, inversement, il est fréquent que des sociétés en difficulté s'entêtent à verser des dividendes mirobolants. En vous en tenant aux titres à taux de dividende élevé, vous limitez votre potentiel de diversification et donc, votre contrôle du risque.

Un dividende n'est pas un cadeau. Généralement, lorsque la date d'admissibilité au versement d'un dividende expire, le prix de l'action diminue à peu près d'un montant équivalent. Disons par exemple qu'une action cotée à 10 $ s'apprête à verser un dividende de 0,25 $, le prix chutera à 9,75 $ dès le lendemain de la distribution. Chaque dividende versé ampute d'autant le prix de l'action et réduit à la longue son potentiel de gain en capital. Si vous investissez pour le long terme, nonobstant les impôts, vous devriez être indifférent au paiement de dividendes. Que l'argent vous soit distribué ou réinvesti dans la société, il vous appartient de toute façon. C'est seulement la façon dont vous le détenez qui varie.

La fiscalité des dividendes de sociétés étrangères est très désavantageuse. Les dividendes étrangers sont imposés au plein taux des revenus ordinaires, soit le même qui est appliqué aux revenus d'intérêt. De plus, les gouvernements étrangers effectuent une retenue à la source sur les dividendes payés à des résidents d'autres pays, comme par exemple les Canadiens. Cette retenue est en général de l'ordre de 15 %. Et même les REER et les FERR sont touchés par ces retenues, qui sont toutefois récupérables. Mais en fin de compte, les revenus de dividendes étrangers sont beaucoup plus lourdement imposés que les revenus de dividendes canadiens et les gains en capital.

Conclusion

Il serait faux de croire que les actions à dividende élevé sont supérieures en toutes circonstances. Les dividendes peuvent vous offrir une certaine quiétude et vous encourager à persévérer avec votre stratégie de portefeuille. Mais les sociétés qui versent des dividendes élevés ne sont pas intrinsèquement supérieures aux autres. Du point de vue fiscal, les dividendes de sociétés canadiennes peuvent s'avérer très avantageux ou, au contraire, très désavantageux par rapport aux gains en capital, selon le niveau de votre revenu. Les dividendes de source étrangère sont lourdement imposés. De plus, une stratégie centrée sur les dividendes élevés restreint de beaucoup la possibilité de diversifier votre portefeuille.

 

Le plan d’action

Les fonds communs ou les -FNB d’actions à dividende élevé peuvent s’avérer avantageux si : 

- Vous avez tendance à abandonner votre stratégie de placement lors des périodes de turbulence et la présence de dividendes élevés vous permet de garder le cap.

- Vous possédez d’importants placements -non-enregistrés et vous déclarez un revenu personnel ne dépassant pas 45 000 $.

 

Les fonds communs ou les -FNB d’actions à dividende élevé sont à éviter si : 

- Vous êtes insensible au « charme » des dividendes et souhaitez plutôt maximiser la diversification et le rendement après impôts de votre portefeuille.

- Vous possédez d’importants placements -non-enregistrés et vous déclarez un revenu personnel dépassant les 85 000 $.

 

EXPERT INVITÉ
Raymond ­Kerzérho
CFA, ­MBA, est directeur de la recherche chez ­PWL ­Capital.
Il enseigne également la finance à l’Université ­McGill et anime la baladodiffusion L’investissement décomplexé, disponible sur pwlcapital.com.

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