Vos actifs sont-ils rangés au bon endroit?

Publié le 10/10/2016 à 09:30

Vos actifs sont-ils rangés au bon endroit?

Publié le 10/10/2016 à 09:30

Photo: Shutterstock

Vous avez fait vos calculs et déterminé si votre niveau d'épargne est adéquat, et vous avez consulté des sources fiables et mis en place une combinaison sensée entre actions, obligations et liquidités qui convient à votre situation personnelle.

Ensuite, vient la question de la localisation des actifs, c'est à dire identifier le bon type de compte pour chaque type d'actifs. Il est vrai qu'une bonne localisation d'actifs ne sera pas aussi déterminante pour votre plan de retraite que le seront votre taux d'épargne et de dépenses, ou votre répartition d'actifs.

Mais si vous réfléchissez bien au type de compte où vous rangez vos divers actifs, vous pourrez atténuer l'impact des impôts sur les rendements de votre portefeuille et aussi exercer un plus grand contrôle sur les événements imposables, deux objectifs qui méritent d'être pris en considération.

Vous connaissez probablement la sagesse populaire au sujet de la localisation des actifs. Il est bon de ranger les placements fortement imposés -- comme les obligations, dont le revenu est imposé à votre taux d'imposition ordinaire -- dans des comptes à l'abri de l'impôt comme un REER ou un régime de retraite de compagnie. Par ailleurs, si l'on détient des actifs dans un compte de courtage imposable, il est préférable d'utiliser des titres qui génèrent peu de distributions de revenu ou de gains en capital.

Malheureusement, la localisation des actifs n'est pas une science exacte.

D'une part, les taux de revenu des titres fluctuent constamment. À l'heure actuelle, les rendements des obligations et autres placements dont les distributions sont imposables au taux d'imposition ordinaire sont faibles par rapport à la norme historique et en termes absolus.

Outre la conjoncture changeante en matière de rendements, le traitement fiscal des placements change avec le temps, et ce qui pourrait représenter un placement optimal aujourd'hui pourrait ne pas l'être dans quelques années. Par exemple, lorsque le Canada a commencé à imposer les gains en capital en 1972, seule la moitié des gains survenus durant une année donnée était imposable. En 1990, ce taux a augmenté à 75%, mais 10 ans plus tard, il fut réduit aux deux tiers, pour ensuite revenir à 50%, taux toujours en vigueur aujourd'hui.

De plus, les considérations pratiques peuvent parfois totalement contredire les conseils qui seraient logiques d'un point de vue fiscal. Quand nous sommes dans une période d'accumulation, la plupart d'entre nous utilisons naturellement nos comptes de retraite (les REER et régimes de retraite de compagnies) pour entreposer nos épargnes à long terme, donc il n'est que logique que nous soyons enclins à y investir dans des actifs à long terme (à savoir, les actions).

Par ailleurs, d'un point de vue pratique, il est logique de vouloir détenir des actifs plus sûrs, plus stables et plus liquides (c'est-à-dire, des obligations et des liquidités) dans des comptes dans lesquels nous puissions aisément puiser sans restriction ou pénalité: nos comptes imposables.

Pourtant, aussi judicieux que puisse sembler être cet agencement des placements, ils contredisent précisément ce qu'un conseiller financier vous dirait de faire. Parce que le revenu des obligations et des liquidités est imposé à votre taux d'imposition normal, c'est un argument puissant pour les détenir dans vos abris fiscaux, tout en gardant au moins certaines actions dans votre compte imposable. 

Donc comment naviguer ce paysage un peu confus? Il n'existe pas de solution passe-partout, et il convient de revoir à quelques années d'intervalle dans quels comptes sont placés vos actifs, pour vous assurer que votre plan s'aligne bien sur les règles fiscales en vigueur. Les retraités en particulier pourraient vouloir maintenir une diversification parmi toutes les catégories d'actifs au sein de leurs comptes à l'abri de l'impôt et leurs comptes imposables, leur permettant une flexibilité accrue au niveau de la provenance des liquidités nécessaires aux frais de subsistance. 

Mais voici quelques lignes directrices.

À détenir dans vos abris fiscaux : des actifs à rendement élevé avec des coûts fiscaux élevés

Parce que vous n'avez pas à payer d'impôt d'une année à l'autre sur le revenu ou les gains en capital que vous avez gagnés dans des abris fiscaux comme les REER et les CELI, ils constituent de bons réservoirs pour des placements à rendement élevé qui ont aussi de lourdes conséquences fiscales.

Le meilleur exemple serait les obligations à rendement élevé et les fonds d'obligations à rendement élevé, qui entraînent un pourcentage élevé de revenu imposable. Et bien qu'il soit exagéré d'appeler actuellement les obligations de qualité élevée et les fonds obligataires des placements à «rendement élevé» à l'heure actuelle, les obligations conviennent mieux aux abris fiscaux qu'aux comptes imposables, parce que leurs rendements sont traités au taux d'imposition ordinaire d'un l'investisseur.

En revanche, les actions ou fonds d'actions conviennent généralement mieux aux comptes imposables, pour des raisons que je détaillerai dans une minute.

Cela dit, les actions ne conviennent pas toutes aux comptes imposables. Bien qu'elles jouissent d'un traitement fiscal assez favorable en ce moment, les actions à dividendes conviendraient mieux à la rigueur aux abris fiscaux qu'aux comptes imposables.

La raison essentielle en est le contrôle. Le revenu en dividendes, comme le revenu d'obligations, n'est pas discrétionnaire. Alors que les investisseurs en actions peuvent repousser les gains en capital simplement en conservant l'action, les investisseurs dans des actions à dividendes n'ont pas ce genre de contrôle. Ils reçoivent les dividendes qu'ils le veuillent ou non. D'un point de vue fiscal, cela rend les actions à dividendes, quel que soit le traitement fiscal, moins attrayantes que les actions ne versant pas de dividendes.

Votre REER est aussi le bon endroit pour détenir des fiducies de placement immobilier, dont les versements et le traitement fiscal peuvent varier d'une année à l'autre. Les distributions des FPI peuvent être sous forme d'un revenu régulier (imposé à votre taux d'imposition marginal dans sa totalité), de gains en capital (la moitié de votre taux d'imposition) ou de remboursement du capital.

Dans le dernier cas, vous n'êtes pas imposé immédiatement, mais votre coût de base ajusté est réduit, si bien que vous ferez finalement face à un gain en capital plus important (ou une perte en capital inférieure), lorsque vous finirez par vendre votre FPI. La distribution provenant d'une FPI donnée n'est pas prévisible, donc la détenir dans un abri fiscal peut supprimer cet élément d'incertitude de sa planification financière.

Enfin, dans la mesure où vous détenez des fonds communs de placement qui bouleversent fréquemment leur portefeuille, vous feriez mieux de le faire au sein de votre REER ou de votre CELI. De tels fonds tendent à générer beaucoup de distributions de gain en capital, qui sont aussi imposées à la moitié de votre taux marginal.

À détenir dans vos comptes imposables: des actifs à rendement élevé aux faibles coûts d'imposition.

Même en tenant compte des exceptions ci-dessus, il existe des raisons convaincantes de détenir des actions dans vos comptes imposables plutôt que dans vos abris fiscaux.

Comme je l'ai indiqué plus tôt, les gains en capital, qui proviennent de la vente d'une action qui a pris de la valeur, sont imposés à un taux bien plus bas que le revenu des obligations.

Une autre raison importante de détenir des actions dans vos comptes imposables est que les investisseurs dans les actions peuvent aussi exercer un contrôle plus élevé sur la réception de gains en capital que les investisseurs dans les obligations, par exemple, en achetant et en détenant des actions individuelles ou en investissant dans des fonds négociés en bourse(FNB), qui ont un mécanisme intégré pour limiter les gains en capital imposables. Les fonds fiscalement efficients et les fonds d'actions indiciels traditionnels visant l'ensemble du marché tendent aussi à bien maîtriser la distribution des gains en capital.

À détenir dans l'un ou l'autre compte: actifs à rendement inférieur avec des coûts d'imposition élevés

Les règles essentielles sont que les actions conviennent aux comptes imposables, et les obligations aux abris fiscaux. Et les liquidités, alors? D'un point de vue purement fiscal, détenir les actifs dans un abri fiscal est ce qu'il y a de plus logique, car le revenu des placements liquides est imposable en tant que revenu ordinaire, tout comme les revenus obligataires.

Voici un cas, toutefois, où les considérations pratiques peuvent dépasser l'argument fiscal. L'un des principaux avantages des liquidités est l'accès facile à votre argent quand vous en avez besoin; il peut donc simplement ne pas être logique de garder de l'argent pour vos besoins de revenu à court terme dans un REER ou un FERR, où vous pouvez déclencher un événement imposable lorsque vous retirez de l'argent. Et parce que vous recevez ces jours-ci un flux de revenu minime de vos liquidités (vous les détenez sans doute pour leur stabilité autant que pour leur revenu réel), l'impact fiscal associé à la détention de liquidités dans un compte imposable est probablement minime pour la plupart des investisseurs.

En fin de compte, si vous détenez des liquidités pour vos besoins de revenu à court terme ou comme fonds d'urgence, il est logique de les détenir dans un compte imposable. Si vous détenez une portion en liquidités dans le cadre du plan de répartition d'actifs stratégique à long terme de votre portefeuille de retraite, il est bon de le détenir dans un abri fiscal.

Une partie de ce dilemme peut être résolue en détenant autant de liquidités que possible dans un CELI, qui vous permet de retirer de l'argent de votre compte sans aucune pénalité fiscale tout en laissant vos avoirs fructifier sans être imposés.

Le seul inconvénient est que, en ce moment, les Canadiens ne peuvent détenir que jusqu'à 46500 $ dans un CELI, ce qui pour certains ne saurait être suffisant, car il est recommandé de conserver une composante liquide suffisamment importante pour satisfaire à vos dépenses courantes d'un an ou plus.

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