iPhone et iPad brisés dans les mains, étudiants et hommes d’affaires s’agglutinent à toute heure de la journée devant le comptoir du magasin iRepair Mtl. Située à quelques pas de l’Apple Store, en plein centre-ville de Montréal, la jeune entreprise connaît un succès monstre. Et pour cause : elle assure un service de réparations de tous genres, ce que la majorité des fournisseurs, dont Apple, n’offrent pas.
« Les gens sont attachés à leur appareil électronique et ne veulent pas forcément le changer par un nouveau lorsqu’un pépin survient », déclare William Daigle, cofondateur d’iRepair Mtl. Le jeune homme, qui approche de la trentaine, n’a pas vu les dernières années passer. Depuis qu’il s’est lancé dans la réparation du modèle iPhone 4, à l’automne 2011, il n’a plus jamais arrêté.
À l’époque, aucun commerce ou presque n’offrait de service de réparations. « Il y avait beaucoup d’insatisfaction chez les consommateurs. Apple n’offrait pas de garantie réelle pour des appareils qui se brisent très facilement », se souvient-il. Accompagné d’un ami doué dans la réparation des produits Apple, M. Daigle a décidé d’apprendre à son tour.
Quand parler mandarin s’avère utile
« Nous voulions devenir les meilleurs, et pour cela, il nous fallait travailler avec les mêmes pièces qu’Apple », relate-t-il. Lors de ses études universitaires en commerce international, M. Daigle a séjourné en Chine. Sa maîtrise du mandarin s’est révélée fort utile pour créer un lien particulier avec une personne travaillant pour LG, un des principaux fournisseurs d’Apple, établi en Chine, qui a accepté de lui fournir régulièrement des pièces.
« La qualité d’un composant électronique varie énormément entre un original et une copie », explique-t-il. Même si certaines pièces d’origine peuvent coûter jusqu’à dix fois plus cher, M. Daigle reste convaincu que cette qualité a une incidence majeure. « C’est notamment ce qui nous distingue de tous les autres commerces de réparation. »
De plus, les propriétaires d’iRepair se sont spécialisés en microsoudure, convainquant les rares spécialistes du domaine de leur apprendre le métier. « La majorité des soudures sur les appareils électroniques sont tellement microscopiques que ce sont des robots qui les font. Nous avons décidé d’apprendre à le faire », explique Jean-Pierre Lachance, devenu copropriétaire il y a un an.
Dégât d’eau ou de nourriture, écran en mille morceaux, anomalies dans le fonctionnement… Plus rien n’est à l’épreuve des techniciens d’iRepair, affirme M. Lachance. « Et lorsque l’appareil est trop brisé ou trop vieux, nous l’achetons. Ça nous permet à la fois de récupérer une panoplie de composants et d’éviter le gaspillage », dit-il, en ajoutant au passage que beaucoup de clients, situés en région, font parvenir leurs appareils brisés par la poste pour les faire réparer.
Un marché en croissance
iRepair n’est pas le seul magasin à profiter du marché de la réparation d’appareils électroniques. Dans la rue Sainte-Catherine, légèrement à l’est du centre-ville, le magasin Zone Accro reçoit aussi son lot de visiteurs. « Depuis l’arrivée du premier iPod, à la fin de 2001, nous avons des demandes de réparation », confirme Martin Masse, qui a fondé le magasin en 1998. Celui-ci n’est pas surpris de voir apparaître des concurrents comme iRepair Mtl ou MK3 Mobile (à Boisbriand). « De plus en plus de personnes possèdent un téléphone intelligent, une tablette, un ordinateur portable ; ça va de soi que le marché de la réparation soit en pleine croissance », affirme-t-il.
Une entreprise qui se concrétise
« J’étais convaincu qu’il y avait une demande d’un tel service de réparations… et je ne me suis pas trompé. En quelque sorte, nous sommes devenus le morceau manquant de la pomme d’Apple », dit William Daigle avec un clin d’œil. En moins de trois ans, les jeunes entrepreneurs d’iRepair Mtl ont connu une évolution éclair, déménageant régulièrement de locaux, ajoutant sans cesse des mains à l’ouvrage… Aujourd’hui, la PME emploie près de 20 personnes et a un chiffre d’affaires de plus d’un million de dollars.
Inspirée par le Genius Bar d’Apple, l’entreprise ouvrira sous peu l’iLounge, un lieu où les clients pourront recevoir conseils et formation. « Que ce soit pour apprendre aux gens comment préserver leur batterie ou pour briser les mythes du sac de riz, je crois qu’il est important d’offrir un espace d’échange, de créer une expérience », conclut Jean-Pierre Lachance.