Pour devenir propriétaire des anciennes compagnies de construction de Tony Accurso, Investissements Hexagone a dû allonger 150 M $. Pour financer la transaction, les nouveaux actionnaires ont accepté de payer une prime aux prêteurs : les scandales de corruption dans la construction et la Commission Charbonneau augmentent le risque pour les financiers... et font monter les enchères.
«Ce qui se passe au Québec, c’est suivi par les gens intéressés : les institutions financières, les compagnies de cautionnement, d’assurances... C’est regardé partout dans le monde. Moi j’ai eu des réunions en Europe où on m’a parlé de situations au Québec avec des faits très précis», a confié Joël Gauthier, pdg d’Investissements Hexagone, l’entreprise créée le 22 mars pour racheter Louisbourg SBC, Simard-Beaudry Construction, Gastier, Géodex, Ciments Lavallée et Houle H2O. Il assure que son consortium a dû payer «quelques points de pourcentage de plus» pour emprunter l’argent nécessaire.
«J’ai eu des rencontres à Toronto pour expliquer la situation, rassurer... On a convaincu les prêteurs qu’on avait une bonne équipe, un bon management, un bon plan d’affaires», dit l’ancien pdg de l’Agence métropolitaine de transport et ex-directeur général du Parti libéral du Québec, lors d’une entrevue avec LesAffaires.com.
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Pour prêter les fonds nécessaires aux acquéreurs, plusieurs institutions et sociétés ont été approchées, au Québec, au Canada anglais et à l'étranger. C’est finalement Third Eye Capital qui a financé la transaction. Cette société non bancaire de Toronto se spécialise dans «les solutions de financement innovatrices, surtout pour les entreprises canadiennes de taille moyenne qui sont déconsidérées par les sources conventionnelles de financement», selon son site Internet.
«Third Eye est dans le dossier avec nous depuis à tout le moins novembre», explique Joël Gauthier. C’est quelques semaines seulement après que Tony Accurso eût annoncé qu’il allait quitter le domaine de la construction et vendre ses entreprises.
«Je pense que Third Eye a créé un consortium, et qu’il est à la tête du syndicat bancaire.» Joël Gauthier assure ne pas savoir qui sont les autres membres du regroupement.
Third Eye finance aussi Tony Accurso
En février dernier, Third Eye a accordé un financement de 17,5 M $ à Tony Accurso lui-même et à une société en commandite sous son contrôle, 1111 St-Laurent, qui détient un terrain à développer à cette adresse, au cœur du Quartier chinois.
La compagnie à numéros contrôlant 1111 St-Laurent a émis des débentures pour garantir le prêt, en plus d’hypothéquer tous les avoirs de l’entreprise et de son propriétaire.
Joël Gauthier assure cependant que ce financement «personnel» n’a rien à voir avec le prêt de Third Eye accordé aux nouveaux propriétaires des anciennes compagnies du groupe de construction de Tony Accurso. «À ma connaissance, il n’y pas de lien entre ces deux financements», dit Joël Gauthier.
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