Une autre difficulté s’abat sur la production porcine québécoise. L’explosion du prix du maïs fait mal aux producteurs, dont certains pourraient être contraints à la faillite ou à l’extermination d’une partie de leur cheptel.
Depuis la mi-juin, le contrat à terme sur le maïs, la nourriture principale du porc, a explosé de 43%. À la fin août, la progression a atteint un sommet de 65%. Cette flambée s’explique par les dommages causés par la pire sécheresse vécue aux États-Unis depuis 1956.
L’alimentation représente environ 60% des coûts de production. «Imaginez que 60% de votre facture augmente de moitié, explique Michel Morisset, professeur au département d’économie agroalimentaire de l’Université Laval. C’est gigantesque.»
À cela s’ajoute une diminution de la valeur de la viande de porc. Depuis les 11 dernières semaines, le prix du porc a perdu le tiers de sa valeur, note M. Morisset.
«Les pôles s’éloignent, s’inquiète David Boissonneault, président de la Fédération des producteurs de porc du Québec. Ça devient difficile à supporter. Des producteurs sont contraints de se retirer ou de liquider leurs bétails.»
À lire: Pas de pénurie de bacon pour l'instant
Les difficultés tombent à un bien mauvais moment pour les producteurs qui sortent d’une période difficile entre 2006 et 2010. «De nombreux producteurs ont restructuré leurs activités pour équilibrer leur budget, raconte M. Boissonneault. On espérait une embellie.»
Le Québec n’est pas le seul marché à connaître cette difficulté. Aux États-Unis, les réserves de porcs ont atteint un creux depuis 1975 tandis que les producteurs liquident leur effectif. En Angleterre, une organisation de l’industrie a annoncé qu’il y aurait une pénurie de bacon en raison de l’extermination du bétail.
Un impact sur l’assurance stabilité
À la Financière agricole, l’assureur public des producteurs agricoles, on a devancé le paiement de prestations aux producteurs de porcs pour répondre à l’urgence, affirme sa porte-parole Mélanie Fiset.
Généralement, les compensations sont versées en juillet, en janvier et en avril. La société d’État a versé aux producteurs 24,1M$ en juin et 32,5M$ en août. Cela représente près de 60% des sommes prévues à l’exercice financier 2013, qui se termine en avril.
Québec finance les deux tiers du budget de la Financière, l’autre tiers est payé par les assurés. Au 31 mars 2011, le déficit accumulé du Fonds d’assurance stabilité pour la production porcine était de 324M$. C’est une baisse de 27% par rapport à l’exercice précédent grâce à un excédent en 2011.
La situation reste précaire pour les producteurs puisque, comme pour les assurances privées, leurs primes peuvent augmenter lorsque le montant reçu en compensation augmente. Les primes ont déjà augmenté en 2008 et 2009. «D’autres hausses alourdiront encore plus le fardeau des producteurs», prévient M. Boissonneault.