C’est presque un cri du cœur en appui au Fonds de solidarité de la FTQ qu’ont lancé des entrepreneurs de Québec mardi matin en conférence de presse. Les présidents et chefs de la direction de SSQ Groupe Financier, Coveo, Teraxion, Québecomm et Distribution Sports Loisirs, ainsi que le président de la Fondation de l’entrepreneurship ont pris la parole pour demander au gouvernement fédéral de revoir sa décision d’abolir progressivement le crédit d’impôt de 15% octroyé aux épargnants qui investissent dans les fonds de travailleurs.
«Sans le Fonds, Teraxion ne serait pas demeurée québécoise, elle aurait été vendue à des étrangers en 2009. Notre chiffre d’affaires a doublé depuis l’investissement du Fonds et la masse salariale est aujourd’hui de 12 M$. Ce sont des gens qui paient des impôts ici», a témoigné Alain-Jacques Simard de Teraxion, ajoutant que l’appui du Fonds a permis une récente acquisition en Ontario.
Pour M. Simard, le Fonds de solidarité de la FTQ est un partenaire compétent et disponible, un catalyseur qui aide les entreprises à former des syndicats d’investisseurs.
«J’ai appris que quand tu veux devenir un leader mondial, ça prend des partenaires qui envisagent le monde aussi. Et au bureau, chez nous, quand quelque chose fonctionne, on ne va pas jouer dedans», a plaidé celui qui exporte 99% de sa production de composantes de systèmes de télécommunications dans 42 pays.
Chez SSQ Groupe Financier, le président et chef de la direction René Hamel a raconté que sans le Fonds de solidarité, l’entreprise et ses 600 emplois d’alors auraient disparu après la période noire de 1993. D’autres investisseurs se montraient intéressés à relever l’entreprise à l’époque, mais n’en avaient pas la capacité.
«Sans le Fonds de solidarité, je ne vous parlerais pas de notre «success story». On connaît un développement exceptionnel au Québec et au Canada. On a gardé les 600 emplois et on en a créé 1400 autres. Notre chiffre d’affaires est passé de 360 M$ à 3 G$ depuis 1993. On gère des actifs de 11 G$ et on est aujourd’hui un des fleurons de l’industrie financière québécoise et canadienne», a poursuivi M. Hamel.
«Les fonds de travailleurs sont des acteurs de premier plan dans l’écosystème économique québécois et nous sommes inquiets. S’ils sont privés d’une partie de leurs moyens, des entreprises ne naîtront pas et d’autres disparaîtront», a-t-il ajouté.
Un rôle de stabilisateur
Le chef de la direction financière de Coveo, Jean Lavigueur, a souligné que le Fonds de solidarité de la FTQ avait contribué à chacune des trois rondes de financement effectuées depuis 2009, injectant 18% des sommes recueillies. Et même plus, car les Fonds Propulsion et Tandem qui ont aussi contribué à la croissance de Coveo, sont en partie financés par le Fonds de la FTQ.
«En 2009, après la crise, il n’y avait personne pour investir chez nous. Le marché était au plus bas. Dans ces périodes, le Fonds joue un rôle de stabilisateur et en d’autres temps, un rôle complémentaire», a considéré M. Lavigueur.
Du côté de Québecomm, Sylvain-Parent Bédard a témoigné de l’importance des investissements du Fonds de solidarité de la FTQ dans la croissance rapide de l’entreprise de divertissement culturel. En neuf mois, le chiffre d’affaires est passé de 25 M$ à 35 M$. Surtout, l’investissement a permis à Québecomm d’accueillir Madonna sur les plaines d’Abraham en septembre dernier et ainsi de se positionner encore mieux à l’échelle mondiale.
«Le Fonds, ça nous permet de rêver de devenir un leader dans le domaine du divertissement, mais ce rêve est fragilisé par la décision de Jim Flaherty», s’est désolé M. Parent-Bédard, qui pourra aussi attaquer le marché chinois avec son émission d’humour «Lol!» grâce à l’aide du Fonds.
Le président de la Fondation de l’entrepreneurship Alain Aubut a pour sa part affirmé le besoin de garder des fonds de travailleurs solides à l’heure où le Québec doit recruter 38 000 repreneurs d’entreprises pour combler les départs à la retraite.
«Si les fonds de travailleurs régressent, l’accessibilité au financement des entreprises sera très difficile. Cela mettra en péril la culture entrepreneuriale qu’on a tant de mal à bâtir.»
La conférence de presse a été organisée par le Fonds de solidarité de la FTQ, qui avait reçu des appels de la part des entrepreneurs, soucieux d’agir pour appuyer leur partenaire d’affaires. D’autres initiatives auront cours dans les prochains jours à Val d’Or et au Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Le premier vice-président aux investissements du Fonds de solidarité de la FTQ, Gaétan Morin, a précisé que depuis cinq ans, le Fonds avait investi un milliard de dollars dans près de 400 entreprises de la région de Québec, contribuant au maintien de 45 000 emplois. La majorité des investissements sont faits dans des PME.
Il a aussi précisé qu’une étude de SECOR évalue que les gouvernements récupèrent en seulement trois ans les crédits d’impôt accordés aux épargnants. En sauvegardant et en créant des emplois, le Fonds élargit le bassin de contribuables.
«Ce crédit d’impôt est donc un investissement, a expliqué M. Morin. Je pense que le modèle n’a pas été complètement compris par les gens qui ont pris la décision d’abolir le crédit. On est dans la phase où on laisse la voix à nos ambassadeurs pour qu’ils expliquent l’importance du fonds.»