Ubisoft a mis en place un REER collectif au début des années 2000 pour ses jeunes employés, mais ces derniers n'en ont pas vu tout de suite l'utilité. Aujourd'hui, c'est un outil important d'attraction et de rétention du personnel dont Ubisoft ne pourrait se séparer.
Cliquez ici pour consulter le dossier Régimes de retraite
Étonnant mais vrai : à l'heure où de nombreux experts s'accordent pour dire que les jeunes travailleurs n'ont que faire d'épargner pour leur retraite, trop occupés à rembourser leurs dettes d'études ou à construire un foyer, Ubisoft, dont la moyenne d'âge des employés était à l'époque de 25 ans, a mis en place au début des années 2000 un régime de retraite pour ses employés canadiens, au nombre de 3 300 aujourd'hui, dont 3 000 au Québec.
Le taux d'adhésion - inférieur à 50 % à certaines périodes - n'a pas été bon tout de suite... Mais l'entreprise n'a pas lâché le morceau. Elle a organisé des groupes de discussion. Résultat : ce n'était pas son système qui était en cause, mais bien l'âge de ses employés. Aujourd'hui âgés en moyenne de 35 ans, les employés d'Ubisoft commencent à s'intéresser à leur épargne-retraite.
L'entreprise a aussi trouvé un subterfuge pour les inciter à épargner : «Depuis quelques années, on présente avant tout le programme comme une possibilité de bénéficier d'un RAP [Régime d'accession à la propriété] et donc d'épargner pour acheter sa première maison. À leur âge, c'est un argument qui porte : le taux de participation atteint environ 80 %», dit Louis-François Poiré, directeur, rémunération globale, chez le concepteur de jeux vidéo. Le régime a accumulé au total un trésor de 60 millions de dollars.
Même si la moyenne d'âge reste jeune - «personne n'a encore pris sa retraite chez nous», précise Louis-François Poiré -, le régime de retraite est un atout pour l'entreprise. «Ubisoft veut être un employeur distinctif en offrant une large gamme de facilités allant du régime de retraite à la clinique médicale et la salle de gym sur place. On veut toujours être en avance», résume le directeur. Le salaire moyen chez Ubisoft est de 76 000 $.
Cliquez ici pour consulter le dossier Régimes de retraite
Une nécessité, car le marché du travail est très compétitif dans le secteur du jeu vidéo. «Pour l'attraction des talents, l'existence du régime et le fait que l'employeur cotise quand l'employé choisit d'épargner, ça fonctionne bien», constate Louis-François Poiré. L'entreprise se rend également compte qu'il est important d'avoir des employés en bonne santé financière pour obtenir une bonne productivité, ajoute-t-il. Il faut dire que la plupart des concurrents d'Ubisoft offrent également un régime de retraite. Il s'agit donc d'un avantage social de base qui ne pourrait être supprimé sans nuire au positionnement de l'entreprise.
Ubisoft va plus loin en participant à l'éducation financière des employés. Le REER collectif étant dans la même institution financière depuis ses débuts, le conseiller associé vient régulièrement dans l'entreprise pour donner de l'information sur les placements ou pour revoir le profil d'investisseur des travailleurs. Pour rejoindre cette clientèle qui carbure aux réseaux sociaux, il a créé une page Facebook sur laquelle il diffuse des informations financières et de vulgarisation, et qui permet aux employés de communiquer directement avec lui. Une initiative qui a valu au géant du jeu vidéo de remporter un prix de Benefits Canada.
Étant donné leur jeune âge, les employés investissent majoritairement en actions (56 %). Toutefois, les titres et les revenus fixes représentent tout de même 31 %, tandis que les fonds équilibrés récoltent 13 %. Ubisoft et son fournisseur de services planchent actuellement sur un nouveau produit financier évoluant en fonction de l'âge du bénéficiaire. Celui-ci devrait être proposé dès le début de 2015. Le défi : adapter le produit au profil des employés d'Ubisoft, dont 92 % ont de 20 à 40 ans !
76 000 $: Le salaire moyen chez Ubisoft s’élève à 76 000 $.
92 %: Le taux de salariés ayant de 20 à 40 ans est de 92 %.
56 %: Étant donné leur jeune âge, les employés investissent majoritairement en actions (56 %). Toutefois, les titres et les revenus fixes représentent tout de même 31 %, tandis que les fonds équilibrés récoltent 13 %.