L. Jacques Ménard est né à Chicoutimi et a grandi à Montréal. Il est diplômé de l'Université de Western Ontario, du Collège Loyola et du Collège Sainte-Marie, en plus de détenir quatre doctorats honorifiques. Président de BMO Groupe financier, Québec, il siège notamment aux conseils d'administration de WestJet, Claridge, Stingray Digital, des Alouettes de Montréal, l'Orchestre symphonique de Montréal et la Fondation Mobilys. Âgé de 68 ans, il est le père de deux enfants, Anne-Valérie et Louis-Simon.
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En affaires, la persévérance est une vertu capitale. Elle l'est tout autant en ce qui concerne la réussite scolaire. On peut y voir une des raisons qui expliquent l'attachement de L. Jacques Ménard à cette cause à laquelle il est maintenant identifié.
Mais c'est loin d'être la seule qui occupe le président de BMO Groupe financier, Québec. C'est en bonne partie à lui qu'on doit la formidable poussée à l'origine de l'événement «Je vois mtl», qui a fait naître bien des espoirs pour la métropole. Et il était également du groupe qui a travaillé à la naissance d'Oxfam-Québec il y a plus de 40 ans, avec Yvon Deschamps, Raymond Bachand, Pierre Rivard et quelques autres. Entre les deux épisodes, durant toutes ces décennies, il s'est employé à montrer qu'on peut à la fois être financier et homme de coeur ainsi que de conviction.
«On a souvent tendance à stéréotyper les gens, à les identifier à leur métier. Je ne vois aucune opposition, moi, entre mon rôle de banquier et mon engagement social, les deux se rejoignent, dit-il. En fait, mieux vaut définir son métier que de se laisser définir par lui. Je me suis toujours vu comme un humaniste.»
Et de citer d'autres personnalités qui ont aussi fait éclater le cadre dans lequel on aurait pu les confiner. «Luc Plamondon a usé de son influence pour défendre le principe des droits d'auteur et militer en leur faveur. Céline Dion a fait de même à l'égard de l'Hôpital Sainte- Justine et des soins aux enfants.» Oui, les artistes, paraît-il, en ont l'habitude. «Et pourquoi pas les financiers ? Tout est question de perception populaire», ajoute-t-il.
C'est justement une question de perception qui a amené Gabriel Bran Lopez à citer, lors d'une entrevue à la radio, le rapport du Groupe de travail sur la persévérance et la réussite scolaires, présidé par Jacques Ménard, et intitulé «Au-delà des chiffres... une affaire de coeur». Il venait tout juste de créer Fusion Jeunesse, un organisme qui travaille précisément à contrer le décrochage scolaire en milieu défavorisé, et il cherchait des appuis.
Mis au courant de son intervention, Jacques Ménard l'invite spontanément à ses bureaux. Gabriel Bran Lopez formule deux demandes. Il a besoin d'un président pour son conseil d'administration. Malgré toutes ses charges, son interlocuteur accepte. Mais Fusion Jeunesse a aussi besoin de bureaux. On lui en trouve un au deuxième étage d'une succursale de la BMO, rue Saint-Hubert. Loyer : un dollar par année.
C'était il y a cinq ans. Jacques Ménard préside toujours son CA. Les bureaux sont toujours là, même s'ils se font petits : l'organisme compte maintenant 20 employés permanents et 166 autres sur le terrain, des étudiants ou des diplômés universitaires qui travaillent dans des écoles primaires et secondaires aux quatre coins du Québec, y compris dans le Grand Nord.
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«M. Ménard est un véritable visionnaire, ajoute Gabriel Bran Lopez. Il a cru en moi et dans l'organisme, alors que nous en étions encore au tout début. Et il a continué, me mettant en contact, par exemple, avec Laurent Beaudoin pour nous permettre de déployer un programme de robotique dans les écoles - et les jeunes aiment évidemment ça ! Il n'a pas son pareil pour ouvrir les portes.»
Les demandes affluent sans cesse. En avril 2013, par exemple, l'homme d'affaires de 68 ans a accepté sans se faire prier d'être le porte-parole de la journée thématique «Parlons d'argent avec nos enfants», organisée pour la première fois au Québec par la Fondation canadienne d'éducation économique. L'organisme à but non lucratif travaille à promouvoir la littératie financière. Le lien avec les préoccupations sociales de Jacques Ménard paraissait tout naturel, lui qui a répété plusieurs fois durant cette journée qu'il importe que les jeunes en arrivent à faire la distinction entre les désirs et les besoins, pour devenir éventuellement des consommateurs responsables.
«Ça aide beaucoup d'avoir quelqu'un de la stature de Jacques Ménard, occupé comme il peut l'être, pour épouser une cause. Et il a bien pris le temps de participer aux rencontres et aux activités liées à cette journée», commente Olier Caron, président du ca de l'organisme.
Cet intérêt marqué pour la littératie et la persévérance scolaire est loin d'être exclusif. Dans les faits, son action ratisse large, du sport - on se rappellera notamment son engagement envers les Expos - à la santé - pour l'Hôpital Sainte-Justine, par exemple -, en passant par la culture. Il a aidé au redressement des Grands Ballets canadiens, qui ont un jour frôlé la faillite, et il agit comme trésorier de l'Orchestre symphonique de Montréal depuis cinq ans. «Ce sont là d'autres situations où je me suis dit que mon influence pouvait être utile, et je m'en suis servi», souligne-t-il.
Persévérance pour persévérance, il insiste pour mentionner la présence constante à ses côtés de sa conjointe de toujours, Marie-Josée, sa «complice», comme il l'appelle, parce qu'il faut de la complicité pour vivre avec une telle dynamo aux mandats si éclatés...
Et sans lui faire jouer les prédicateurs, quel serait le message qu'il souhaiterait transmettre aux plus jeunes ? «Apprenez à regarder le monde non seulement avec vos yeux, mais aussi votre coeur. Et si vous le pouvez, inspirez les autres, en reconnaissant que la vanité serait de croire qu'on peut réussir tout seul.»