" Cette année sera la bonne ", affirme Maud Cohen, présidente de l'Ordre des ingénieurs du Québec, fondé il y a 90 ans.
Aujourd'hui, l'Ordre encadre la pratique de 58 000 professionnels du génie au Québec, mais sa loi constitutive, modifiée à plusieurs reprises, n'a pas été revue en profondeur depuis les années de la Révolution tranquille... bien avant l'apparition des ordinateurs et des logiciels de conception et bien avant l'émergence des enjeux liés au développement durable.
L'Ordre des ingénieurs espère que l'Assemblée nationale sera saisie d'un projet de loi avant la fin de 2010 et qu'elle l'adoptera avant l'été 2011. L'organisme y travaille depuis 1994.
En 1999, le projet de refonte de l'Ordre des ingénieurs étendait le champ de pratique à un grand nombre d'ouvrages, d'installations, de systèmes et de procédés, et dressait une longue liste des actes exclusifs. Le projet n'a pas franchi l'étape de la commission parlementaire, dans le cadre de laquelle s'étaient opposés unanimement les représentants de l'industrie manufacturière, de la construction et des professions des sciences appliquées.
Depuis, l'Office des professions a entreprise un long processus d'examen et de refonte de l'encadrement du domaine des sciences appliquées et des technologies touchant plusieurs ordres professionnels : architectes, agronomes, géologues, chimistes, ingénieurs forestiers, ingénieurs et technologues professionnels.
Objectif de cette démarche : moderniser l'encadrement des professions des sciences appliquées tout en permettant aux technologues professionnels reconnus d'exercer sous supervision certains actes réservés." Si cette démarche ne fonctionne pas cette fois, alors on ne voit pas quand elle aboutira ", indique Maud Cohen. La présidente souhaite obtenir le consensus le plus large possible, mais elle ne s'attend pas à ce que la modernisation du cadre professionnel des sciences appliquées et des technologies fasse l'unanimité. " Certains aspects ne plairont pas à tous, convient-elle.
Toutefois, les orientations retenues satisfont une plus grande majorité que celles que nous avions proposées. Dans l'ensemble, le projet devrait être bien reçu. "
Crime de lèse-profession
La configuration des champs de pratique devrait être assez large dans certaines activités pour que des professionnels des autres ordres puissent y travailler sans commettre un crime de lèse-profession. " La gestion de projet pourrait être confiée à d'autres personnes que des ingénieurs, et nous n'empêcherons pas d'autres professionnels d'y travailler.
Cependant, il faut faire en sorte que nos ingénieurs diplômés en génie informatique ou en génie mécanique, qui travaillent en gestion de projet, puissent se référer à la Loi des ingénieurs. "
En génie civil, la refonte de la loi devrait aussi renforcer le rôle des ingénieurs en matière de surveillance des travaux, à la lumière des conclusions des enquêtes sur l'effondrement des viaducs du Souvenir, en 2000, et de la Concorde, en 2006, à Laval.