Dans toute entreprise, il y a un organigramme officiel. Mais souvent, il y en a aussi un autre. Affiché nulle part, cet organigramme évolue au gré des influences. Pour grimper dans une organisation, il faut en comprendre toutes les ramifications, tant formelles qu'informelles. Quelles personnes détiennent les clés qui nous feront avancer ? De quelle façon pouvons-nous développer avec elles des relations à la fois saines et profitables ?
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Tabou, le sens politique ? Oh oui ! Pourtant, tout le monde s'entend pour dire que développer son sens politique n'est pas une option mais une obligation lorsqu'on est ambitieux. «C'est ce qui permet de comprendre l'environnement et le contexte dans lequel on souhaite progresser», résume Gisèle Casavant, vice-présidente de Stratégies JLB.
Plutôt que de considérer le sens politique comme quelque chose de négatif, voire de malsain, nous gagnerions à l'envisager comme une clé pour nous associer aux bonnes personnes et aller chercher de l'aide.
«N'oubliez pas que ce sont des êtres humains qui font une organisation. Il faut les comprendre !» souligne Mme Casavant. Quelle est la motivation de notre vis-à-vis ? Que recherche-t-il ? Que souhaite-t-il conserver à tout prix ? Le sens politique est la capacité à reconnaître les intérêts personnels de chacun et à les gérer vers les intérêts collectifs, explique Mme Casavant.
Cartographier l'informel
Mais ça ne s'arrête pas là. En plus de comprendre les motivations de nos patrons, employés et autres collègues, il faut décoder les liens qui les unissent et le pouvoir d'influence des uns sur les autres. Ce qui n'est pas donné à tout le monde.
«Beaucoup de gestionnaires viennent en coaching pour mieux comprendre et maîtriser les réseaux informels», confirme Julie Carignan, psychologue et associée chez SPB Psychologie organisationnelle. Rebutés par le flou qui entoure les coulisses de leur organisation, plusieurs en font abstraction longtemps... jusqu'à ce que ça les bloque dans la progression de leur carrière. «Ça dépend bien sûr des environnements. Il y a des milieux où c'est plus important que d'autres», précise la psychologue.
Heureusement, il est toujours possible de se discipliner à porter davantage attention aux réseaux informels. Que ce soit pendant les réunions d'équipe, les rencontres individuelles ou les interactions impromptues, nous devrions toujours déployer nos antennes, lire entre les lignes et observer le non-verbal. Qui s'associe à qui ? Qui a de l'influence ? Quelle est l'importance de chacun ? Sa visibilité ?
Pour dégager une vue d'ensemble de nos observations, plusieurs coachs suggèrent de dresser une «cartographie de l'informel». «Ça aide à voir qui peut nous aider et à quoi faire attention», dit Alain Massie, directeur des opérations chez IC Formation. En connaissant l'historique d'échec d'un collègue, par exemple, on ajustera notre attitude afin d'éviter de le heurter.
Solliciter des appuis
Il reste que plusieurs réunions déterminantes se déroulent... en notre absence ! Comment s'assurer que notre nom soit proposé quand ça compte ? En se trouvant un parrain.
À la différence d'un mentor, qui donne des conseils et discute avec nous, un parrain pose des actions concrètes pour propulser notre carrière. «C'est quelqu'un qui va parler de vous en réunion lorsque la direction détermine les leaders pour des promotions», dit Coleen MacKinnon, directrice régionale, Québec et provinces de l'Atlantique, chez Catalyst Canada. Cette personne doit donc oeuvrer à un niveau hiérarchique élevé.
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Solliciter ce genre d'appui demande une bonne dose de courage, sachant qu'un parrain endosse la carrière de ses protégés et accepte de prendre des risques pour eux. Il faut être à la fois direct et bien préparé lorsqu'on fait cette démarche.
Les dirigeants d'expérience accueillent étonnamment bien ce genre de demande, mais ils tiennent à préserver leur crédibilité. Un parrain potentiel souhaitera donc connaître notre plan de carrière, nos réalisations et nos attentes. Il jaugera également le sérieux de notre démarche, question d'éviter que nous lui fassions faux bond au dernier moment.
Malheureusement, plusieurs personnes, particulièrement les femmes, hésitent encore à entamer ce genre de discussion. «En règle générale, les femmes ont plus de mentors que les hommes, mais moins de parrains», souligne Coleen MacKinnon. Heureusement, certaines entreprises commencent à mettre en place des structures pour les y encourager.
Ce qui est une bonne chose, puisqu'il est difficile de passer outre au volet informel des organisations. Qu'on le veuille ou non, qu'on soit un homme ou une femme, les coulisses sont là pour rester. «On ne nous enseigne pas ça à l'école, mais il y a de la politique organisationnelle partout», dit Gisèle Casavant, de Stratégies JLB. Mieux vaut donc développer de solides capacités relationnelles et stratégiques. «Observez, situez-vous dans votre environnement, puis agissez», résume-t-elle.
Pour passer à l'action
- Dresser le tableau de bord de votre carrière. Quel poste souhaitez-vous obtenir ? Quel est le parcours pour y arriver ? De quoi et de qui avez-vous besoin ?
- Élargissez votre réseau, y compris à l'intérieur de l'organisation. À compétences égales, le candidat le plus crédible et le plus visible aura plus de chances de décrocher la promotion.
- Repérer les acteurs importants dans l'entreprise. Quel type de pouvoir ont-ils ? Qu'est-ce qui est important pour eux ?
- Cernez votre style politique et celui des autres. Certaines personnes sont plus axées sur les idées, d'autres sur les gens. L'idéal est de pouvoir passer d'un style à l'autre selon les besoins.
- Répertorier vos appuis. Tentez ensuite de convertir les personnes neutres en partisans.
- Demandez à quelqu'un dont vous reconnaissez les habiletés politiques de vous aider à les développer. Choisissez un mentor d'expérience, qui partagera avec vous ses réussites, mais aussi ses échecs.
- Lisez des classiques comme Survival of the Savvy : High-Integrity Political Tactics for Career and Company Success de Rick Brandon et Marty Seldman.
Merci à Alain Massie, directeur des opérations chez IC Formation
L'ambition
Série 3 de 4. Se fixer des objectifs et se donner les moyens de concrétiser ses ambitions est plus facile à dire qu'à faire. Cette série vous donnera des outils pour passer à l'action.