Comment faire quand on est petit, qu’on dispose de peu de moyens et qu’on veut faire son nid dans un marché hyper compétitif ? Créer quelque chose qui n’existe pas ! C’est ce qu’ont réussi les fondateurs de Colarome, Robin Côté et François Cormier.
Cette PME d’une douzaine d’employés installée à Saint-Hubert a mis au point une technologie prometteuse dans le marché des colorants alimentaires naturels. Le procédé permet de fabriquer une nouvelle génération de colorants naturels non solubles dans l’eau ou dans l’huile.
La technologie consiste à créer une sorte de matière plastique naturelle en agglomérant des colorants extraits de végétaux avec des protéines de riz. Le nouveau matériau ainsi obtenu peut être utilisé pour enrober de belles couleurs des bonbons ou des médicaments, par exemple, un résultat qu’on ne pouvait obtenir auparavant qu’avec des produits chimiques.
Vivre de ses autres produits
La gamme des Vivapigments de Colarome ouvre la porte à une foule de nouvelles applications. L’invention a un bel avenir devant elle, car les colorants naturels sont une tendance lourde dans le marché de l’alimentation, notamment en Europe, qui a commencé à changer sa réglementation en la matière, précise Robin Côté, fondateur de Colarome.
« La principale difficulté à surmonter, lorsqu’on se lance dans une telle démarche, est le délai, souvent très long, entre le début du développement du nouveau produit et sa mise en marché », souligne-t-il. L’entreprise a consacré près de cinq ans en R-D et près de deux millions de dollars dans l’aventure.
Pour continuer à exister pendant cette période, elle a vécu des revenus de ses autres produits, des colorants naturels très performants, notamment un super colorant à base de chou rouge développé en collaboration avec le Centre de recherche et de développement sur les aliments de Saint-Hyacinthe.
L’entreprise crée également des arômes artificiels que l’on retrouve entre autres dans les boissons énergisantes et les yogourts.
S’entourer de partenaires
La technologie conçue par Robin Coté et son équipe a beau avoir un potentiel mondial, elle a aussi un gros défaut : elle est peu connue ! « C’est un des grands défis quand on arrive avec quelque chose de complètement nouveau. Certains clients sont plus ouverts à l’innovation que d’autres. Il y a une éducation à faire et beaucoup de travail pour les convaincre de la performance du produit. »
Le manque de moyens pour innover, s’il oblige à faire preuve de créativité, peut également mettre en péril la survie de l’entreprise, en freinant sa compétitivité. Si c’était à refaire, M. Côté se donnerait davantage de moyens pour mieux gérer le risque technologique lié au projet de R-D en ouvrant son capital afin de pouvoir compter sur des partenaires financiers pour réaliser les projets plus rapidement.