Le débat fait rage, plusieurs économistes s'attendent à ce que la Banque du Canada laisse son principal taux inchangé, mardi, mais certains prônent une hausse du taux directeur pour freiner l’endettement très élevé des Canadiens .
L'inflation anémique, la faible confiance des consommateurs, la vigueur du dollar ainsi que les dernières données déprimantes sur l'emploi pourraient inciter le gouverneur Mark Carney à mettre fin à la série de hausses du taux directeur amorcée en juin.
Le directeur des instruments de dettes chez BMO Nesbitt, Guy Phaneuf, prédit que celui-ci demeurera inchangé à un pour cent.
Guy Phaneuf reconnaît qu'il y a deux écoles de pensées à ce sujet. Mais selon lui, en raison des incertitudes économiques dans le monde - notamment aux États-Unis - la banque centrale va tout simplement attendre avant de bouger.
Et si changement il y a, ce ne sera pas avant le mois de janvier, soutient M. Phaneuf puisqu'il est rare de voir les taux d'intérêts fluctuer à l'approche de Noël, période de l'année où les consommateurs et les fabricants sont sensibles aux changements.
M. Phaneuf explique toutefois que la force du dollar canadien expliquerait en partie la décision de la Banque du Canada de garder son taux inchangé. Puisque lorsque le huard grimpe, cela représente un resserrement du crédit qui affecte l'économie. Cette situation combinée aux signes de ralentissement observés au Canada motiverait la décision de M. Carney, dit le spécialiste.
Même son de cloche pour l'économiste Douglas Porter de chez BMO, est de ceux qui croient que le maintient du taux directeur à 1 pour cent serait sage dans le contexte actuel.
"Depuis que la Banque a haussé son taux, le 8 septembre, on a eu toute une série de données déprimantes sur le Canada", a-t-il fait valoir dans une note publiée la semaine dernière.
Il y a d'abord eu les 6600 pertes d'emplois enregistrées par Statistique Canada en septembre, puis l'envolée du huard qui flirte avec la parité et nuit aux exportateurs. M. Porter s'attend désormais à ce que la croissance du PIB soit d'à peine 1,5 pour cent, soit 1 pour cent de moins que ses plus récentes prévisions.
"Dans un tel environnement, nous pensons qu'il est très peu probable que la Banque augmente ses taux mardi ou dans un avenir rapproché", a-t-il insisté.
Freiner les dépensiers ?
M. Carney doit cependant prendre en considération le niveau d'endettement très élevé des Canadiens qui profitent des faibles taux d'intérêt pour dépenser comme jamais.
D'après certains observateurs, dont le Conference Board du Canada, une légère hausse du loyer de l'argent pourrait contribuer à en assagir quelques-uns et peut-être à prévenir une nouvelle crise.
La semaine dernière, un comité d'économistes de l'Institut C.D. Howe, a d’ailleurs fait une recommandation afin que le gouverneur de la Banque du Canada, Marc Carney, établisse le taux à 1,25 pour cent.
Le taux cible de la Banque du Canada est actuellement de 1 pour cent. Il a été maintenu à 0,25 pour cent pendant 14 mois, au cours de la crise économique.
Selon la Presse Canadienne.